Les résidents hospitaliers universitaires de l'ensemble des régions universitaires du pays sont en grève depuis plus d'un mois environ. Leur mouvement est programmé chaque lundi et mardi devant le siège de la direction générale de l'établissement hospitalier universitaire de leur lieu de travail. Par cette grève que nul syndicat n'a provoquée ou annoncée, les résidents veulent imposer leurs revendications aux plus hautes autorités du pays. Ce mouvement qui persiste toujours, n'a pas entraîné de réaction officielle à quelque niveau que ce soit. Il y a cependant, celle des professeurs chefs de service, maîtres-assistants, cadres et agents paramédicaux hospitaliers-universitaires. Interrogés, nombre de ces derniers ont totalement désavoué leurs disciples en condamnant unanimement le débrayage. Un désaveu qui, selon eux, se justifie par des revendications insensées telles que la réduction de la période du service civil actuellement limitée à une année et le renforcement des moyens et équipements médicaux. En fait, les résidents grévistes sont réellement loin des revendications qui auraient pu leur attirer l'appui de leurs aînés à l'image d'une, parmi d'autres, propositions pertinentes exprimées dans le cadre des réformes engagées dans le secteur. C'est dire que les revendications en question ne peuvent permettre l'ouverture d'un quelconque dialogue et mettre fin au mouvement de débrayage. Les citoyens, quant à eux, ont estimé que la grève nationale des résidents qui se poursuit chaque lundi et mardi depuis un mois dans tous les Centres hospitaliers Universitaires (CHU), n'a pas lieu d'être. Tous argumentent les revendications exprimées par les grévistes qui, selon eux, ne tiennent pas la route. D'autres de nos interlocuteurs ont estimé qu'il y a eu dans le secteur de la santé en général et dans celui des CHU en particulier, trop de privilèges. Les uns et les autres n'ont pas hésité à qualifier les résidents grévistes «d'enfants gâtés dont les résultats au concours de résidanat reste à confirmer pour la majorité. Ils veulent imposer leur médiocrité par le chantage à la grève en perturbant la formation de leurs paires. Plier à cet odieux chantage c'est entraîner vers le fond le niveau des praticiens universitaires algériens» ont indiqué plusieurs professeurs et maîtres-assistants contactés. De leur côté, les résidents grévistes avancent des arguments qu'ils qualifient de solides et légitimes. Ils citent les trois plus importantes à savoir : la réduction pour les uns, la suppression pour les autres du service civil, la sécurité sur les lieux de travail, une plus grande disponibilité des équipements médicaux pour permettre aux résidents d'accomplir leur mission convenablement. Il reste que ce mouvement d'envergure nationale a été déclenché sans un quelconque mot d'ordre apparent. Il perdure depuis plus d'un mois. L'intransigeance du ministère de tutelle qui a rejeté toutes les revendications des grévistes a été approuvée par les praticiens en poste. Certains ont même pointé du doigt la faiblesse des décideurs mis face à des situations similaires. «Le niveau professionnel de nos praticiens est de plus en plus mauvais. Se soumettre aux revendications des résidents, implique la condamnation des générations futures à la médiocrité de la pratique médicale. En fait, ce qu'ils veulent c'est en finir avec le travail dans le cadre du service civil dans les wilayas du Sud. Au nord, ils travaillent à peine 2 heures avant de partir s'amuser» a affirmé un père de famille. Avec son épouse, ils s'étaient déplacés d'une wilaya lointaine pour se présenter à la clinique pédiatrique St Thérèse Annaba pour des soins d'urgence à prodiguer à un de leurs enfants en bas âge. Cette grève des résidents perturbe quelque peu les activités des différents services au niveau des CHU. Même si les chefs de service et maître assistants tentent de faire face à la demande de soins des citoyens, il n'en demeure pas moins que la présence des médecins résidents relève d'une nécessité. Particulièrement dans le domaine de la première démarche de prise en charge des malades et de leur orientation médicale. Il faut dire que faute d'une formation adaptée, des résidents commettent souvent des erreurs de diagnostic. D'autres, même pour un bobo à l'origine d'une petite fièvre, préfèrent orienter leurs patients vers les laboratoires d'analyses aux prix exorbitants.