Au cours de l'année 2018, grâce au système de blocage des importations lancé par le gouvernement afin de remédier à la crise économique qui touche le pays, depuis la chute des cours pétroliers, l'Algérie pourra économiser jusqu'à 1,5 milliard de dollars, selon les déclarations faites hier, par le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi. La loi de Finances 2018, qui est entrée en vigueur depuis le début de l'année en cours, a apporté plusieurs mécanismes pour tenter, selon le gouvernement, de sauver l'économie algérienne, parmi ces mesures, on cite la suspension à l'importation de 851 produits. Dans une interview accordée, hier, à l'APS, le ministre du Commerce explique que sa tutelle espère de gagner «1,5 milliards de dollars sur une année grâce à la suspension à l'importation de ces produits». Ces derniers comprennent 400 produits industriels dont l'importation avait coûté 1 milliard de dollars en 2016, et 451 produits agricoles et agro-alimentaires. Cette mesure a fait réagir beaucoup d'investisseurs dans ce domaine qui n'étaient pas du tout satisfaits de cette prise de décision du gouvernement, qui selon eux, «entravait leur champ d'activité». A ce sujet, Benmeradi a réagi, en confirmant que ces opérateurs ont le droit de s'inquiéter, mais, a-t-il expliqué, «ils doivent savoir que le but est de le protéger». Dans ce contexte, il a justifié que «ceux qui sont en train de contester cette mesure sont ceux qui activent dans des filières que nous avons totalement protégées puisque nous avons interdit l'importation du produit fini. Donc déjà, nous leur avons offert un marché sur un plateau», a-t-il estimé. Cette contrainte à laquelle font face les importateurs, est liée selon le ministre «au fait qu'ils ignorent ce qui est produit dans le pays ou pour des objectifs inavoués, préfèrent importer les intrants alors qu'un certain nombre est produit localement». Il a ajouté, dans ce sens, que «plusieurs opérateurs ont réalisé des investissements mais sont restés dans l'aval de l'activité et ne remontent pas en amont pour développer les intrants locaux à quelques très rares exceptions». Comme exemple pour détailler cette situation, il a cité le cas des premières conserveries de tomates, «ces premiers investisseurs ont construit des usines pour la transformation de tomates mais ramenaient le concentré de tomates de Turquie et ne faisaient donc que de la mise en boîte». Malgré cela, a souligné le ministre, «nombreux sont ceux qui ont commencé à remonter en amont en travaillant étroitement avec les agriculteurs». En outre, il a signalé le cas de la filière boissons, indiquant que les producteurs locaux utilisent l'eau comme seul intrant local et considèrent le sucre comme produit national par le seul fait qu'il soit raffiné localement, tandis que le reste des intrants est importé de l'étranger y compris les arômes et les purées de fruits qui sont, pourtant, fabriqués localement». Un rapport pour définir les raisons du déficit de 11 mds Durant l'année 2017, un déficit de 11 milliards de dollars a été enregistré au commerce extérieur, cette situation et ses raisons seront bientôt définies dans un rapport qui va évaluer l'économie nationale en remontant jusqu'au début des années 2000, a déclaré le ministre. «Nous sommes en train de préparer un rapport pour le gouvernement sur la situation du commerce extérieur de 2017, dans lequel nous allons expliquer pourquoi un déficit de plus de 11 milliards de dollars a été enregistré et pourquoi les importations n'ont pas baissé suffisamment». Cela sera pour une première, a confirmé Benmeradi, «nous allons faire une évaluation sur le long terme à partir de l'année 2000 et étudier ce qui s'est passé dans l'économie nationale. Nous allons étudier les raisons qui ont fait que la part de l'économie nationale dans la couverture de la demande nationale n'a fait que baisser». Sur ce volet, il a observé que «lorsque le pays exporte 4 produits industriels, il en importe 100, ainsi, on va droit au mur», a-t-il estimé. Interrogé sur la difficulté d'endiguer les importations en dépit des différentes mesures prises durant ces toutes dernières années, le ministre a souligné qu'elles sont nombreuses dont le système de subventions indirectes et involontaires des importations.