Après trois ans de conflit et de combats contre le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (Daech), l'Irak a achevé sa guerre en décembre dernier et se penche actuellement vers la reconstruction de ses infrastructures de bases malgré que l'opération s'annonce «longue et difficile». L'Irak, deuxième producteur de pétrole de l'Opep, cherche à récolter 88 milliards de dollars pour se reconstruire, «un chantier titanesque» entamé lundi avec l'ouverture d'une conférence internationale à Koweït. Pendant trois jours, des centaines de responsables politiques, d'ONG et d'hommes d'affaires sont attendus à cette conférence. Baghdad mise notamment sur le secteur privé pour lever des fonds au plus vite, alors que des milliers d'habitations sont détruites et plus de 2,5 millions de personnes déplacées. Des agences onusiennes insistent sur l'urgence d'une aide Trois agences de l'ONU ont insisté lundi sur l'urgence de l'aide à la population irakienne après la guerre contre le groupe Daech. «Pour le Haut Commissariat de l'ONU pour les Réfugiés (HCR), cette conférence doit être l'occasion de réaffirmer l'importance du retour volontaire, durable et en sécurité des déplacés irakiens et de lever les fonds pour aider le gouvernement irakien à réaliser cet objectif», a affirmé dans un communiqué Bruno Geddo, son représentant en Irak. Selon lui, «si les combats à grande échelle sont terminés (...) les stigmates demeurent dans tout le pays: les villes ont été durement endommagées, les communautés ont été disséminées et une génération d'enfants risque d'être perdue». Si 3,3 millions d'habitants sont rentrés chez eux, près de 2,6 millions de personnes sont toujours déplacées. «Le retour durable est le facteur majeur pour rétablir la paix et la stabilité. Mais cela ne se limite pas à des briques et du ciment. Reconstruire et restaurer les communautés d'habitants sont un effort complexe qui passe par déminer, réparer les infrastructures et favoriser la cohésion sociale», a noté M. Geddo. «Nous avons une responsabilité collective à continuer à soutenir les Irakiens à ce stade crucial», a-t-il insisté. Pour sa part, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé la communauté internationale à «investir dans le secteur de la santé qui est dévasté». «La crise a causé une détresse psychologique incroyable chez des millions de personnes, laissé des dizaines de milliers d'Irakiens grièvement blessés, perturbé les campagnes de vaccinations de millions d'enfants et réduit les services de gynécologie», a ajouté M. Musani. De son côté, l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) a estimé que 40% de la production agricole avait été perdue au cours des quatre dernières années en raison du contrôle par l'EI de vastes territoires et de la violence qui a poussé les gens à abandonner leurs fermes et détruit ou endommagé les récoltes. Or 12 millions d'Irakiens, soit un tiers de la population, réside dans des zones rurales et dépendent de l'agriculture. Le représentant de la FAO en Irak, Fadel El Zubi, a appelé à «un fonds d'urgence pour aider 1,6 million de personnes dans ce secteur» agricole. La priorité est, selon lui, la réhabilitation du système d'irrigation, du traitement des eaux et des stations de pompage, ainsi que la remise en état des lieux de stockage et la prévention des maladies touchant l'agriculture et le bétail. L'Unicef et ONU-Habitat ont pour leur part appelé à des investissements urgents pour restaurer les infrastructures et les services de base à destination des familles irakiennes. «La violence (...) a détruit la vie de millions de personnes, laissant un enfant sur quatre dans la pauvreté», ont-elles insisté, alors que la moitié des écoles ont besoin de réparations et que plus de 3 millions d'enfants ont vu leur éducation interrompue.