L'assaut est, cette fois- ci, minutieusement préparé pour se donner les meilleures chances de réussite et surtout d'efficacité. Pour ce faire, le Premier ministre irakien a précisé que seules l'armée et la police entreraient dans la ville, alors que d'autres forces participent à l'offensive préparée depuis des semaines. Car, dans la bataille de Mossoul, dernier bastion du groupe terroriste Daech dans le pays, qu'elle occupe depuis juin 2014, des acteurs nationaux et internationaux interviennent. L'opération a suscité une grande mobilisation de l'armée et de la police irakiennes aux côtés de combattants irakiens et internationaux et des forces de sécurité de la région autonome du Kurdistan irakien. L'armée irakienne est, d'ailleurs, décidée à jouer un rôle important dans toute offensive contre le groupe Daech. Le gouvernement irakien insiste pour que ce soit ses hommes qui mènent l'assaut contre le groupe Daech à Mossoul alors que le président turc a affirmé hier qu'il est hors de question pour la Turquie de rester en dehors de l'opération. Le Premier ministre irakien, Haïdar Al-Abadi, a annoncé, dans la nuit de dimanche à lundi, à la télévision nationale le début de l'offensive sur Mossoul. « Le temps de la victoire est venu et les opérations pour libérer Mossoul ont commencé », a déclaré le chef du gouvernement. S'adressant aux habitants de la région, il a fait part du début des opérations victorieuses pour libérer les habitants de Mossoul de la violence et du terrorisme de Daech. Soutenue par la coalition dirigée par les Etats- Unis, cette offensive est considérée comme la plus grande bataille en Irak depuis l'invasion du pays par les troupes américaines en 2003. La coalition est prête à soutenir l'Irak « dans le difficile combat qui s'annon- ce », a déclaré pour sa part le secrétaire à la Défense des Etats-Unis, Ashton Carter, saluant « un moment décisif dans la campagne pour infliger à Daech une défaite durable ». Moscou espère voir l'offensive parvenir à son objectif. Le président russe, Vladimir Poutine, s'attend à ce que les Etats-Unis et ses alliés fassent de leur mieux pour éviter toute victime civile lors de la bataille. Mais la mission s'avère des plus difficiles étant donné la densité de la population de cette ville qui compte plus de 1,5 million d'habitants contre plus de deux millions auparavant. C'est ce qui explique les craintes de la communauté internationale, sur la situation humanitaire. L'ONU craint le pire. La bataille pourrait déclencher une crise humanitaire sans précédent, susceptible de faire fuir et jeter sur les routes des centaines de milliers de civils à l'approche de l'hiver. « Je suis extrêmement préoccupé pour la sécurité de quelque 1,5 million de personnes vivant à Mossoul, qui pourraient être touchées par les opérations militaires pour reprendre la ville au groupe terroriste », a prévenu Stephen O'Brien, secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires humanitaires et l'aide d'urgence. « Les familles sont exposées à un risque extrême d'être prises entre deux feux ou prises pour cibles par des snipers », a-t-il dit. La coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak, Lise Grande, a , de son côté, exprimé son inquiétude quant aux conséquences de cette opération militaire. « Il existe une règle informelle selon laquelle aucune institution ne peut faire face à un mouvement de population de plus de 150 000 personnes à la fois ». Des propos qui confirment la complexité de la mission des forces en présence devant les fortes attentes de la population.