La lutte contre la migration clandestine, la haraga, est l'affaire de toute la société et pas celle des pouvoirs publics seulement. C'est le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, qui l'a affirmé avant-hier, à Alger lors d'une séance plénière du Conseil de la nation, consacrée aux questions orales. La responsabilité est partagée, a-t-il expliqué. «Sans écarter la responsabilité et le rôle clé des autorités publiques dans la lutte contre ce fléau, la famille a un rôle important à jouer, tout comme l'université, la mosquée et l'école qui sont responsables d'immuniser et de prémunir la société contre ce risque», a ajouté le ministre qui a révélé l'existence de «réseaux criminels activant via les réseaux sociaux qu'incitent les jeunes à quitter le pays en contrepartie de sommes importantes, à bord d'embarcations». Il a fait savoir que «les services de sécurité ont réussi, dans le cadre des mesures prises pour faire face à ce phénomène, à arrêter les personnes impliquées dans cette affaire, avant de les présenter à la justice». Les pouvoirs publics font leur travail à travers notamment, le renforcement du contrôle des locaux de vente d'équipements de navigation et des chantiers de construction de bateaux et d'embarcations. Noureddine Bedoui a fait remarquer que parallèlement aux mesures coercitives, les pouvoirs publics «œuvrent de concours avec la société civile à l'intensification des campagnes de sensibilisation aux dangers de ce phénomène et à l'explication des mesures prises par l'Etat pour améliorer la prise en charge des préoccupations des jeunes, notamment, en matière d'emploi et de logement», a ajouté le ministre. Les campagnes de sensibilisation atteignent leur but selon le ministre qui a dit que «ces mesures incitatives ont permis d'obtenir des résultats positifs», qui se sont traduits par un «recul sensible ces derniers temps du nombre de tentatives à la migration clandestine». Noureddine Bedoui a annoncé d'autres mesures que le gouvernement s'attèle à mettre en œuvre dans la lutte contre ce phénomène. Récemment, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa a eu déjà à affirmer que la lutte contre le phénomène de l'immigration clandestine était de «la responsabilité de tout un chacun», en précisant que la sensibilisation des jeunes exige la conjugaison des efforts de tous et ne se limite pas au rôle des imams. C'était dans une déclaration à la presse en marge d'une séance plénière à l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales adressées à des membres du gouvernement. Il avait fait savoir à cette occasion que «le Haut conseil islamique, la plus haute instance d'El Iftaa en Algérie, a décrété le caractère illicite de ce phénomène et que les imams accomplissent, pour leur part, leur rôle au niveau des mosquées à travers les prêches de sensibilisation et des rencontres avec les jeunes à l'étranger pour leur redonner espoir et les exhorter à retourner au pays». Pour lui, les jeunes candidats à l'immigration clandestine, sont «des victimes pour plusieurs facteurs, dont l'impact négatif des réseaux sociaux et d'un certains discours politicien sur leur morale», et sont également «victimes d'une absence de communication avec les autorités locales de leurs régions de résidence». Il a prôné le dialogue pour sensibiliser les jeunes et les amener à compter sur eux mêmes, en tirant profit des aides et mécanismes que leur accorde l'Etat. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a également évoqué cette question de la migration clandestine, le mois dernier, à l'ouverture de la 14ème conférence des ministres des Affaires étrangères du Dialogue (5+5), tenue à Alger, en appelant, à intégrer les dimensions de sécurité et de développement dans «une approche globale» face au phénomène migratoire qui se pose dans la région méditerranéenne. «Notre région fait face au phénomène migratoire, une question fondamentalement humaine, qui appelle une approche globale, intégrant les dimensions de sécurité pour éradiquer les réseaux criminels liés à la traite humaine, de développement pour lutter contre les causes économiques et sociales et le respect de la dignité humaine en conformité avec les droits humains et les conventions internationales et régionales y afférents», avait-t-il affirmé.