Rahouaja Boudjemaâ demeure un exemple de la femme algérienne courageuse et libre, qui a préféré se sacrifier plutôt que trahir ceux qui combattent pour l'émancipation et l'indépendance de sa patrie. Née le 13 janvier 1939 à Medjaz Dechiche (Sud de Skikda), Rahouaja, qui en dépit de son ignorance n'ayant pu accéder à l'instruction sous l'occupation à l'instar d'un grand nombre d'Algériens, a pris conscience des conditions imposées sous le joug colonial au peuple, lit-on dans la biographie consacrée à la chahida aux archives de la direction des Moudjahidine. Mariée à Boudjemaâ Bendhiab, elle assurait la fourniture de provisions et aides aux moudjahidine dont faisait partie son mari ainsi que la transmission de certains messages et informations. Rahouaja Boudjemaâ, force, courage et détermination Aux archives de la direction des Moudjahidine, la «petite histoire» de la grande Rahouaja Boudjemaâ relate que la martyre-courage a été interpelée au lendemain d'une bataille à Doaur Setiha entre les combattants de l'Armée de libération nationale (ALN) et l'armée de l'occupation, et internée au second bureau d'El Harrouch où elle y avait subi les pires sévices par ses tortionnaires pour la contraindre, en vain, à dénoncer la cache de son mari et ses compagnons. Elle fut ensuite transférée à Ramdane Djamel et y fut torturée d'une manière inhumaine et horrible. Convaincue de son inflexibilité, l'administration coloniale se résigne à la libérer le 26 octobre 1961 en la condamnant à l'assignation à résidence à Mechta Bouhalbès dans la commune de Medjaz Dechiche. Le lendemain, les soldats de l'occupation se rendent à son domicile en tenues arabes et lui imposent de les conduire au cache de son mari et des moudjahidine. Contrainte à marcher devant eux en compagnie d'un groupe d'enfants et un petit troupeau de mouton, la chahida décide de mettre fin à sa vie en se jetant dans un puits situé à proximité de son domicile refusant ainsi de trahir les moudjahidine. Selon les documents de la direction de moudjahidine, le corps de Rahouaja a été repêché par les soldats français qui voulurent ainsi confirmer sa mort. La dépouille de la chahida fut photographiée et laissé à côté du puits. La martyre Rahouaja Boudjemaâ, une histoire peu connue Dans la ville de Skikda, le nom de la martyre Rahouaja Boudjemaâ a été donné, en 2011, à un collège d'enseignement moyen (CEM) de la cité Salah Boulkeroua, mais l'histoire de vie de la chahida est aujourd'hui peu connue y compris par les élèves du CEM qui porte son nom. Amira Seniguer (13 ans), élève de 3ème année dans cet établissement, rencontrée au sortir du CEM, confie à l'APS s'être interrogée une fois, en première année, sur Rahouadja Boudjemaâ et sa mère lui avait répondu que la chahida s'était jetée dans un puits pour protéger les moudjahidine. «J'avoue que je me suis souvent demandée quelle était l'histoire de cette martyre, ses traits physiques d'autant que je n'ai jamais vu sa photo»', lance la collégienne. Le directeur de cet établissement scolaire, Hassan Tache, a expliqué à l'APS que son administration compte «afficher une courte biographie de la chahida à l'entrée de l'établissement». «La biographie permettra à tous les élèves de mieux connaître la martyre dont le CEM porte le nom et incitera à réaliser de petites recherches sur les vies de chouhada et héros de la révolution de libération», a-t-il soutenu.