Le gouvernement malien poursuit la mobilisation des moyens nécessaires pour mener à bien le processus politique dans le pays, qui s'apprête à vivre des échéances électorales cruciales, parallèlement à la mise en œuvre de l'accord de paix et de réconciliation. Les prochaines élections dont le scrutin municipal prévu en avril prochain suivi de l'élection présidentielle le 29 juillet, puis des législatives, seront entourées de «meilleurs conditions à travers tous le territoire malien, où l'autorité entière de l'Etat doit prévaloir», a-t-on soutenu à Bamako. Dans ce contexte, le gouvernement malien n'a guère cessé de réitérer sa détermination à organiser ces échéances électorales dans les délais et dans les meilleures conditions. Mercredi à New York, le ministre des Affaires étrangères malien, Tieman Hubert Coulibaly, a promis des élections «transparentes» et «inclusives», au cours d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Mali, assurant que «les petits pas» accomplis pour rétablir la confiance entre les acteurs étaient «des pas sûrs». Lors de la réunion, l'émissaire de l'ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, responsable de la mission de paix (Minusma) a, de son, souligné qu'il était «temps» pour les Maliens de «passer des promesses aux actes en respectant les échéances convenues». Parmi les candidats annoncés à la prochaine présidentielle figurent l'ancien Premier ministre Moussa Mara, ainsi que Mohamed Ali Bathily, ex-ministre du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta. Le président Keita avait déjà assuré que toutes les élections - et plus particulièrement la présidentielle et les législatives - se tiendront dans le respect des délais constitutionnels. Bien que le président Keïta n'a toujours pas dit s'il se représenterait, une centaine d'associations de la majorité ont apporté leur soutien à sa candidature le 10 mars. Parmi les autres candidats figurent le maire de Sikasso (sud), Kalifa Sanogo, l'ancien ministre et militaire Moussa Sinko Coulibaly, le richissime homme d'affaires, Aliou Boubacar Diallo, ainsi que deux hauts fonctionnaires internationaux, Modibo Koné, un ancien de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), et Hamadoun Touré, ex-chef de l'Union internationale des télécommunications (UIT). Respect des délais et consolidation de la décentralisation En janvier dernier, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait estimé que la tenue d'élections «transparentes, justes et pacifiques» était indispensable à la mise en œuvre de l'accord de paix et de réconciliation au mali, issu du processus d'Alger, relevant que l'achèvement des élections présidentielle et législatives en 2018 ouvrira la voie au retour de l'autorité de l'Etat et à la consolidation du processus de décentralisation en cours. Le Conseil de sécurité avait alors insisté sur l'importance de faire des progrès sur le fond avant la tenue des élections maliennes, relevant l'urgence de «faire avancer la décentralisation, y compris en tenant des consultations où les parties examineraient la législation existante, et en adoptant une législation sur la création d'une police territoriale régionale». Il est aussi question d'assurer le fonctionnement des administrations provisoires dans le Nord du Mali et de faire avancer les processus de cantonnement et de désarmement, de démobilisation et de réintégration, y compris en établissant des critères d'admission et des quotas de réintégration appropriés, a-t-il insisté. L'objectif étant de «faire avancer la réforme du secteur de la sécurité afin de parvenir au redéploiement progressif des forces armées et des forces de sécurité reconstituées au Mali, mettre en place le Mécanisme opérationnel de coordination à Kidal et à Tombouctou». Dans sa déclaration sur la situation au Mali, le Conseil de sécurité a réaffirmé son «plein appui» à l'Algérie, chef de file de la médiation internationale, et au chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), Mahamat Salah Annadif, pour leurs efforts déployées dans le processus de paix au Mali. Vers l'identification par l'ONU des auteurs du blocage de la mise en oeuvre de l'accord de paix L'ONU va entreprendre dans les prochaines semaines une identification de ceux qui font obstruction à la mise en oeuvre de l'accord de paix et de réconciliation au Mali, en vue de leur imposer des sanctions, ont annoncé mercredi des diplomates à New York. «La France engagera avec ses partenaires dès les prochaines semaines (...) un travail visant à identifier ceux qui font obstruction à la mise en oeuvre de l'accord de paix», a déclaré l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur le Mali. M. Delattre a ajouté que «les retards conséquents» dans l'application de l'accord de paix de 2015, issu du processus d'Alger, «nous conduisent à devoir aller plus loin», Pour sa part, le diplomate américain, Amy Tachco, a fait part du souhait de son pays de «travailler avec nos partenaires pour identifier les responsables (du blocage) et prendre les mesures qui s'imposent», évoquant, dans ce contexte, «une perspective de sanctions».