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«Le grand livre des proverbes africains» d'Ahmadou Kourouma
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 04 - 2018

Partie intégrante du genre poétique par leur structure symétrique et leurs sonorités, les proverbes ajoutent une note de vérité universellement reconnue à la sagesse populaire qu'ils ont véhiculée au fil des générations.
La plupart des proverbes sont anonyme, ils remontent à des millénaires en arrière. Composés en situation par des artisans du langage, témoins et acteurs de leurs temps, ils ont vocation à donner des leçons de morale à tous ceux qui ont besoin d'être éclairés dans leur vécu au quotidien. Là-dessus, l'Afrique est très performante ; ses traditions culturelles les plus anciennes au monde en sont la preuve.
Fruit d'une pensée qui remonte à la nuit des temps
Ahmadou Kourouma a eu l'idée géniale de réunir un ensemble de proverbes de chaque pays africain et largement représentatif d'une thématique dominante. C'est une œuvre colossale valorisante pour l'auteur et pour le patrimoine des ancêtres, dans une Afrique des indépendances qui est passée admirablement à l'ère de l'écriture. Kourouma fait partie des écrivains de renommée mondiale mobilisé pour apporter à l'oralité le support écrit dont elle a besoin pour se perpétuer en tant que produit du génie populaire qui remonte aux origines. Kourouma fait partie des écrivains de renommée mondiale connu pour ses romans de haute facture et ses travaux de recherche de référence aux titres évocateurs : «En attendant le vote des bêtes sauvages, «Allah n'est pas obligé», «Le soleil des indépendances».
Kourouma explique pour ceux qui l'ignorent que l'Afrique a une longue tradition dans les palabres qui se tiennent à des moments déterminés de la vie sociale. Il s'agit d'un débat coutumier entre des participants hommes appelés à apporter des solutions à des problèmes d'intérêt collectif ou des conflits entre deux ou trois parties. Ce sont les plus jeunes qui prennent d'abord la parole, une façon de les responsabiliser ou de les initier au débat selon des règles imposées. Les plus âgés parlent à leur tour conformément au même code rituel que nul ne peut transgresser, sous aucun prétexte. Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on arrive à l'aîné de tout le monde qui prend le parti de la majorité pour trancher la question.
Quel bel exemple de démocratie ces discussions qui se déroulent dans le respect rigoureux de la différence ! Chaque participant, comme dans un tour de table, participe à la compétition en appuyant son argumentation sur les meilleurs proverbes possibles. Concernant les proverbes, pour Ahmadou Kourouma, ils permettent d'abord de donner un contenu concret à une notion abstraite. Un exemple : «Où la barbe apparaît, l'enfance disparaît. Ce qui signifie que lorsqu'on porte une barbe, on doit se comporter en adulte. Le proverbe donne aussi le temps de la réflexion et permet d'observer une pause dans une longue palabre. Si, dans une discussion, on aboutit à une impasse, l'ancien avance un proverbe et l'assemblée alors se tait et prend le temps de réfléchir à sa signification».
Le cheminement ci-dessus indiqué pour aplanir les difficultés permet de mettre fin à des conflits sociaux ; il est digne d'une société générale qui ne doit pas connaître d'affrontements qui, chez les autres, se terminent dans le sang. Une telle société ne peut qu'évoluer dans le bon sens. Chaque membre participant à des palabres étant soumis à la recherche de meilleurs proverbes pouvant aider au règlement d'un problème. Le proverbe paraît être essentiel dans la vie des Africains. Et à l'auteur d'ajouter : «D'une façon générale, tout ce que fait l'Africain, tout ce qu'il est, tout ce qu'il sait, tout ce qu'il subit, tout ce qu'il croit se trouve résumé dans les proverbes».
Savoir parler sur la vie est un atout important
L'apprentissage se fait à l'intérieur de la communauté moyennant des palabres répétées qui exercent à la parole les participants. Il est prouvé que parler en public libère de tous les complexes et améliore le niveau de langue. Ceux qui se cachent au fond pour ne pas dire un mot deviennent à la longue des timides maladifs si leur cas ne s'aggrave en se transformant en une forme de déséquilibre mental. Et, là-dessus, les Africains sont prévoyants. Un proverbe luba dit : «Celui qui sait parler n'est jamais pauvre». Restons dans la parole facile pour citer cet autre proverbe concernant les vieux qui, dans le meilleur des cas, ont acquis le niveau de la langue et beaucoup de sagesse, ce qui justifie ce proverbe : «Les paroles du vieux sont pleines d'expérience parce que la bouche du vieux peut sentir mauvais, mais les paroles qui en sortent sont d'or».
Les trois cent pages regroupent un corpus assez copieux en proverbes et peuvent être considérés comme étant les meilleurs dans chaque pays africain. D'après Kourouma, chaque ethnie, chaque pays possède ses propres proverbes pour évoquer l'avarice, la bêtise, la gourmandise, la lâcheté, l'amour, la solidarité, la patience, la justice. Ainsi, pour un même thème, l'auteur propose plusieurs proverbes d'origines diverses. «L'accusation très courante en société comme thème qui fâche crée des tensions pour ne pas dire des frictions, et apparaît différemment, selon le peuple, la langue du pays. Ils sont traduits ces proverbes de la langue populaire au français et cela donne : «Le chien vole et c'est à la chèvre qu'on coupe les oreilles».
Ce qui signifie : «Les fautes du puissant sont imputées au faible». (Cameroun). Son équivalent à Basakata (République du Congo) : «Quand l'antilope naine a mangé des arachides, on dit que c'est le chacal qui le lui a pris». Ce qui signifie : «On rejette facilement les fautes sur le dos des autres». Prenons le thème de l'amitié, source de bonheur ou de malheur, sinon de surprises agréables ou désagréables, quand on met à l'épreuve ceux qu'on a considéré comme amis et qui ne le sont pas en réalité.
Les Rwandais, qui ont toujours eu l'esprit inventif et qui sont particulièrement doués pour le langage esthétique, ont beaucoup plus que les autres pays africains de proverbes, maximes, adages, dictons populaires. On dit en rwandais : «Ceux dont se touchent les enclos se demandent réciproquement de l'eau» pour signifier : «Seuls les vrais amis savent se rendre de menus services». Son équivalent en Côte d'Ivoire se présente ainsi : « L'ami essuie la sueur, il n'essuie pas le sang». Ce qui veut dire : «Entre amis, il peut y avoir des disputes mais pas de guerre».
Le grand livre des proverbes africains par Ahmadou Kourouma, Presses du Châtelet, 2007, 318 pages


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