«Nous (les Etats-Unis d'Amérique) avons dépensé 2 billions de dollars, perdu des milliers de vies. De toute évidence, ce fut une erreur... George W. Bush a fait une erreur. Nous pouvons faire des erreurs. Mais celle-là fut toute une beauté. Nous n'aurions jamais dû aller en Irak. Nous avons déstabilisé le Moyen-Orient ... —Ils (Le président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney) ont menti... Ils ont dit qu'il y avait des armes de destruction massive. Il n'y en avait pas. Et ils savaient qu'il n'y en avait pas. Il n'y avait pas d'armes de destruction massive.» Donald Trump (1946), propos tenus au cours d'un débat présidentiel du parti républicain sur la chaîne CBS, le samedi 13 février, 2016. «La déficience mentale et un penchant criminel ne s'excluent pas mutuellement; non seulement ils peuvent se produire en même temps, mais une fois combinés, ces deux caractéristiques deviennent particulièrement dangereuses.» Bandy X Lee (1970-), psychiatre et professeur à la Yale School of Medicine et éditeur du livre ‘Le cas dangereux de Donald Trump: 27 psychiatres et experts en santé mentale évaluent un président', 2017. «Un autocrate en devenir est typiquement une personne élue tout en étant anti établissement et qui dédaigne les normes, remet en question la légitimité de ses adversaires politiques, tolère la violence et est enclin à violer le principe de la liberté de la presse.» Steven Levitsky (1968-) et Daniel Ziblatt (1972-), (dans leur livre How Democracies Die (‘Comment les démocraties meurent'), 2018, 312 p.) «... Un empire c'est le despotisme et un empereur c'est un despote, lié par aucune loi ou limitation si ce n'est sa seule volonté ; c'est l'extension de la tyrannie au de la de la monarchie absolue. Car, bien que la volonté du monarque fasse loi, ses édits doivent être enregistrés par les parlements. Même cette formalité n'est pas nécessaire dans un empire.» John Adams (1735-1826) 2ème président américain (1797-1801), (tiré de ‘The Political Writings of John Adams: Representative Selections', 2003) «Connaître et ne pas savoir, être conscient de la vérité complète tout en racontant des mensonges soigneusement construits, émettre simultanément deux opinions qui s'annulent, en sachant bien qu'elles sont contradictoires et en les croyant toutes les deux, confronter la logique contre la logique, répudier la moralité tout en prétendant y souscrire... Raconter délibérément des mensonges en croyant réellement en eux, passer sous silence tout ce qui est devenu gênant, puis, quand cela devient nécessaire, le retirer de l'oubli aussi longtemps que nécessaire, nier l'existence de la réalité objective ...» George Orwell (Eric Arthur Blair) (1903-1950), romancier anglais, essayiste et critique social, (dans son livre«1984», 1949, chap. 2) Le président étasunien Donald Trump (1946-), en tant que politicien, a réussi à attirer vers lui des électeurs insatisfaits ou partiellement insatisfaits de leur situation économique ou sociale. En effet, les inégalités de revenu et de richesse ne cessent de s'accroître aux Etats-Unis, et la balance penche du côté des gagnants, même si les perdants sont beaucoup plus nombreux. De plus, ces derniers n'ont pas été compensés sous la forme de programmes de perfectionnement ou de programmes sociaux plus accessibles. En d'autres termes, de nombreux Etatsuniens sont aujourd'hui désillusionnés face aux chances de réaliser le rêve américain et la façon dont le système et les politiques publiques les désavantagent. Trump attirent également les électeurs intéressés par une seule question de politique. Tout cela crée un terrain fertile pour un politicien populiste. Cela est arrivé ailleurs, et cela est une réalité politique aujourd'hui aux Etats-Unis. Par contre, il est aussi normal que Donald Trump soit fortement contesté par divers establishments et conspué par ceux et celles à qui son populisme répugne. Mais au-delà des considérations purement personnelles qu'ont les gens de l'appuyer ou de le combattre, quels sont les traits de caractère de ce néophyte en politique qui font peur, et pas seulement aux Etats-Unis ? À titre d'exemple, certains observateurs ont tracé un parallèle entre l'actuel occupant de la Maison Blanche et l'empereur décadent Caligula (12-41 EC) de la Rome Antique. Caligula était un populiste autocratique, imprévisible, déséquilibré et narcissiste à l'extrême, qui manquait de retenue. C'était aussi un sociopathe qui aimait offenser et humilier les gens. De plus, Caligula voyait la politique comme un spectacle. Les historiens relatent qu'il se complaisait dans la pornographie et dans le sexe, et qu'il affectionnait perturber et mépriser les institutions. C'était un va-t'en-guerre accompli qui courtisait l'armée. Un auteur de biographie trouve aussi des similitudes croissantes entre le comportement de Trump, comme politicien, et le dictateur nazi Adolf Hitler (1889-1945), en puisant à même son livre dont le titre est ‘Pourquoi Hitler ? Enquête sur l'origine du mal', 1998. En effet, Ron Rosenbaum (1946- ) explique comment les attaques répétées de Trump contre les médias et les tribunaux ressemblent à une tactique employée, en Allemagne par Hitler, pour consolider son pouvoir. L'histoire a un moyen de se répéter et personne ne devrait penser que des expériences passées désastreuses ne peuvent pas se reproduire de nos jours. Peu importe si cela est le cas ou non, ce que l'on peut dire, en toute certitude, c'est que jamais dans toute son histoire les Etats-Unis n'ont été confrontés à un président aussi atypique que ce que Donald Trump représente. Des personnes qui le connaissent bien ont même lancé l'alerte que M. Trump était «profondément malade mentalement», qu'il «n'était pas connecté à la réalité» et de plus, qu'il perdait facilement patience et qu'il agissait souvent sous l'effet de la colère, dans des élans de pure folie. Ce sont là, on en conviendra, des traits de caractère très dangereux pour un président des Etats-Unis, si tout cela est véridique. En effet, la Maison Blanche avec Trump à sa tête semble être continuellement en proie à la tourmente, au désarroi et, à certaines occasions, se retrouve en plein chaos, et que le président étasunien montrait des signes probants d'être mentalement instable et d'agir impulsivement, comme une sorte d'électron libre, dans presque tout ce qu'il fait. Trump est aussi une personne qui recourt souvent au bluff et qui est obsédée par la vengeance, n'hésitant pas à congédier les gens à tour de bras pour n'importe laquelle raison, parfois d'une manière tout à fait ignoble. Ce devrait certainement être un autre signal d'alarme et de consternation. Il vaut la peine ici de rappeler ce que déclara l'ancien directeur de la CIA sous Barack Obama, M. John Brennan (1955-), se référant à Donald Trump et à son congédiement mesquin du no 2 du FBI, M. Andrew McCabe (1968- ), le vendredi 16 mars 2018, quelques heures avant que ce dernier ne devienne admissible à une pension : «Lorsque l'étendue complète de votre vénalité, de votre turpitude morale et de votre corruption politique sera connue, vous occuperez votre juste place parmi les démagogues déshonorés dans les poubelles de l'histoire. Vous pouvez faire d'Andy McCabe un bouc émissaire, mais vous ne détruirez pas l'Amérique... L'Amérique triomphera de vous.» Récemment, par exemple, on rapporte que Donald Trump a voulu déclencher une guerre commerciale internationale pour la raison puérile qu'il ne voulait pas qu'on «rit de lui» ! C'est quelque chose de fort troublant, car cela repose sur une pensée économique erronée et sur de fausses données. Un président américain fortement protectionniste peut faire beaucoup de mal à l'économie mondiale.— Le principal conseiller économique de Trump, Gary Cohn, en avait assez de cette folie et il démissionna sur le champ. Trump ne veut autour de lui que des «faire-valoir». Dans les prochains mois, je crains fort que les consommateurs américains et les marchés boursiers mondiaux donnent leur propre évaluation de la folie économique de Trump, et ce ne sera pas joli. Par conséquent, plusieurs observateurs en sont venus à la conclusion que M. Trump n'est pas assez mature et pas assez compétent pour occuper le poste de président des Etats-Unis. Dans son livre «Feu et Fureur: à l'intérieur de la Maison Blanche de Trump», l'auteur Michael Wolff écrit que «Trump mène la vi ... d'un personnage de fiction», un homme distrait, souvent coupé de la réalité, tout à fait à l'aise de s'appuyer sur de soi-disant «faits alternatifs», faux et subjectifs. Pour de telles personnes, seules les apparences comptent, pas la réalité. Des personnes qui le suivent de près l'ont qualifié d'imprévisible et d'incohérent. En effet, l'inconsistance intellectuelle de Trump dépasse l'entendement. Il peut adopter, presque simultanément, deux positions opposées sans broncher ... et sans s'excuser. (A suivre...) Professeur Rodrigue Tremblay