Le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en juin, a avancé, hier, sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, de 1,7% à 72,8 dollars. Avant-hier, en milieu de journée, il valait 71,34 dollars, en baisse de 8 cents par rapport à la clôture de lundi. Le prix du panier de référence (introduit en 2005) du brut de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) était établi avant-hier, à 68,36 dollars le baril, contre 68,41 la veille, selon les indications de cette Organisation sur son site web. Pour sa part, le «light sweet crude» a grimpé de 2% à 67,8 dollars sur le New York Mercantile Exchange, de nouveau au plus haut depuis 2014. Les cours, expliquent les spécialistes, sont dopés par l'annonce d'une baisse des réserves de brut aux Etats-Unis. En effet, l'Institut américain du pétrole a dévoilé avant-hier soir, un repli surprise, de 1,05 million de barils, des stocks de brut hebdomadaires américains la semaine passée. La spéculation a porté sur les données hebdomadaires sur l'offre, attendue plus tard dans la journée, montrant une forte baisse des approvisionnements pétroliers aux Etats-Unis. L'apaisement des tensions autour de la Syrie avait entraîné un léger reflux des cours du pétrole ces dernières heures tout comme l'annonce de contacts directs entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Mais le risque géopolitique reste bien présent dans l'esprit des opérateurs et continue à soutenir le brut. On constate que les tensions géopolitiques qui ont récemment augmenté, ont été accompagnées d'une progression des prix du pétrole. Mais, certains experts estiment que cette hausse des prix du pétrole ne doit pas être sur-interprétée. Pour eux, la dynamique de l'offre et de la demande, davantage que la géopolitique, semble expliquer les récents mouvements du marché pétrolier. Ils rappellent qu'en 2014, les prix du pétrole ont clairement suivi la chute de la demande, passant de plus de 100 dollars le baril à moins de 30 dollars début 2016. À l'inverse, au cours des 12 derniers mois, la demande physique a de nouveau dépassé l'offre, provoquant une baisse des stocks et une remontée des prix du pétrole. Ainsi, selon eux, même en l'absence de nouvelles tensions géopolitiques, les prix du pétrole sont soutenus par les caractéristiques du marché. Ils font observer que la production américaine continue d'augmenter, ce qui, d'après eux, rend improbable le scénario d'une véritable explosion des prix du pétrole. Par ailleurs, l'Opep et ses alliés, dont la Russie, comptent poursuivre leurs pressions sur les cours du marché. Ils doivent se réunir à Djeddah, (Arabie saoudite), le 20 avril pour explorer les moyens de prolonger leur coopération afin de poursuivre leurs efforts pour équilibrer le marché pétrolier. On sait que le cartel et 10 autres pays producteurs ont réussi à diminué leur production de 1,8 million de barils par jour depuis janvier 2017, et se sont engagés à le faire jusqu'à la fin de cette année. Les marchés se focalisent à nouveau sur cet accord établi pour limiter l'abondance de l'offre mondiale, et qui pourrait être à nouveau renouvelé lors de la prochaine réunion de ses participants, en juin à Vienne. Avant une réunion technique de suivi de l'accord, tenue vendredi à Djeddah (Arabie saoudite), le Koweït et Oman ont appelé lundi à poursuivre la coopération. Par ailleurs, jeudi dernier, l'Opep a revu en légère hausse sa prévision de production de pétrole aux Etats-Unis pour 2018. Dans son rapport mensuel, l'organisation a ainsi revu en hausse de 0,08 million de barils par jour (mb/j), son estimation de la production non-Opep cette année : elle devrait atteindre 59,61 mbj, soit une croissance de 1,71 mbj sur un an. «Les principaux moteurs de la croissance en 2018 sont les Etats-Unis (1,50 mb/j), le Canada (0,29 mb/j) et le Brésil (0,21 mb/j)», a souligné l'organisation. L'Opep continue pour sa part à baisser sa production. En mars, les 14 pays de l'organisation ont pompé un total de 31,96 mbj, soit une diminution de 201.000 barils par jour par rapport à février, selon des sources secondaires de l'organisation, citées dans le rapport. Pour ce qui est de la croissance de la demande mondiale pour 2018, elle devrait pour sa part atteindre 1,63 million de barils par jour (mb/j), une prévision relevée par rapport au mois précédent, pour atteindre une demande de 97,07 mb/j.