Portés par des achats spéculatifs sur fond de tensions géopolitiques persistantes et d'espoirs de resserrement de l'offre, les prix du pétrole se sont stabilisés, hier en cours d'échanges européens, à un niveau jamais atteint depuis mai 2015. Le brent de la mer du Nord ayant dépassé, vers 14h GMT, les 68,09 dollars le baril, pour livraison en mars. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude, pour le contrat de février, prenait 39 cents, à 62,12 dollars. Selon les analystes, «les positions spéculatives se sont accrues», et les investisseurs parient actuellement sur une baisse de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de ses partenaires, mais aussi sur un ralentissement de la hausse de la production des Etats-Unis. Les analystes de Commerzbank estiment que «les opérateurs de marché sont convaincus que le marché se resserre», d'autant plus que l'OPEP semble prête à accepter les interruptions de production au Venezuela, membre du cartel frappé par une crise économique hors de contrôle, afin de l'aider à concrétiser son objectif de rééquilibrage du marché. De plus les investisseurs scrutaient toujours l'Iran, où, du 28 décembre au 1er janvier, des manifestations accompagnées de violences ont eu lieu dans des dizaines de villes du pays pour protester contre le coût de la vie et le pouvoir, faisant 21 morts. Depuis fin 2016, l'Opep et d'autres pays producteurs d'or noir, dont la Russie, se sont fixé des objectifs de production pour réduire les réserves mondiales et faire remonter les prix. Dans un rapport rendu public hier, l'Organisation a indiqué que le prix du panier de référence du brut de l'Opep s'est établi, lundi, à 65,85 dollars le baril, contre 65,86 dollars la veille. Introduit en 2005, le panier de référence de l'Opep comprend 14 types de pétrole, dont le Sahara blend (Algérie). La production de brut de l'Opep devrait atteindre 33,2 mb/j, un chiffre supérieur aux niveaux de production de cette année (32,8 mb/j), mais moins qu'anticipé jusqu'alors. Pour rappel, la production de brut de l'Organisation a baissé en novembre dernier, selon un rapport qui précise que les quatorze pays du cartel ont pompé un total de 32,45 mbj en novembre, soit 133 000 barils par jour de moins qu'en octobre. Le déclin a surtout été marqué en Angola, en Arabie Saoudite, au Venezuela et aux Emirats arabes unis. La croissance de la demande mondiale de pétrole devrait, pour sa part, atteindre 1,51 mb/j en 2018 (contre une précédente prévision de 1,26 mb/j), pour atteindre 98,45 mb/j, estime par ailleurs l'Opep selon qui la demande a aussi été plus forte que prévu cette année. Pour les pays non Opep, l'offre devrait progresser de 0,99 mb/j pour atteindre un total moyen de 58,81 mb/j sur l'année 2018. La croissance devrait encore être forte aux Etats-Unis avec l'essor des pétroles non conventionnels. Toutefois, l'Opep table dans l'ensemble sur «une nouvelle réduction des stocks mondiaux excédentaires, conduisant à un marché équilibré d'ici la fin 2018». Le rapport a noté par ailleurs des «indications grandissantes sur le fait que le marché s'achemine tranquillement vers un rééquilibrage» sur fond de stocks en diminution, de demande saine et de tensions géopolitiques.