Plusieurs parlementaires et organisations non-gouvernementales ainsi que de nombreux agriculteurs ont décidé d'interpeler les hautes autorités de l'Etat à leur tête le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, leur demandant d'user de leurs autorités afin de mettre fin aux «détournements» du foncier agricole. En effet, les tentatives de détournement du foncier agricole dans certaines régions du pays font ces derniers jours l'événement. C'est le cas des deux affaires relatives à des tentatives de détournements des terres d'un agriculteur de l'Ouest du pays «Ami Hamid» et des fellahs de l'exploitation agricole individuelle (EAI), dirigé par un ingénieur en agronomie à Chlef. Ces deux affaires ont fait couler beaucoup d'encre que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur les différents organes de presses écrites et audiovisuelles. Plusieurs organisations non-gouvernementales, associations et responsables des mouvements associatifs dont de nombreux citoyens ont apporté leurs solidarités avec les agriculteurs en question, réclamant l'intervention des hautes autorités et à leur tête le chef de l'Etat pour «sauver» leurs terres qui, selon eux, font l'objet de tentatives de détournement. Plusieurs élus dont des parlementaires ont également manifesté leurs mécontentements au sujet de ces terres agricoles qui devraient être reconverties en usine ou bâtiments. «Il est inadmissible que des terres agricoles soient «détournées» à d'autres fins notamment au profit du béton», ont-ils indiqué. Des dirigeants de la société civile trouvent également cet état de fait de «n'importe quoi» et souhaitent l'intervention du président de la République, du Premier ministre, du ministre de l'Intérieur et du ministre de l'Agriculture afin de «stopper» ces opérations visant à reconvertir des terres agricoles en «béton». Certains citoyens avec qui nous avons pris attache ont dénoncé un «détournement» dans le sens propre du mot du foncier agricole. Nos interlocuteurs ont indiqué que certains responsables ne respectent pas les lois en vigueur ni les directives du président de la République qui avait appelé à sauvegarder les terres agricoles. El Hadj Lazhar a éclaté en sanglots devant les caméras des chaînes de télévision, indiquant qu'il fait l'objet de «hogra» marginalisation. « Oh mon Dieu ! Je n'arrive pas à en croire mes yeux. Des terres rentables qui devraient être reconverties en usine «Peugeot». Mais pourquoi vous faites ça ? Vous avez des terres ailleurs, laissez-nous nos terres, nous voulons travailler notre agriculture pour vivre. Monsieur le président de la République, faites quelques choses au nom de Dieu, SVP.» Nous avons donné ici le cri de détresse lancé par Hadj Lakhdar. Chlef : 5 000 arbres menacés par un projet de bâtiments Dans la wilaya de Chlef, ce sont les terres d'une exploitation agricole individuelle qui sont visées par certaines parties sous prétextes de construire des bâtiments. L'exploitant, ingénieur en agronomie, nous a indiqué qu'il a «tapé » à toutes les portes pour préserver ses terres mais en vain. Selon notre interlocuteur, des pressions sont exercées sur lui depuis quelques mois afin de lui «confisquer» une partie des terres de l'exploitation situées dans la commune de Chetia et plus précisément au niveau de l'Ardh-El-Beidha, (ex-domaine Ali Aichouba, zone entièrement rurale). Ce dernier devait indiquer que les collectivités locales envisagent la construction de bâtiments sur une partie de ces terres agricoles hautement potentielles. Ces terres ont été cédées depuis 1993 en exploitation agricole individuelle (EAI) à cet agriculteur qui a bravé la peur durant la décennie rouge, surtout dans cette région où les groupes armés ont semé la terreur. Le jeune agriculteur a indiqué qu'il a bénéficié de l'exploitation dont une partie était occupée par un bidonville qui n'a pas empêché les services concernés de délivrer un acte de concession et un plan au bénéficiaire contenant même la superficie occupée. Notre interlocuteur devait ajouter qu'il a payé depuis 1993 toutes les redevances sur la totalité de la superficie y compris la partie des constructions illicites qu'il avait dénoncées, mais rien n'a été fait sous prétexte de l'état d'urgence à l'époque tout en ayant eu des assurances qu'une fois le problème réglé, il pourrait travailler le restant de ses terres à savoir qu'à part la partie du bidonville, toute la superficie qui lui a été confiée a été exploitée en produits agricoles. En effet, on compte plus de 5.000 arbres menacés par un voisinage en béton si le projet des collectivités locales aboutit d'une manière ou d'une autre. Depuis quelques mois, les familles de ce bidonville ont été toutes relogées grâce au programme du président de la République, le bidonville a été éradiqué comme prévu mais l'agriculteur se trouve subitement confronté aux responsables de la wilaya qui veulent construire des bâtiments sur plus d'un hectare et demi de ses terres. Nous avons appris que l'ex-directeur aurait subi des pressions et n'a pas trouvé de solution que de lui proposer «de céder tout en tentant de lui garantir quelques droits lors de la réunion avec le wali». Un mois après, le DSA est muté dans une autre wilaya et remplacé par un autre qui ne semble pas hésiter à satisfaire la volonté de l'administration en donnant tout de suite son aval pour la construction de logement sur l'EAI. Bien que cette action ne puisse être possible vue les lois de la République en vigueur qui protègent les exploitations contre ce genre d'atteintes, tous les moyens sont utilisés par les autorités locales pour pouvoir récupérer illégalement cette partie de l'exploitation au profit du béton. En effet, l'agriculteur victime de ces atteintes interpelle également les hautes autorités à leur tête le chef de l'Etat, le ministre de l'Agriculture et le ministre de l'Intérieur afin que les terres de l'exploitation qu'il gère soit épargnées.