Les tirs de missiles israéliens qui se sont abattus sur le territoire syrien ont déclenché une riposte instantanée de la part de l'armée syrienne qui a intercepté bon nombres de projectiles ennemis et tiré une cinquantaine de missiles sur le Golan occupé. Cet échange de tirs de roquettes et de missiles de part et d'autre de la frontière a provoqué un regain de tension sans précédent. Cette recrudescence de violence a débuté jeudi vers 03h00 du matin (00h00 GMT), lorsque de fortes détonations ayant été entendues dans la capitale syrienne. La défense anti-aérienne de l'armée syrienne a intercepté dans la nuit de mercredi à jeudi des missiles israéliens lancés contre le territoire syrien, a indiqué l'agence officielle Sana, citant une source militaire. «Des missiles israéliens ont visé des positions de l'armée syrienne et de ses alliés près de la ville Baas dans le secteur de Kuneitra», situé sur la partie non occupée par Israël du Golan, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'escalade est intervenue, dans un contexte de tensions avivées par les incertitudes sur l'accord nucléaire iranien après le retrait mardi des Etat-Unis de cet accord. Peu après minuit (21H00 GMT mercredi) une vingtaine de roquettes de type «Fajr et Grad» ont été tiré depuis les territoires syriens vers les premières positions sur la partie du Golan occupée par Israël, de l'autre côté de la ligne de démarcation. Le gouvernement syrien accuse Israël de mener cette agression sur les positions des forces pro-syriennes et en soutien aux groupes terroristes qui sont en difficulté et au abois suite à la campagne de lutte antiterroriste menée par les forces armées syriennes qui ont apporté de louables résultats sur le terrain. En Effet, les appareils israéliens ont essuyé des dizaines de tirs de la défense anti-aérienne syrienne. La télévision syrienne a retransmis en direct des images de la capitale Damas montrant des projectiles lumineux dans le ciel et plusieurs missiles détruits par les systèmes anti-aériens syriens. Certains missiles israéliens ont touché des bases militaires ainsi qu'un dépôt d'armes et un radar militaire, a rapporté Sana sans préciser leurs emplacements. Les batteries anti-aériennes de Damas ont abattu des dizaines de missiles israéliens, a-t-elle affirmé également. Appel à «la retenue» et à la «désescalade» Plusieurs pays ont réagit à ces événements en appelant les antagonistes à la désescalade. La Russie a appelé à «la retenue» après les frappes israéliennes en Syrie, a déclaré jeudi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, faisant part de sa «préoccupation». «Nous avons établi des contacts avec chaque partie, nous les appelons toutes à la retenue», a indiqué aux agences de presse russes le haut diplomate, ajoutant: «bien sûr, cela suscite pour tout le monde de la préoccupation». Evoquant la situation au Moyen-Orient, le président russe Vladimir Poutine avait estimé quant à lui qu'elle était «malheureusement très grave» et déclaré vouloir «chercher des solutions». Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé jeudi l'Iran et Israël «au dialogue» après les frappes israéliennes en territoire syrien qui font peser un risque d'escalade militaire dans la région. Le recours à la force «est une tendance très inquiétante, nous partons du principe que toutes les questions doivent être résolues par le dialogue», a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse avec son homologue allemand Heiko Maas. Le ministre russe des Affaires étrangères a ajouté que Moscou avait mis en garde, contre «toute action qui pourrait se révéler provocatrice de part et d'autre». La chancelière allemande Angela Merkel a estimé pour sa part qu'il en allait désormais «de la guerre ou de la paix» au Proche-Orient, après les tirs sur la partie du Golan occupée par Israël. «L'escalade des dernières heures nous montre qu'il en va vraisemblablement de la guerre ou de la paix» au Proche-Orient, a-t-elle dit lors d'une cérémonie pour la remise d'un prix européen au président français Emmanuel Macron à AIx-la-Chapelle en Allemagne. La situation est «extrêmement compliquée», a ajouté la chancelière qui a appelé l'ensemble des parties à la «retenue». Dans un communiqué conjoint, Mme Merkel et M. Macron ont en parallèle appelé à la «pondération» et «désescalade dans la région». Il y a lieu de rappelé qu'Israël a annexé en 1981 la partie du Golan (1.200 kilomètres carrés) qu'il occupait depuis 1967 et la guerre des Six Jours. Cette annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale, qui considère toujours le territoire comme syrien. Environ 510 kilomètres carrés restent sous contrôle syrien.