, un spectacle de chants et de danses acrobatiques dédié au patrimoine culturel africain, a été présenté mercredi à Alger par la troupe du cirque mandingue «Afro-Cirkus», devant un public peu nombreux. Accueilli à l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh, le cirque mandingue (du groupe ethnique de l'Afrique de l'ouest) «Afro-Cirkus» et ses neuf danseurs acrobates guinéens, dont une ballerine et deux musiciens ivoiriens, dirigés par Yamoussa Camara Junior, ont donné vie, pour la première fois en Algérie, à un spectacle, conçu par Régis Truchy, qui met en valeur l'héritage ancestral africain. Convaincus de leur choix d'émigrer clandestinement en Europe, neuf prétendants africains à la «traversée de la mort», envoient leur représentante, rendue par la chanteuse et danseuse Sylla Fatou, pour tenter de convaincre «Akli averkane», campé par le comédien, Athmane Bendaoud, pêcheur reconverti, malgré lui, en passeur pour des raisons socio-économiques, propriétaire d'une embarcation qui refuse de prendre plus de cinq personnes à bord par traversée, car, aime-t-il toujours répéter à ses clients, il tient à son "outil de travail". Pour ramener à de meilleurs sentiments le passeur qui, en réalité, a toujours commis son délit à contre coeur, les huit passagers clandestins et leur représentante vont interroger, durant plus d'une heure de temps, l'histoire et entrer dans un dialogue esthétique avec l'héritage culturel ancestral, à travers des chants et des danses aux exigences physiques aiguës. Dans différents tableaux spectaculaires, les danseurs acrobates, ont pris en charge le récit de leur origine, réenchantant l'identité africaine à travers des danses, de clowns, du mât chinois, de main à main, de contorsion, exécutées dans des acrobaties, en solo ou à plusieurs, soutenues par les musiques illustratives, rendues en live, des Ivoiriens Anot César, chanteur aux claviers et à la basse et Danny Seh à la percussion. Des figures chorégraphiques représentants des animaux marins, à l'instar de la pieuvre, ou des forêts tropicales africaines, à l'exemple de l'antilope ou du scorpion, ont été réalisées avec succès, sous un éclairage sombre et fluorescent et des fonds musicaux inspirant les lieux. Usant d'humour et d'autodérision, Athmane Bendaoud, mettra tout son charisme de comédien au service de son personnage, Akli averkane qui, tout en étant ce passeur contrarié, assurera également le rôle du narrateur, qui finira par convaincre ses clients de la richesse et la pertinence de ce qu'ils représentent, les invitant à embarquer, non pour s'exiler en clandestins, mais à voyager en pèlerins pour faire entendre au monde entier, le cri de l'Afrique ancestrale. Sur un espace ouvert en profondeur, une embarcation placée en retrait au-devant de la scène, ainsi que deux petites estrades de part et d'autre, au fond, réservées aux duo de musiciens, ont fait le décor du spectacle, embelli par un éclairage judicieux qui a créé les atmosphères nécessaires aux différents tableaux. "Nous voulons que les africains vivent de la richesse de leur identité et cessent d'envoyer au monde des signes de misère et de pauvreté", a expliqué Yamoussa Camara Junior, après avoir fait part, "du bonheur de l'ensemble de la troupe" de se produire à Alger". Organisé, sous l'égide du ministère de la Culture, par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), en partenariat avec l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh et l'Office national des droits d'auteurs et des droits voisins (Onda), le spectacle "Itinéraire d'un continent" de la troupe du cirque mandingue "Afro-Cirkus" se poursuit jusqu'au 27 mai, au même lieu et aux mêmes horaires.