La stratégie adoptée par l'Opep pour stabiliser les prix du pétrole se heurte à des situations de plus en plus compliquées sur le terrain. La forte progression de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis et le niveau des stocks mondiaux compliquent la tâche à cette organisation qui s'est appuyée sur le soutien de pays non membres comme la Russie. En effet, l'Opep, qui vient de décider de prolonger de neuf mois sa politique de baisse des quotas de production pour soutenir les cours du pétrole, est de nouveau bousculée et amenée à trouver des solutions à cette situation vraiment inquiétante. A ce sujet, Igor Setchine, PDG du géant pétrolier russe Rosneft, a estimé vendredi que l'accord de réduction de pétrole conclu entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et des pays producteurs non-membres du cartel emmenés par la Russie, pourrait n'avoir aucun effet au vu de la hausse à venir de la production en provenance des Etats-Unis. Si l'on fait le bilan des six derniers mois, l'Opep, avec dans son sillage 11 pays producteurs, dont la Russie, a décidé en novembre 2016 de limiter sa production pour réduire les stocks mondiaux, très élevés, et de faire remonter les cours du pétrole. Cette politique a permis de faire remonter les prix qui étaient de 35 dollars à 50 dollars entre septembre 2016 et mai 2017. Mais le niveau actuel des cours, aux alentours de 50 dollars le baril, ne répond qu'aux attentes des pays producteurs, surtout avec des quotas de production réduits et des coûts de production encore élevés. Tous les pays producteurs souffrent de cette situation. La stratégie de l'Opep est mise en difficulté, surtout par la progression de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis, et la baisse de consommation des pays émergents, notamment la Chine. Le retour de la production iranienne et la hausse de celle de l'Irak ne sont pas en reste. Les compagnies américaines ont, donc, investi pour perfectionner les techniques de fracturation hydraulique et rendre cette activité rentable même à des prix bas du baril de pétrole sur les marchés internationaux à 50, voire à 55 dollars le baril. Vendredi, les cours de l'or noir ont accusé une baisse conséquente. Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse vendredi, restant déprimés au moment où les spéculations vont bon train sur les conséquences éventuelles du retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le réchauffement climatique. Le prix du baril de référence (WTI) a, ainsi, perdu 70 cents à 47,66 dollars sur le contrat pour livraison en juillet au New York Mercantile Exchange (Nymex). «On s'attend à ce que les Etats-Unis augmentent leur production encore plus rapidement», ont avancé les experts de Commerzbank dans une note. Le regain de ce pétrole de schiste, qui dope la production américaine depuis l'automne, finira par avoir un effet sur le marché. Des spécialistes estiment que les producteurs de l'Opep et non Opep n'ont pas assez réduit leurs productions. Ils devraient passer à l'action pour ne pas provoquer une baisse encore plus conséquente des cours de l'or noir les prochaines semaines.