La situation sécuritaire, politique et socio-économique, notamment suite à l'affaire récente de la cocaïne, les services secrets étrangers notamment US, selon certains médias américains et européens, prenant au sérieux cette affaire qui a pris une dimension internationale, les tensions géostratégiques au niveau de la région, la chute des prix du pétrole, avec la baisse drastique des réserves de change, suscite à l'extérieur des analyses prévoyant de sombres scénarios sur l'avenir de l'Algérie 2018-2022. En ce mois de juillet 2018, l'Algérie n'est pas au bord de l'effondrement contrairement aux vues de sinistrose. Mais il faut être réaliste et ne pas verser dans la démagogie. La situation pourrait prendre une autre dimension et s'aggraver sans un changement sérieux dans le système de gouvernance s'adaptant tant aux nouvelles mutations internes et mondiales 1.-L'Algérie n'est pas au bord de l'effondrement, elle a un problème de gouvernance L'Algérie n'est pas au bord de l'effondrement économique contrairement aux affirmations de certains. Pour un économiste français largement médiatisé, dans une contribution au point.fr (début 2016), les années 2018/2020 pourraient marquer le début du délitement de l'Etat algérien à la fois politique et économique et met en garde le gouvernement français à ce que des milliers d'Algériens débarquent en France. Privilégions les intérêts supérieurs de l'Algérie, l'efficacité couplée avec une profonde justice sociale et non la distribution de postes de ministres s'assimilant à des récompenses au moyen de la distribution de rente. Un ministre est avant tout responsable de la politique générale de son ministère, et selon la déontologie politique, il est responsable de toute action de ses collaborateurs, positive ou négative. Force est de constater une confusion des rôles, personne ne se sentant responsable, certains ignorant ou faisant semblant d'ignorer le fonctionnement de leur secteur. Et en cas de mauvaise gestion ou de scandales financiers relatés par la presse (renvoyant à une justice indépendante), ils font retomber toute la responsabilité sur leurs collaborateurs, expliquant d'ailleurs la démotivation de la majorité des cadres. Or, la responsabilité est collective. Combien d'expériences montrent qu'un gouvernement n'est pas fait pour être obligatoirement populaire. Il doit avoir une vision stratégique d'optimalisation de la fonction objective stratégique horizon 2020/2030 avec la nouvelle révolution économique qui s'annonce avec d'importants bouleversements géostratégiques, afin de réaliser la transition d'une économie totalement rentière à une production et exportation hors hydrocarbures de segments productifs au sein des valeurs internationales. Certes, on doit concilier efficacité économique et une profonde justice sociale, mais sans populisme, une nation ne partageant en principe que ce qui a été préalablement produit, la rente des hydrocarbures donnant des taux de croissance, de chômage et d'inflation biaisés. 2.- Pour un gouvernement moral de crise Il y a urgence de grands départements au niveau de la Présidence de la République traçant les axes stratégiques, ainsi que le regroupement de ministères avec des secrétariats d'Etat techniques, deux ministères devant impulser les réformes, supposant un grand ministère de l'éducation nationale et un grand ministère de l'économie. Afin de rapprocher l'Etat du citoyen, il s'agit de s'orienter vers une nouvelle organisation locale autour de pôles régionaux autour de quatre ou cinq grandes wilayas avec des wilayas délégués, ces derniers devant être un manager et non un administratif. Une centralisation à outrance, favorise un mode opératoire de gestion autoritaire des affaires publiques, une gouvernance par décrets, c'est-à-dire une gouvernance qui s'impose par la force et l'autorité loin des besoins réels des populations et produit le blocage de la société. L'aménagement du territoire devra répondre aux besoins des populations en quelque lieu qu'elles se trouvent et assurer la mise en valeur de chaque portion de l'espace où elles sont installées. Je pense que la structure la plus appropriée pour le dynamisme tant du développement national que local, ce sont les Chambres de commerce régionales qui regrouperaient l'Etat, les entreprises publiques/privées, les banques, les centres de formation professionnelle, et les universités/centres de recherche. 3.-Pression démographique et baisse des réserves de change La population algérienne a évoluée ainsi : 1950 8,87 millions d'habitants - 1960 11,27, - 1970 14,69, -1980 19,47, -1990 26,24, -2010 à 37,06 -au 1er janvier 2016 , 40,61 -au 1er janvier 2017, 41,3 -au 1er janvier 2018, 42,4 millions d'habitants et selon les extrapolations de l'ONS environ 51,026 millions 2030 et plus de 70 millions horizon 2050.. L'on devra créer 350.000/400.000 emplois productifs par an avec un taux de croissance réel de 9/10% sur plusieurs années pour éviter de vives tensions sociales. Or, le blocage de l'investissement en Algérie ne réside pas en des changements de lois ou d'élaboration de stratégies utopiques, vision bureaucratique, comme on ne combat la sphère informelle par des mesures administratives autoritaires, mais en s'attaquant au fonctionnement de la société, devant nous orienter vers une société participative et citoyenne. D'où l'urgence d'un discours de vérité car les réserves de change ont évolué ainsi : 162,2 milliards de dollars en 2010, 182 en 2011, 190 en 2012, 194 en 2013, 180 en 2014, 144 en 2015, 114 en 2016.et 96 milliards de dollars (hors DTS) fin 2017 et hors réserves d'or, l'Algérie possédant 173 tonnes d'une valeur, au cours de l'once actuel, d'environ 7 milliards de dollars et allant vers 85/87 milliards de dollars fin 2018 avec le risque d'épuisement 2021/2022, Selon le Fonds monétaire international (FMI), l'Algérie avait besoin d'un baril à 87,6 USD pour atteindre son équilibre budgétaire en 2016 contre 60 dollars en 2007, 80 dollars en 2009, 125 dollars en 2010 140 dollars en 2012, 110 dollars/baril en 2015, Pour 2017, dans le cadre de la Loi de finance 2017, le niveau est proche de 75 dollars sur la base des dépenses et du déficit clôturé. (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international