N'ayons pas une vision essentiellement pessimiste quant à l'avenir de l'Algérie, mais devant également éviter l'autosatisfaction qui serait suicidaire par la fuite. Le pays recèle d'importantes potentialités malgré tant les tensions géostratégiques au niveau de la région que des tensions budgétaires. Un changement de gouvernance et de la politique socio-économique s'impose, s'adaptant tant aux mutations internes qu'internationales, devant nous rassembler et non nous diviser, tenant compte de nos différentes sensibilités, pour faire face aux nombreux défis multidimensionnels. En cas de non vision stratégique axée sur la concurrence, le processus de libéralisation qui doit être maîtrisée grâce à l'Etat régulateur, s'avérera un échec patent avec le risque de passage d'un nouveau monopole privé spéculateur, favorisé par le Monopole source d'inefficience. Comme nous l'avons montré dans plusieurs contributions nationales et internationales récentes en posant la problématique du futur rôle de l'Etat dans ses relations avec le marché, il s'agit de faire naître le marché dans un contexte de non marché à travers cette mutation systémique bouleversant la cohérence des anciens réseaux, pour créer une dynamique nouvelle à travers de nouveaux réseaux acquis aux réformes (de nouvelles forces sociales) dans le cadre d'une nouvelle cohérence synchronisée avec les mutations de l'économie mondiale. Cette dynamique sociale est seule à même d'éviter ce manque ce cohérence et de visibilité dans la politique socio-économique dont les changements perpétuels de cadres juridiques (fonction des rapports de force au niveau du pouvoir) en est l'illustration où plusieurs centres de décisions politiques, atomisant les décisions, rendent volontairement opaques les décisions. Aussi insérer le secteur privé sans distinction avec un secteur d'Etat comme le stipule la nouvelle Constitution suppose une volonté politique de libéralisation conciliant l'efficacité économique et une profonde justice sociale ce qui ne signifie pas la fin des entreprises publiques ayant de brillants managers qui doivent évoluer dans un cadre concurrentiel supposant leur autonomie dans la gestion en ce monde turbulent et incertain devant prendre des décisions de management stratégique au temps, réel. Or le retour à la gestion administrée ne peut que bloquer les énergies créatrices. La réussite de la dynamisation du secteur économique, secteur d'Etat concurrentiel, secteur privé national et international est intiment liée à l'approfondissement de la réforme globale dont la réussite est conditionnée par une plus grande visibilité dans la politique socio-économique, un Etat de Droit, et la démocratisation des décisions économiques. Cela implique de revoir la règle des 49/51% qui n'a pas donné les résultats escomptés généralisables à tous les secteurs pouvant imaginer pour les segments non stratégiques devant mettre en place une minorité de blocage de 30%. Ce qui est stratégique aujourd'hui peut ne l'être demain. Car ce que l'on entend par secteur stratégique, et non stratégique doit être appréhendé, non en statique mais en dynamique du fait à la fois de l'évolution du monde et de la structure de l'économie algérienne. (voir interview A. Mebtoul dans Jeune Afrique 2012). 3.- Sonatrach qui a réalisé un chiffre d'affaires de 16 milliards de dollars sur les 5 premiers mois de 2018 contre 14 milliards de dollars durant la même période de 2017, ce qui donnerait en tendance, un chiffre d'affaire d'environ 38 milliards de dollars fin 2018 et en soustrayant les charges d'environ 25% un profit net de 28,5 milliards de dollars expliquant la tendance à la baisse du déficit de la balance commerciale, les exportations hors hydrocarbures étant insignifiantes. En ce mois de juillet 2018, Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach. Face à cette situation quel est le prix d'équilibre du pétrole pour atténuer la baisse des réserves de change ? Les réserves de change proviennent essentiellement des exportations des hydrocarbures (98% avec les dérivées) dont le prix moyen du baril de pétrole algérien est passé de 112 dollars juin 2014 à 45 dollars moyenne annuelle 2016 à 53,97 dollars en 2017 et le cours actuel fluctuant entre 77/79 dollars, facteurs essentiellement exogènes dont l'Algérie a une marge d'action limité largement influencé par la stratégie du pétrole/gaz de schiste américain, les fluctuations du dollar/euro, la croissance de l'économie mondiale et les tensions géostratégiques au Moyen Orient notamment en Syrie, la position des USA vis-à-vis de l'Accord avec l'Iran, certes atténué par la position européenne. Les réserves de change de l'Algérie ont évolué ainsi : 162,2 milliards de dollars en 2010, 182 en 2011, 190 en 2012, 194 en 2013, 180 en 2014, 144 en 2015, 114 en 2016.et 96 milliards de dollars (hors DTS) fin 2017 et hors réserves d'or, l'Algérie possédant 173 tonnes d'une valeur, au cours de l'once actuel, d'environ 7 milliards de dollars, et selon les dernières données de mars 2018 d'environ 94,5 milliards de dollars devant clôturer fin 2018 en tendance, entre 85/87 milliards de dollars. Selon le Fonds monétaire international (FMI) dans son nouveau rapport sur les perspectives de croissance dans la région Moyen Orient-Afrique du Nord-Afghanistan-Pakistan (MOANAP l'Algérie avait besoin d'un baril à 87,6 USD pour atteindre son équilibre budgétaire en 2016 contre 60 dollars en 2007 , 80 dollars en 2009, 125 dollars en 2010 140 dollars en 2012, 110 dollars/baril en 2015, Pour 2017, dans le cadre de la Loi de finance 2017, le niveau est proche de 75 dollars sur la base des dépenses et du déficit clôturé. Pour 2018, le projet de la Loi de finances complémentaire de 2018, approuvé le 5 juin 2018, par le Conseil des ministres prévoit une enveloppe de 500 milliards dinars supplémentaire (environ 4,4 milliards de dollars) en autorisations de programme, permettant de relancer une série de projets, notamment sociaux, gelés ces dernières années du fait de la tension financière sur le budget de l'Etat qui seront financées en concours temporaires par le Fonds national d'investissement (FNI). Aussi, au vu de la dépense publique actuelle, des dépenses improductives, des subventions généralisées sans ciblage, des surcouts et une mauvaise gestion pour ne pas dire corruption, il faut un baril dépassant les 100 dollars, pour ne pas puiser les réserves de change et éventuellement les augmenter, Mais avec grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l'Algérie peut sens sortir, possédant des atouts. L'endettement est faible, 20% du PIB, la dette extérieure 2,5% du PIB et le secteur bancaire reste capitalisé, le ratio de solvabilité étant de 17% au 01 janvier 2017. Mais soyons réaliste en analysant d'une manière objective la situation présente afin de corriger l'actuelle politique économique. La population algérienne a évoluée ainsi : 1950 8,87 millions d'habitants - 1960 11,27, - 1970 14,69, -1980 19,47, -1990 26,24, -2010 à 37,06 -au 1er janvier 2016 , 40,61 -au 1er janvier 2017, 41,3 -au 1er janvier 2018, 42,4 millions d'habitants et selon les extrapolations de l'ONS environ 51,026 millions 2050. L'on devra créer 350.000/400.000 emplois productifs par an avec un tau de croissance réel de 9/10% sur plusieurs années pour éviter de vives tensions sociales. Or, le blocage de l'investissement en Algérie ne réside pas en des changements de lois ou d'élaboration de stratégies utopiques, vision bureaucratique, comme on ne combat la sphère informelle par des mesures administratives autoritaires, mais en s'attaquant au fonctionnement de la société, devant nous orienter vers une société participative et citoyenne, en un mot instaurer la démocratie tout en ne reniant pas notre authenticité, le dialogue des cultures combattant tout forme d'intolérance. quant à la politique des subventions ciblées, cela suppose une large concertation sociale et un système d'information fiable en temps réel déterminant le poids de la sphère informelle dans la distribution des revenus et la répartition du revenu national et du modèle de consommation, pour ne pas pénaliser tant les couches défavorisées que les couches moyennes par un nivellement par le bas (voir A.Mebtoul www.google -1992). Attention à la précipitation par des comparaisons hasardeuses car l'économie algérienne es tune économie rentière et non une économie de marché concurrentielle. Par ailleurs le revenu net moyen algérien est en moyenne de 20% par rapport à celui de l'européen et comment faire pour que les segments consommateurs d'énergie dans toute la chaîne de valeur (boulangeries aux unités) ne puissent répercuter cette hausse dans le prix final, accélérant le processus inflationniste (voir quotidien El Moudjahid 09 juillet 2018 ,et,Ech Chaab 10 juillet 2018 A. Mebtoul) (Suite et fin) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international