La situation sécuritaire, politique et socio-économique, notamment suite à l'affaire récente de la cocaïne, les services secrets étrangers notamment US, selon certains médias américains et européens, prenant au sérieux cette affaire qui a pris une dimension internationale, les tensions géostratégiques au niveau de la région, la chute des prix du pétrole, avec la baisse drastique des réserves de change, suscite à l'extérieur des analyses prévoyant de sombres scénarios sur l'avenir de l'Algérie 2018-2022. Pour 2018, le projet de la Loi de finances complémentaire de 2018, approuvé le 5 juin 2018, par le Conseil des ministres prévoit une enveloppe de 500 milliards dinars supplémentaire (environ 4,4 milliards de dollars) en autorisations de programme, permettant de relancer une série de projets, notamment sociaux, gelés ces dernières années du fait de la tension financière sur le budget de l'Etat qui seront financées en concours temporaires par le Fonds national d'investissement et la planche à billets avec des risques inflationnistes. Aussi, au vu de la dépense publique actuelle, des dépenses improductives, des subventions généralisées sans ciblage, des surcouts et une mauvaise gestion pour ne pas dire corruption, il faut un baril dépassant les 100 dollars, pour ne pas puiser les réserves de change et éventuellement les augmenter, mais avec grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l'Algérie peut sens sortir, possédant des atouts. L'endettement est faible, 20% du PIB, la dette extérieure 2,5% du PIB. 4.-Eviter le scénario dramatique de 1986 et le rééchelonnement de 1994 horizon 2021/2022 Afin de démentir les sombres prévisions internationales, qui prévoient un scénario inquiétant pour l'Algérie horizon 2018/2020 et d'éviter le scénario dramatique des impacts de 1986, comme je l'ai suggéré devant le premier ministre et les membres du gouvernement le 04 novembre 2014, qui alors vivaient de l'illusion de la rente éternelle, il y a urgence d'un gouvernement de crise. La pleine réussite des réformes, processus complexe éminemment politique, implique de dépasser les positons partisanes étroites et de poser le rôle de l'Etat régulateur stratégique et son articulation avec le marché ce qui renvoie au mode de gouvernance tant local que national interconnectés aux turbulences de l'économie mondiale, l'Algérie étant un mono- exportateur d'hydrocarbures. L'Algérie doit s'adapter aux enjeux de la mondialisation, l'espace euro-méditerranéen et africain étant son espace naturel, surtout que la crise mondiale actuelle préfigure d'un bouleversement géostratégique et économique important. Cette adaptation est inséparable d'un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle, de l'économie de marché concurrentielle humanisée, loin de tout monopole, du respect du droit de l'homme, de la promotion de la condition féminine. Il est admis tant par les observateurs internationaux que nationaux sérieux que le développement de l'Algérie est possible sous réserve d'une bonne gouvernance et d'une réorientation de l'actuelle politique socio-économique axée essentiellement sur les infrastructures alors que la dynamique du développement repose sur des institutions centrales et locales crédibles, débureaucratisées, l'entreprise et son fondement l'économie de la connaissance. Car que constate-t-on actuellement : les Ministres, les walis ou hauts responsables reçoivent avec éclat sur le perron certains promoteurs privés nationaux vivant du transfert de la rente, alors qu'un grand chercheur ou professeur d'université de renom dans les pays développés est beaucoup plus important. Lorsqu'un ministre algérien ou un wali ou d'importants responsables civils ou militaires recevront avec considération de grands chercheurs des sciences exactes aux sciences humaines algériens et lui déplieront le tapis rouge, nous aurons assisté à un changement culturel de la mentalité rentière et cela suscitera l'espoir pour l'Algérie de demain Ignorer cette situation afin de garder son poste de ministre par des bilans déconnectés des réalités c'est faire preuve d'antinationalisme, d'un «après moi le déluge». Le temps en économie ne se rattrape jamais. Nous devons éviter l'activisme et des discours contradictoires entre plusieurs membres du gouvernement et mobiliser toutes les algériennes et algériens sans exclusive. La visibilité et la cohérence au sein d'une planification stratégique face tant aux nouvelles mutations locales et mondiales devient un impératif un gouvernement, qui doit être avant tout moral, sortie de crise afin de démentir les scénarios catastrophes. Contrairement à certaines discours déconnectés des réalités locales et internationales, la situation est grave et une réaction à la mesure de la gravité de la situation est urgente L'immobilisme et l'activisme ministériel sans impacts donneraient alors raison à ceux qui espèrent la désintégration de l'Algérie, ce qu'aucun patriote algérien ne souhaite. 5.- Pour un dialogue productif et un sacrifice partagé afin de garantir la cohésion sociale Sans verser dans la sinistrose, l'on ne devra pas oublier la réalité amère avec à la fois un cours du pétrole relativement bas et l'arrivée des terroristes de Syrie et d'Irak à nos frontières, sans oublier les tensions à nos fonctières Mali, Niger, Tunisie et Libye. L'heure est au réalisme afin d‘éviter l'expérience malheureuse vénézuélienne, la plus grande réserve pétrolière mondiale, un pays à fortes potentialités que j'ai eu l'honneur de visiter, mais un pays en faillite. D'où l'importance comme je l'ai suggéré devant le premier ministre et les membres du gouvernement le 04 novembre 2014, dont certains alors vivaient de l'illusion de la rente éternelle, à la fois d'un renouveau culturel et d'un gouvernement de crise, composé de femmes et d'hommes compétents, ayant une grande moralité pour mobiliser la population, car les années charnières seront entre 2018/2020. J'invite le pouvoir algérien et l'opposition d'oublier leurs différends afin de démentir les sombres scénarios, qu'il y a lieu de ne pas prendre à la légère, pour ne pas aller droit au FMI horizon 2021/2022. En cette nouvelle année 2018, je souhaite à notre chère patrie la sécurité et le développement et face aux tensions budgétaires à venir un sacrifice partagé. Gloire à nos valeureux martyrs qui ont montré une moralité sans faille, faisant passer les intérêts supérieurs de l'Algérie sur les intérêts partisans étroits, et qui nous ont permis de vivre dans une Algérie libre. Gloire à notre armée et forces de sécurité pour l'important travail réalisé en ces moments de tensions stratégiques à nos frontières. Il y a un lien dialectique entre sécurité et développement, un non développement accroissant l'insécurité et les tensions sociales qui ont un coût. Je suis convaincu que l'Algérie, a toutes les potentialités pour surpasser la crise multidimensionnelle à laquelle elle est confrontée. Cela doit passer par de nouveaux modes de régulation politiques, économiques et sociales, fondés sur un Etat de Droit d'autant que notre monde connait une crise morale qui implique une profonde mutation des relations internationales pour un univers plus solidaire, fondée sur une meilleure gouvernance locale et mondiale. Pour relever les défis futurs, se projeter sur l'avenir, loin de tout populisme dévastateur, par un langage de vérité des gouvernants. L'Algérie a besoin d'un retour à la CONFIANCE pour sécuriser son avenir, de s'éloigner des aléas de la mentalité rentière, de réhabiliter le travail et l'intelligence, de rassembler tous ses enfants et toutes les forces politiques, économiques et sociales, évitant la division sur des sujets secondaires, d'apprendre à respecter nos différentes sensibilités et donc les opinions d'autrui, par la culture de la tolérance. C'est ainsi que l'Algérie éternelle peut réaliser, le serment du 1er novembre 1954, un développement durable conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale à laquelle je suis profondément attachée. Il y va de la sécurité nationale. (Suite et fin) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international