Le gouvernement yéménite a conditionné son retour à la table des négociations avec les rebelles houthis à la libération de tous les prisonniers détenus par les insurgés, lors d'une rencontre dimanche à Ryadh avec l'émissaire de l'ONU pour le Yémen. «Il est nécessaire (pour les insurgés) de montrer de la bonne volonté avant le début des prochaines discussions, et cela à travers la libération de tous les détenus dans (leurs) prisons», a affirmé le Premier ministre yéménite Ahmed ben Dagher à Martin Griffiths, selon l'agence de presse yéménite Saba. M. ben Dagher a également exigé des rebelles «la facilitation de l'arrivée des aides humanitaires (...) dans les provinces du pays», dont certains ports et aéroports sont aux mains des Houthis. L'émissaire onusien tente depuis des semaines de relancer les pourparlers de paix au Yémen, ravagé depuis trois ans par une guerre qui a fait près de 10.000 morts, et qui est en proie à la «pire crise humanitaire au monde», selon l'ONU. Le conflit oppose les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par une coalition militaire conduite par l'Arabie saoudite, aux rebelles Houthis qui se sont emparés de vastes régions dont la capitale Sanaa. Plus tôt dans le mois, le Conseil de sécurité avait appelé «toutes les parties à s'engager de manière constructive dans (les) efforts» de l'ONU «pour progresser vers une solution politique» au Yémen. Il avait réclamé que reste ouvert le port de Hodeida, par où transite l'aide humanitaire internationale et qui a fait l'objet récemment d'une offensive des forces progouvernementales. Les Emirats arabes unis, un des piliers de la coalition militaire sous commandement saoudien, ont annoncé début juillet une pause dans ces opérations pour donner une chance à la médiation en cours de M. Griffiths. Dimanche, le ministre d'Etat aux Affaires étrangères émirati, Anwar Gargash, a écrit sur Twitter «espérer que l'effort politique de l'envoyé onusien (...) soit fructueux», menaçant de «libérer (militairement) Hodeida» dans le cas contraire. Selon Saba, M. ben Dagher a affirmé à M. Griffiths que les prochains pourparlers de paix devaient conduire au retrait «total (des rebelles) de la capitale Sanaa et des villes (qu'ils contrôlent), à l'abandon de (leurs) armes et au retour du pouvoir légitime». Le gouvernement reconnu par la communauté internationale a fait d'Aden (sud) la capitale provisoire du pays et une partie de ses membres vit en exil à Ryadh, lieu de résidence du président Hadi.