L'Envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, qui s'est réuni avec le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union national libyen (GNA), Fayez el-Sarraj, et plusieurs chefs militaires et sécuritaires pour consolider l'accord de cessez-le-feu à Tripoli signé le 4 septembre, envisageait jeudi de former une commission chargée d'appliquer cette accord. Le responsable Onusien n'a pas manqué de souligner que cette commission doit agir rapidement, pour mettre en place les nouvelles mesures sécuritaires dans la capitale et éviter de nouveaux affrontements. Cette commission a reçu l'accord de toutes les partis, sauf d'un seul, a ajouté Salamé sans toutefois donnait plus de détails. La Libye a connu une semaine des plus sanglante suite à une vague de violence qui se poursuit dans la capitale libyenne Tripoli, entre groupes armés qui s'ajoutent aux attaques terroriste du groupe autoproclamé «Etat islamique» (EI Daech) freinant les efforts de sortie de crise. Le climat délétère mène la vie dur pour les habitants. Après les affrontements qui ont fait au moins 63 morts fin août-début septembre, et l'attaque de l'EI contre le siège de la Compagnie nationale de pétrole (NOC) lundi, des roquettes se sont abattues dans la nuit de mardi à mercredi près du seul aéroport de la capitale encore en service, sans faire de victimes. Les services de sécurité libyens ont indiqué lundi que deux kamikazes avaient fait détoner leur charge explosive dans le bâtiment de la NOC, sans donner de précision sur le sort du troisième assaillant. L'attentat a fait deux morts et dix blessés parmi le personnel de la compagnie, selon le ministère de la Santé. Il a visé un secteur stratégique et vital qui fournit à la Libye plus de 95% de ses revenus. Le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daech) a revendiqué mardi l'attaque suicide contre le siège de la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) qui a fait deux morts, la veille à Tripoli, selon le centre américain de surveillance des groupes extrémistes Site. L'attaque de la NOC intervient quatre mois après un attentat revendiqué aussi par l'EI contre la Haute commission électorale, qui avait fait 14 morts, à Tripoli. A la suite des récents combats, un cessez-le-feu a été conclu entre groupes armés le 4 septembre sous l'égide de la mission de l'ONU en Libye (Manul), mais il reste fragile. Outre les roquettes dans le secteur de l'aéroport de Mitiga, des témoins ont fait état dans la nuit de mardi à mercredi d'une brève reprise des combats au sud de la capitale. Ces incidents ont provoqué une nouvelle suspension des vols, moins de cinq jours après la réouverture de l'aéroport, déjà fermé fin août du fait des combats. Tous les vols ont été déroutés sur Misrata, à 200 km de la capitale, a annoncé l'Office de l'aviation civile. Des efforts pour la mise en place de mesures de sécurité à Tripoli Toutefois, un cessez-le-feu a été globalement respecté depuis le 4 septembre, a déclaré mercredi le chef de la Manul, Ghassan Salamé, qui a fait quand même état de 14 violations de la trêve observées par l'ONU. M. Salamé a ajouté par ailleurs sur un ton menaçant que l'ONU connaissait l'auteur des tirs de roquettes sur l'aéroport, sans toutefois le désigner. Le gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, est basé à Tripoli M. Salamé a précisé que le GNA avait formé une nouvelle commission chargée de mettre en place des mesures de sécurité à Tripoli, conformément à l'accord du cessez-le-feu qui prévoit notamment la sortie des armes lourdes et des milices de la capitale. «Certaines de ces mesures ont commencé à être appliquées et d'autres le seront dans les prochains jours», a-t-il ajouté sans autre précision. Depuis le 27 août, les combats entre groupes rivaux dans le sud de cette cité de plus de deux millions d'habitants ont fait au moins 63 morts et 159 blessés. Le réseau d'électricité a été endommagé, provoquant des coupures toujours plus longues --jusqu'à 24 heures-- ainsi que dans le secteur de l'eau depuis une semaine, auprès d'une population déjà éprouvée par l'été caniculaire. Il y a lieu de souligné que la récente détérioration de la situation sécuritaire, compromet l'organisation d'une échéance électoral qui n'a pas beaucoup de chance de se produire dans ce contexte et qui est la seul manière selon les analystes qui permettrait au pays de sortir de la crise. Mercredi, l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre a indiqué que son pays estimait «essentiel d'organiser des élections dans le calendrier agréé» en mai, à savoir «des élections présidentielle et législatives le 10 décembre», qui permettront d'après Paris de sortir du statu quo. «Il est plus que jamais essentiel d'avancer dans la transition démocratique en Libye», a souligné le diplomate lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée aux derniers développements en Libye. Selon lui, «l'ennemi de la Libye et des Libyens c'est le statu quo» qui profite à «l'économie de prédation», «aux trafiquants» et à «la criminalité organisée». Les pressions de la France ont suscité des critiques notamment en Italie. «Le parcours politique en cours doit aller à son terme, en particulier à travers des élections ordonnées et transparentes, qui se déroulent dans des conditions adéquates de sécurité», a-t-il déclaré.