M ilitant pour la libération de l'Algérie de l'oppression coloniale, Maurice Audin fut arrêté en son domicile ce 11 juin 1957 par les parachutistes du Général Massu, pour être conduit dans une demeure de triage «avenue Georges Clémenceau», qui en fait n'était qu'une centre de torture de l'armée française qui avait durant la guerre d'Algérie la jouissance de droits spéciaux, c'est à dire en termes plus clairs, que les soldats avaient toute la latitude, de violer les lois républicaines, y compris les droits fondamentaux de la déclaration universelle sur les droits de l'homme votée en 1948 par l'ONU. Arrêté en pleine nuit vers 23 heures, sous les regards terrifiés de sa femme, et de ses trois enfants, dont un bébé de trois mois à peine, Maurice Audin âgé de 25 ans, exerçant comme assistant en mathématique à l'université d'Alger, est soupçonné selon l'accusation d'avoir caché des «terroristes algériens du FLN» activant durant la bataille d'Alger. Le mathématicien, militant français pour la cause de la libération du peuple algérien depuis ce kidnapping par l'armée, ne donnera plus signe de vie. Les autorités françaises prétextant que Maurice Audin s'est évadé le 21 juin lors d'un transfert de prisonniers, nieront 61 ans durant l'assassinat de l'époux de Josette Audin, aujourd'hui âgée de 87 ans, laquelle va sans relâche chercher à faire éclater la vérité sur les circonstances réelles d'un anticolonialiste qui est mort victime des sévices subis pendant plusieurs jours dans les locaux des tortionnaires. La tragédie de Maurice Audin à cette époque n'est pas un cas isolé. Des milliers de patriotes algériens ont, dans les centres, villas, et camps spéciaux des hommes de Massu et du général tortionnaire Paul Aussaresses pour Alger, endurés des atrocités morales, et physiques, pratiques légalement autorisées par la puissance française, qui avait cautionné ce système de renseignement barbare contre les partisans de la liberté. C'est ce qui explique la gêne des différents gouvernements français à reconnaître les pratiques dégradantes, et inhumaines dont ont usés et abusés certains soldats, et officiers qui s'étaient arrogés tous les droits. Ce déni de vérité sur les circonstances exactes de la mort de Maurice Audin, un déni, vieux de 61 ans au nom de la raison d'Etat, a été détrôné par le président de la République française Emmanuel Macron en admettant «ce jeudi 13 septembre 2018 pour la première fois, que le militant communiste Maurice Audin a été assassiné par les soldats français en 1957, tout en annonçant, l'ouverture des archives concernant les disparus français, et algériens durant le conflit», écrit le journal Libération. Le chef de l'Etat français a rendu visite à la veuve du martyr de la cause nationale, pour lui remettre une déclaration reconnaissant que son époux est «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France». Un assassinat pour lequel Emmanuel Macron a demandé «pardon» à Josette Audin. Ni De Gaulle, ni Pompidou, ni Mitterrand qui était ministre durant la guerre d'Algérie, ni Chirac, ni Sarkozy, ni Hollande qui se recueillera à la mémoire du martyr à la place Audin, en plein centre de la capitale en décembre 2012 lors de sa visite officielle en Algérie, ne franchiront le pas qu'a fait ce jeudi Emmanuel Macron, par sa reconnaissance de la vérité sur la réalité d'un système de répression abject basé sur la torture. «La France reconnait que le mathématicien Maurice Audin en 1957 a été une des victimes d'un système global, organisé par l'Etat français en Algérie. Le militant est «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France», a précisé l'Elysée tel que le rapporte Libération.