Le cours de l'or noir continue son jeu préféré, le yo-yo, qui fait monter et baisser les prix selon des facteurs qui relèvent de considérations diverses. Ainsi, début octobre, le prix du pétrole atteignait son pic le plus élevé depuis quatre ans, après avoir bondi en septembre, dopé par les inquiétudes des investisseurs à l'approche de l'entrée en vigueur des sanctions américaines contre l'Iran, prévue le 5 novembre, puis il s'est remis à chuter, brutalement pour le Brent, quelques jours avant cette date. Les 85 dollars, plus haut de quatre ans dépassé le 3 octobre dernier, paraissent déjà loin. Les cours du pétrole ont poursuivi leur recul vendredi après l'annonce par les Etats-Unis que huit pays bénéficieraient d'une dérogation temporaire pour acheter du pétrole iranien, sous le coup de sanctions américaines dès la semaine prochaine. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a clôturé à 72,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 6 cents par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de décembre a perdu 55 cents à 63,14 dollars. Selon les experts, plusieurs éléments expliquent ce retournement. Malgré les pertes iraniennes, la production de l'OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) a atteint un niveau plus vu depuis 2016. En octobre elle aurait grimpé de 390.000 barils par jour, à 33,31 millions de barils, selon une enquête de Reuters publiée mercredi dernier. Le lendemain, l'annonce de la production américaine de brut pour le mois d'août a également surpris les investisseurs. Selon les chiffres de l'Agence américaine de l'énergie (EIA), elle a bondi de 400.000 barils par jour en un mois pour atteindre 11,3 millions de barils. Dans un contexte de ralentissement de la demande, ces hausses de production et du niveau des stocks ont complètement éclipsé le risque iranien, pesant fortement sur les prix. A quelques jours du rétablissement des sanctions américaines contre les exportations de pétrole en Iran, Washington a indiqué que huit pays bénéficieraient de dérogations et seraient autorisés temporairement à continuer d'importer du pétrole iranien. La Turquie a dit faire partie de la liste des huit pays, qui sera dévoilée lundi. Parmi les autres figurent probablement la Corée du Sud, le Japon, l'Inde et peut-être la Chine. "Ces dérogations semblent être le motif du repli des cours", selon les analystes. Pourtant, au début du mois d'octobre, l'approche des sanctions américaines sur le troisième producteur de l'Opep, qui seront appliquées lundi, avait suffit à faire grimper les prix à leurs plus hauts niveaux en deux ans et demi. Mais les cours se sont depuis nettement repliés, de 13,46 dollars pour le Brent, au plus bas depuis août, et de 13,27 dollars pour le WTI, au plus bas depuis avril. Par ailleurs, le prix du panier de référence du brut de l'Opep s'est établi à 72,64 dollars le baril jeudi, contre 75,24 dollars mercredi, a indiqué l'Organisation pétrolière sur son site web. Introduit en 2005, le panier de référence des pétroles bruts de l'Opep comprend le Sahara Blend (Algérie), Girassol (Angola),Djeno (Congo), Oriente (Equateur), Zafiro (Guinée Equatoriale), Rabi light (Gabon), l'Iran Heavy (Iran), Basra Light (Irak), Kuwait Export ( Koweït), Es-Sider (Libye), Bonny Light (Nigéria), Qatar Marin(Qatar), Arab Light (Arabie Saoudite), Murban (UAE) et le Mery (Venezuela).