Le cours du Brent est coté dans la matinée du 11 novembre 2018 à 69,64 dollars le Brent (61,43 euros) et 59,84 dollars le Wit (52,78 euros) après avoir dépassé les 80 dollars le début octobre 2018. Or, depuis plusieurs décennies l'économie algérienne est tributaire de la rente des hydrocarbures et toutes les lois de Finances reposent sur l'évolution du cours du pétrole. Comme impact du cours du pétrole, le prix de cession du gaz étant depuis quelques années déconnectés du prix du pétrole (abondance de l'offre), une hausse d'un dollar en moyenne annuelle procurerait à l'Algérie pour une exportation de 1,4-1,5 millions de barils/jour, environ 500 millions de dollars supplémentaires soit à 70 dollars entre 10 milliards de dollars/an en référence au plancher de la loi de finances établie à 50 dollars, soit 1180 milliards de dinars au cours de 118 dinars un dollar, permettant de limiter le financement non conventionnel. Pour une production d'un million de barils/jour nous aurons un gain de 370/400 dollars et donc par an et toujours en référence au cours plancher de 50 dollars entre 7/8 milliards de dollars. Aussi, quelque soit le scénario, ce montant est insuffisant, sauf plus de rigueur budgétaire, meilleure allocation des ressources financières, ciblage des subventions, lutte contre les surcouts, et la corruption à travers les surfacturations. Par exemple et sous réserve d'une stabilité cours dinar/dollar, car l'artifice comptable du dérapage du dinar par rapport au dollar réduit artificiellement le déficit du trésor, avec un cours de 100 dinars un dollar, le déficit serait en augmentation de près de 20% avoisinant 21,24 milliards de dollars par rapport au PLF2019 où le déficit du trésor serait d'environ 18 milliards de dollars (au cours achat de 118 dinars un dollar), ce qui laisse prévoir le recours à sa monétisation par le biais de la planche à billets. Selon la banque centrale l'encours du financement conventionnel, communément connu sous le nom de «planche à billets», du Trésor par la Banque d'Algérie «est demeuré, à fin juin 2018, identique à celui de fin mars 2018», soit 3585 milliards de dinars, dont 2185 milliards de dinars au 4e trimestre de 2017 et 1400 milliards de dinars au premier trimestre de 2018. Certes, la poussée inflationniste n'est pas encore perceptible en 2018, mais les sondes de chocs ne se font sentir qu'après deux à trois années comme au Venezuela. Selon le FMI des mesures conjoncturelles sans vision stratégique, ce mode de financement aura aussi atteint ses limites à partir de 2020 avec le risque des taux d'inflation et de chômage élevés. Selon le ministre des Finances devant l'APN le 28 octobre 2018, le gouvernement a dépensé 1 000 milliards de dinars pour rembourser les dettes de Sonatrach et de Sonelgaz et le reste a été exploité pour booster l'investissement et pallier le déficit du Trésor public. Aussi, contrairement aux prévisions du directeur général du trésor, il faudrait en 2019 un cours d'environ 95/100 dollars le baril pour ne pas puiser dans les réserves de change et ne pas utiliser le financement non conventionnel (voir contre contribution www.algerie1.com). Et également contrairement aux discours politiques, existent des liens, outre l'impact inflationniste à terme, (déséquilibre offre/demande) entre le financement non conventionnel et la baisse des réserves de change puisque plus de 80% des matières premières et équipements sont importés et en mettant à la disposition des opérateurs des dinars, ceux-ci peuvent importer impactant la balance devises. Par une nouvelle gouvernance et une plus grande rigueur budgétaire qui permettraient la réduction des coûts par une bonne gestion, la lutte contre la corruption, un meilleur choix de l'allocation des investissements et donc un changement de cap de la politique, économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l'Algérie peut sens sortir, possédant des atouts avec un endettement extérieur faible, moins de 7 milliards de dollars et surtout la ressource humaine, richesse bien plus importante que toutes les ressources naturelles (voir notre interview à American Herald Tribune 11 aout 2018). Cela implique d'éviter à tout prix de vivre de l'illusion de la rente éternelle et penser en urgence, pour des raisons de sécurité nationale à un nouveau modèle de consommation énergétique (mix énergétique dont l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables dont le coût a diminué de plus de 50%) et surtout à une stratégie de développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, supposant de profondes réformes structurelles. Trois paramètres stratégiques déterminent l'avenir de l'économie algérienne : le cours du pétrole, l'évolution des réserves de change et la pression démographique (plus de 50 millions d'habitants en 2030), devant créer minimum 300.000/400.000 postes de travail nouveaux par an, nécessitant un taux de croissance annuel sur plusieurs années de 8/9% en termes réel. Pour relever les défis futurs, se projeter sur l'avenir, loin de tout populisme dévastateur, une nouvelle gouvernance, un langage de vérité et la moralité des gouvernants s'imposent. En ce mois de novembre 2018 et cela depuis des décennies, l'Algérie souffre actuellement d'une crise de gouvernance et non d'une crise financière. Mais cette crise de gouvernance risque de se transformer dans trois années en crise financière, économique et politique avec l'épuisement des réserves de change. L'Algérie, pays à fortes potentialités acteur déterminant de la stabilité de la région, a besoin d'une stratégie d'adaptation, face aux nouvelles mutations mondiales et énergétiques avec l'avènement de la quatrième révolution économique qui se fondera essentiellement sur l'économie de la connaissance à travers le digital et l'intelligence artificielle afin d'éviter la cessation de paiement horizon 2022 avec les risques de tensions sociales et la déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine avec des interférences étrangère, du fait que l'Algérie est un enjeu géostratégique, ce qu'aucun patriote algérienne souhaite. Aussi, l'Algérie a besoin d'une nouvelle stratégie, loin des slogans creux populistes, s'adaptant au nouveau monde, d'un retour à la CONFIANCE pour sécuriser son avenir, de s'éloigner des aléas de la mentalité rentière, de réhabiliter le travail et l'intelligence, de rassembler tous ses enfants et toutes les forces politiques, économiques et sociales, évitant la division sur des sujets secondaires Le devenir de l'Algérie doit l'emporter sur les intérêts personnels et partisans étroits. Il y va de la sécurité nationale. (Suite et fin) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international