La Grande-Bretagne a officiellement claqué la porte de l'Union européenne. Les dirigeants des 27 pays de l'Union ont approuvé, hier, l'accord sur le retrait britannique, ainsi que la déclaration ébauchant la relation post-Brexit avec ce pays. «Le Conseil européen approuve l'accord de retrait du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord de l'Union européenne et de la Communauté européenne de l'énergie atomique», peut-on lire dans la déclaration finale du sommet de Bruxelles, ajoutant vouloir instaurer la relation «la plus proche possible" post-Brexit avec Londres. Cette relation future a fait l'objet d'une "déclaration politique» séparée de l'accord de divorce, qui a également été approuvée par le Conseil européen. Si pour le locataire de 10 Down Street, Mme Theresa May, le Brexit constitue le «meilleur accord possible», ce divorce est qualifié par les européens de «tragédie». Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a estimé que ce retrait, qui doit être ratifié par le parlement européen et surtout par le parlement britannique avant de devenir effectif fin mars 2019, représente un «jour triste» dans la vie de l'Union. Toutefois, le procès-verbal du sommet réaffirme qu'un accord sur la pêche demeure «une priorité» et qu'il devrait être négocié avec le Royaume-Uni «bien avant la fin de la période de transition» fin décembre 2020. Dans des documents annexes, dont une lettre du représentant britannique au conseil européen ainsi qu'une lettre du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et du président du Conseil européen, Donald Tusk, au Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, des assurances sont données à l'Espagne sur le fait qu'elle aura son mot à dire dans les discussions sur la future relation entre l'UE et Gibraltar. Cette question du rocher de Gibraltar, territoire britannique situé à l'extrême sud de l'Espagne, a menacé l'organisation du sommet jusqu'à la veille de la rencontre. L'accord de retrait règle aussi la question de la facture que devra payer Londres à l'UE, sans la chiffrer, et prévoit une solution controversée pour éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord. Craintes et vieux démons A ce sujet beaucoup d'inquiétudes sont soulevées de part et d'autres. En effet, dans sa volonté d'orchestrer un «Brexit dur», qui signifierait une sortie du pays du marché unique européen, Theresa May a fait resurgir la menace d'un rétablissement d'une frontière physique entre les deux Irlandes, alors que celle-ci est devenue quasiment invisible depuis 1998. Dans un discours prononcé le 25 juillet 2016 à Belfast, la Première ministre britannique déclarait que «personne ne souhaite le retour des frontières du passé», tout en soulignant que la libre circulation entre les deux Irlandes est désormais «intenable», maintenant que le Brexit a transformé la frontière irlandaise en une bordure extérieure de l'UE.