L'entrée au port de Béjaïa d'un navire transportant dix-sept conteneurs remplis à ras bord de déchets déclarés sur la fiche au port comme étant du granulat matière première importée pour la production des produits plastiques, ont secoué le train-train qui caractérisait les activités douanières de ce port. Les 250.000 dollars représentants la facture payée par un importateur inscrit au registre de commerce à Biskra n'étaient pas faits pour permettre une bonne approche de ce dossier par les douaniers du port de Béjaïa. N'était la dénonciation anonyme parvenue à la direction générale des douanes à Alger, ces 17 conteneurs de déchets seraient entrés en Algérie sans aucune difficulté. D'autant que sur sa déclaration, l'importateur avait mentionné : «Granulat – matière première destinée à la transformation pour les produits plastiques». C'est dire que le train-train caractérisant depuis des mois les activités de contrôle douanier des importations devait prendre à défaut la vigilance des gardiens économiques à nos frontières. Le fait que le navire chargé des 17 conteneurs en provenance de Malaisie avait transité par la Turquie et États arabes du Golfe Persique dont les Emirats arabes. Il n'en fallait pas plus pour titiller la curiosité des responsables des douanes algériennes au plus haut niveau de cette institution. Même si le montant de l'importation est de 250.000 dollars, ces responsables ont pris très au sérieux la dénonciation. Elle aurait pour origine un concurrent de l'importateur fraudeur. La collaboration de ce dernier a été efficace pour l'arraisonnement du navire suspect qui, au lieu du granulat tel que déclaré, contenait des déchets. Il reste néanmoins que cette affaire fasse partie d'une opération tendant à faire de notre pays une poubelle de l'Europe. Selon nos sources, nombreux sont les opérateurs économiques spécialistes des opérations d'import/export qui veulent faire de notre pays, une grande poubelle. L'auteur de l'importation des 17 conteneurs en fait partie. À tout le moins, d'autres s'y installent pour négocier des prix ou en faire un centre de distribution. C'est-à-dire créer des stratégies leur permettant de redistribuer les déchets à travers différentes régions du pays et asseoir des prix de leurs prestations. Mais, il peut être considéré comme une poubelle privilégiée des déchets de l'Europe et de différents pays d'Asie. D'où la tendance à la répétition des assauts que subit notre pays face à des réseaux internationaux. Ces derniers veulent faire de l'Algérie un lieu de prédilection pour l'enfouissement de leurs déchets. Mais c'était sans compter avec la perspicacité des douaniers qui gagneraient à être très présentes aux frontières. Même si ces derniers mois les résultats des saisies et autres opérations de contrôle d'envergure sont en nette baisse, il n'en demeure pas moins que des coups ont été portés aux trafiquants dans tous les domaines. Cette affaire de saisie des 17 conteneurs est la première du genre concernant l'importation des déchets. Le fait que l'importateur ait déclaré qu'elle concerne une importation de matière première sous la forme de granulat alors qu'il s'agissait de déchets, implique nécessairement qu'il y a anguille sous roche. Doute que lève son associé. Tout en révélant qu'il est seulement actionnaire à hauteur de 13% au capital social, cet associé affirme ne pas être au courant des activités de l'entreprise. Mais tout de même, faire entrer tout un navire avec 17 conteneurs de déchets au port de Béjaïa relève d'une insulte faite non seulement aux autorités douanières algériennes mais également à l'Etat et à son peuple. Dans cette affaire, l'enjeu du transfert de fonds est latent. Il l'est d'autant plus que les frontières portuaires de Béjaïa, Skikda et Annaba sont devenues, inactives ou inefficaces en termes de saisies depuis des mois. Quelle, est la position de la ministre de l'Environnement et des énergies renouvelables Fatma-Zohra Zerouati à l'écoute de cette information faisant état de ces 17 conteneurs pleins à ras-bord de déchets ? On le saura par la suite peut-être après la rencontre entreprise il y a quelques jours par la ministre et le Chef de la délégation de l'Union européenne à Alger, John O'Rourke. La Sngid 2035 a été réalisée par des experts nationaux et étrangers en partenariat avec l'Union européenne et le consortium Ernest &Young et GTZ, à travers le programme d'appui de l'UE à la politique sectorielle de l'environnement Oui mais quelle serait son efficacité si des navires entiers chargés de déchets accèdent sans difficulté en Algérie pour y décharger leur poison ?