De l'élection d'Abdelkrim Medouar à la tête de la Ligue (LFP) à l'arrivée de Djamel Belmadi à la tête de l'équipe nationale, en passant par le titre de champion remporté par le CS Constantine après 21 ans de disette, le football algérien aura vécu une année 2018 assez mouvementée, marquée notamment par des actes de violence dans les stades et un arbitrage de plus en plus contesté. Plus de 20 mois depuis l'arrivée de Kheïreddine Zetchi à la tête de la Fédération algérienne (FAF), rien n'a changé, ou presque, dans un football national qui a besoin d'une véritable refonte, estiment les observateurs, dans l'optique notamment de relancer un professionnalisme aux abois. Parmi les faits saillants de 2018, figure l'arrivée de l'ancien capitaine des Verts, Djamel Belmadi, à la tête de l'équipe nationale en août dernier en remplacement de Rabah Madjer, dont les résultats n'ont pas plaidé en sa faveur. Ancien international (20 sélections/5 buts), Belmadi (42 ans) a exprimé sa «fierté» de retrouver l'Algérie en tant qu'entraîneur pour succéder à Madjer, remercié au bout de huit mois de collaboration avec un bilan de quatre victoires, dont une sur tapis vert, et quatre défaites. Pour Zetchi, Belmadi constituait «l'homme de la situation» et le «profil idéal» pour permettre à l'équipe de se relancer après deux mauvais castings (Lucas Alcaraz puis Madjer). Sous la houlette de l'ancien joueur de Marseille, les Verts ont retrouvé, un tant soit peu, des couleurs, parvenant à composter leur billet pour la prochaine Coupe d'Afrique des nations-2019 (15 juin-13 juillet), dont le pays hôte sera connu le 9 janvier suite à la décision de la CAF de retirer l'organisation au Cameroun. LFP : Kerbadj destitué, Medouar peine à assurer la relève Le 21 janvier, la FAF annonce sa décision de retirer la délégation de gestion des championnats au Conseil d'administration de la Ligue de football professionnel (LFP), impliquant le départ de son président Mahfoud Kerbadj. Elle a alors installé deux jours plus tard un directoire présidé par le membre fédéral Amar Bahloul pour gérer les affaires courantes. La FAF avait reproché à la LFP et à son ancien président de délivrer des licences aux nouvelles recrues hivernales de l'ES Sétif, alors que le club était interdit de recrutement en raison de salaires impayés. Kerbadj a expliqué sa décision par le souci de permettre à l'Entente de qualifier ses nouveaux joueurs en vue de la Ligue des champions d'Afrique, dont le déroulement du tour préliminaire était imminent. L'autre raison qui avait poussé le patron de la FAF à évincer Kerbadj reste le conflit né depuis l'arrivée du premier à la tête de la fédération en mars 2017. Les deux hommes entretenaient des relations conflictuelles. La FAF n'avait pas d'ailleurs hésité à le faire remarquer via un communiqué publié sur son site officiel, suite aux «absences répétées» de Kerbadj des réunions du Bureau fédéral.Plusieurs personnes se sont positionnées pour succéder à Kerbadj, mais au final il n'y a eu qu'un seul vainqueur, Abdelkrim Medouar, ancien porte-parole de l'ASO Chlef, élu le 21 juin devant Azzedine Arab, Mohamed El-Morro et Mourad Lahlou. Les premiers mois de Medouar à la tête de l'instance dirigeante de la compétition étaient plus compliqués que prévu. Le report du choc de la 13e journée USM Alger-JS Kabylie, qui devait se jouer le 6 novembre avant d'être reprogrammé trois jours plus tard, a fini par faire «exploser» le Bureau exécutif de l'instance. Cinq des six membres du Bureau ont ainsi décidé de se rebeller contre le président Medouar en gelant leurs activités en guise de contestation de ses décisions «unilatérales» prises depuis son élection. La bombe a été désamorcée quelques jours plus tard à l'issue d'une réunion provoquée par la FAF et au cours de laquelle Medouar s'est engagé à impliquer davantage ses membres dans les décisions. Bras de fer instances-clubs, l'arbitrage pointé du doigt Le début de la saison 2018-2019 a été entaché par le forfait du CR Belouizdad lors de la première journée à domicile face à l'AS Aïn M'lila pour dettes impayées. La sanction a été lourde pour le Chabab : défaite sur tapis vert (3-0) et défalcation de trois points. Globalement, la phase aller a été tristement marquée par un bras de fer entre certains clubs et les deux instances footballistiques nationales (FAF et LFP). Le premier couac a été provoqué par le président de l'USM Annaba, Abdelbasset Zaïm, qui s'est attaqué ouvertement à Zetchi et Medouar, suite à l'affaire des arriérés d'anciens joueurs. Une dette qui pourrait lui valoir une défalcation de 3 points. Alors que le président de la FAF a fixé une date butoir jusqu'à la fin de la saison, la LFP a signifié à l'USMAn qu'elle lui accordait un ultimatum de 15 jours à compter du 5 novembre dernier. «Si la FAF défalque des points à l'USM Annaba, nous allons saisir la FIFA et nous aurons gain de cause. La FIFA va ensuite sanctionner la FAF, c'est l'équipe nationale et les clubs algériens prenant part aux compétions étrangères qui payeront le prix fort. La FAF risque une sanction de deux ans», a menacé Zaïm. Avant d'enchaîner : «Je demande aux deux présidents de la FAF et de la LFP de régler ce problème en payant eux-mêmes cette dette, puisque ce sont eux qui ont créé toute cette cacophonie. En tout cas, moi, je ne payerai pas». La LFP a décidé de se dessaisir de cette affaire en faveur de la Commission de résolution des litiges (CRL). L'autre bras de fer est né suite au décalage pour 24 heures puis le report du choc de la 13e journée de la Ligue 1 entre l'USMA et la JSK (1-0). Une modification du calendrier qui a fait sortir le président kabyle, Chérif Mellal, de ses gonds, critiquant violement Medouar qu'il a tenu pour responsable d'une «campagne d'acharnement» visant son club. D'autres déclarations fracassantes lui ont valu le 20 novembre une suspension d'une année, dont six mois avec sursis. Elle a été réduite par la suite à trois mois fermes. Quinze jours plus tard, Medouar a tenu à calmer le jeu : «En tant que premier responsable de la LFP, je n'ai jamais réagi aux propos tenus par les responsables de ce club. La JSK reste un grand club historique de par ses nombreux titres et présidents qui ont défilé à sa tête. Ceux qui pensent que Medouar a le moindre problème avec la JSK, ils se trompent». Outre ces deux feuilletons qui ont terni l'image du football national, l'arbitrage a été souvent contesté. Il ne se passe pas en effet une journée de championnat sans que l'homme en noir ne soit mis au box des accusés. Même au niveau continental. Le 2 novembre dernier, l'arbitre international algérien Mehdi Abid-Charef est passé complétement à côté de son sujet lors de la finale (aller) de la Ligue des champions entre Al-Ahly du Caire et l'ES Tunis (3-1).Abid-Charef s'est attiré les foudres du club tunisien en accordant deux penalties aux Egyptiens, jugés «imaginaires» par l'EST, tout en recourant à chaque fois à la VAR (assistance vidéo à l'arbitrage). Quelques jours plus tard, le jury disciplinaire de la CAF a prononcé une suspension provisoire à l'encontre de l'arbitre algérien, également privé du Mondial des clubs qui s'est déroulé du 12 au 22 décembre aux Emirats arabes unis. Dans une de ses sorties médiatiques, le président de la FAF a reconnu qu'Abid-Charef «n'avait pas fait une grande finale» tout en évitant de l'enfoncer davantage.