Le court-métrage de l'Irlandais Vincent Lambe se penche sur l'affaire James Bulger, du nom du garçon de 2 ans tué à Liverpool en 1993 par deux autres âgés de 10 ans. La famille de la victime exige qu'il soit retiré de la sélection américaine et qu'il ne soit pas distribué. Leur pétition a été signée par 170 000 personnes. L'affaire a défrayé la chronique en 1993. Jon Venables et Robert Thompson, âgés de 10 ans, ont enlevé, torturé et tué James Bulger, 2 ans, à Liverpool. Le corps du garçonnet avait été retrouvé deux jours plus tard sur une voie ferrée, coupé en deux par un train. Horrifiée, l'Angleterre tout entière a porté le deuil. Les parents de James Bulger, Denise Fergus et Ralph Bulger, ont exigé ce jeudi du réalisateur irlandais Vincent Lambe qu'il renonce à distribuer Detainment, «garde à vue», son court-métrage qui s'inspire de l'affaire, et qu'il soit retiré de la course aux Oscars. D'une durée de trente minutes, le film se présente comme une «histoire vraie basée sur les retranscriptions des interrogatoires et des enregistrements». Une pétition lancée en soutien aux parents a reçu plus de 170.000 signatures. Chiffre qui grossit de jour en jour. «Je suis très triste et très en colère», s'est indignée Denise Fergus sur son compte Twitter. «C'est déjà problématique de faire un film sans contacter ou demander l'autorisation de la famille de James, explique-t-elle. Mais c'est encore plus grave de faire jouer à un enfant les dernières heures de la vie de James, avant qu'il soit brutalement tué. Et de faire revivre tout ça de nouveau à moi et à ma famille». Suivie par 50 000 personnes sur Twitter, Denise Fergus, qui a publié un ouvrage en 2018 sur le tragique épisode, a reçu une grande vague de soutiens sur Internet. «Pour Hollywood, ce n'est qu'un film de plus. Mais pour ma famille et pour moi, c'est un cauchemar», a commenté Ralph Bulger, le père de l'enfant, dans le Daily Mirror. Au grand dam des parents, l'Académie des Oscars n'a, jusqu'à maintenant, pas modifié sa sélection. «Un film important à réaliser» Interrogé par le London Evening Standard, Vincent Lambe avoue sa consternation. «Je pense que nous avons la responsabilité d'essayer d'éclairer ce qui s'est passé», justifie le réalisateur. «Si vous regardez le film, vous verrez qu'il n'y a rien de sympathique à l'égard des meurtriers», répond Vincent Lambe à ceux qui ont émis cette crainte. «J'ai beaucoup réfléchi pendant des années avant de me lancer et je suis convaincu que c'est un film important à réaliser», affirme-t-il. «Je pense que si nous les avions contactés [les parents de James Bulger], cela aurait complètement changé l'histoire. Il y aurait eu une certaine pression pour la raconter selon leur point de vue», poursuit-il, répondant à une critique que lui a adressée Denise Fergus. Jon Venables et Robert Thompson, les deux meurtriers, sont sortis de prison en 2001 à 18 ans, après huit ans passés derrière les barreaux. L'État leur a accordé de nouvelles identités pour éviter des représailles. «Ils peuvent aller n'importe où, je sais qu'il y aura quelqu'un pour les découvrir», avait alors menacé Denise Fergus. L'oncle de James avait, lui, estimé que «la mort est trop douce pour ces deux-là». Le genre de phrases dont se délectaient les tabloïds anglais. Le News of the World titrait «Morts dans quatre semaines» reprenant les propos d'un proche de la famille meurri. Jon Venables a de nouveau fait la une des journaux en 2010 et en février 2018. Reconnu coupable de possession de documents pédopornographiques, il a été condamné deux ans de prison la première fois, trois ans et quatre mois la seconde.