Résumé de la 4e partie - John et Robert sont inculpés de tentative d'enlèvement, enlèvement et assassinat... Le calme revient et seule subsiste une immense tristesse lorsqu'ont lieu, une semaine plus tard, le lundi 1er mars 1993, les obsèques de James B. À dix heures trente, le convoi funéraire, composé de quatre limousines noires remplies de fleurs blanches, parvient à l'église du Sacre-Cœur de K., une église sinistre en ciment et en béton à l'image de ce quartier de HLM où vivent Denise et Ralph B. Les voitures s'arrêtent devant le portail et quatre personnes portent le petit cercueil blanc, dont Ralph B., le papa. L'office a lieu. Simultanément, des messes sont dites dans toute l'Angleterre, notamment à la cathédrale Westminster de Londres. Dans son homélie, le père O'Connel se fait l'écho de la douleur générale : «Nous aimerions tant ramener les pendules deux semaines en arrière et rendre les choses meilleures, nous aimerions tant faire revenir James, mais nous ne le pouvons pas. James, qui va tant nous manquer, est désormais dans la vie éternelle où la souffrance et la peine n'existent plus.» Mais il tente tout de même de trouver des mots d'espoir : «Nous devons tous nous interroger. Ce décès terrible doit servir à édifier un monde meilleur, ou alors James sera mort pour rien.» À la fin de l'office est diffusée dans l'église une chanson de Michael Jackson, la préférée de l'enfant. Le chanteur a d'ailleurs envoyé un message de condoléances aux parents. Dehors, se tient une foule d'un millier de personnes, parfaitement digne et silencieuse. Elle suit le convoi, qui prend la direction du petit cimetière local. Les services municipaux sont passés auparavant pour le nettoyer, car il sert de lieu de rendez-vous aux drogués et il était jonché de seringues... Le cas des enfants de Liverpool est extrêmement rare et il a frappé d'horreur non seulement l'Angleterre mais le monde entier. Aussi convient-il de se demander comment une telle monstruosité a été possible. Il existe des exemples d'enfants meurtriers, mais ils agissent presque toujours dans le cadre familial ; le plus souvent c'est le meurtre du petit frère ou de la petite sœur dont on est jaloux ; plus rarement, il s'agit d'une agression contre un des deux parents. John et Robert, en revanche, ne connaissaient pas James, puisqu'ils l'ont enlevé par hasard, après avoir échoué une première fois avec un autre enfant. Alors, pourquoi un tel acte ? On ne peut que faire des suppositions, mais il est improbable que les deux jeunes meurtriers de Liverpool aient eu l'intention de tuer. Ils voulaient sans doute s'amuser à faire peur et même faire mal, avec toute la cruauté dont on est capable à cet âge. Seulement, leur victime a pleuré, s'est débattue et tout a dérapé. Pris de panique, ils l'ont supprimée. Leur attitude, lors de leur interrogatoire puis du procès de mise en accusation, montre qu'ils n'ont absolument pas conscience de ce qu'ils ont fait. La raison est à chercher dans leur environnement culturel. Tout ce qui banalise la mort peut conduire à déstabiliser l'enfant. En particulier les jeux vidéo où il suffit d'appuyer sur un bouton pour que le héros qui a été tué se remette à vivre. La télévision a, bien évidemment, elle aussi, un effet incitatif. Aux Etats-Unis, un enfant, après avoir vu Superman, s'est jeté par la fenêtre, croyant avoir les mêmes pouvoirs. Des films, violents, sadiques, peuvent entraîner le même effet mimétique. (A suivre...)