Les Algériens sont de nouveau, sortis, hier, vendredi, nombreux dans les rues d'Alger, manifester, à la suite des appels anonymes qui se sont multipliés sur les réseaux sociaux plusieurs jours avant. En fait, les manifestants s'étaient donné rendez-vous pour hier, 1er mars, déjà au cours du rassemblement organisé par le mouvement Mouwatana et les marches des étudiants qui se sont déroulées dans plusieurs universités du pays. Cette fois, les acteurs politiques se sont impliqués en annonçant à l'avance leur présence dans le cortège et n'ont pas manqué de se faire voir par les manifestants. Ceux-ci étaient composés de diverses catégories de la population avec une forte présence de femmes. Les mots d'ordre scandés au cours de la marche du vendredi dernier puis repris dans les manifestations qui ont eu lieu durant la semaine, ont été repris cette fois encore exprimant le refus d'un 5ème mandat pour le Président Bouteflika, auxquels se sont ajoutés d'autres slogans dénonçant la corruption. Le dispositif policier installé pour garantir le maintien de l'ordre n'a pas eu à intervenir, ce qui confirme à la fois les intentions pacifiques des manifestants et l'absence (ou la neutralisation ?) des provocateurs qui habituellement, s'infiltrent dans les rangs des contestataires pour dénaturer leur mouvement. Il n'en fut rien et c'est un point positif à mettre à l'actif de tous les Algériens, quelle que soit leur opinion ou position par rapport à la prochaine élection présidentielle du 18 avril. Mais, le plus remarquable, sans doute, hier, était dans les drapeaux algériens portés par les manifestants ainsi que les banderoles reprenant les mots d'ordre scandés, ce qui prouve qu'il y a eu un minimum de préparation. Les manifestants ont tenu à insister sur le caractère patriotique de leur action en entonnant l'hymne national Kassamen et le chant des moudjahidine «Min Djibalina». Les dizaines de milliers de personnes qui se sont retrouvées dans la rue hier après-midi, n'arboraient aucune couleur politique et ne répondaient à aucun encadrement partisan. Que fera le pouvoir ? On sait que dans ses réponses aux questions et observations des députés sur la Déclaration de politique générale du gouvernement, jeudi, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, cité par l'APS, a affirmé que «rien ne peut empêcher le peuple algérien de choisir souverainement le président de la République», insistant sur les garanties de "transparence" dans lesquelles se déroulera l'élection présidentielle. Par ailleurs, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a appelé, jeudi, les utilisateurs des réseaux sociaux à la prudence concernant des informations fallacieuses (fake news) largement relayées en vue de «manipuler l'opinion publique». La DGSN a cité le cas de la circulation sur les réseaux sociaux d'une information fausse faisant état du décès d'une journaliste ayant participé à un sit-in organisé à La Place de la liberté à Alger-centre, par les journalistes revendiquant le libre exercice de la profession et la consécration du principe du service public. La DGSN a démenti dans un communiqué cette «rumeur fausse et tendancieuse»: non seulement la journaliste n'a pas été arrêtée, mais victime d'une syncope, «elle été prise en charge médicalement avant de rentrer chez elle dans un état rassurant». Enfin, mardi à Tamanrasset, lors d'une visite de travail et d'inspection dans la 6e Région Militaire, le général de Corps d'Armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'Etat-Major de l'Armée nationale populaire (ANP), avait réitéré l'engagement de l'ANP à réunir «toutes les conditions nécessaires, permettant aux élections présidentielles de se dérouler dans un climat de quiétude et de sérénité» . Il avait affirmé, selon un communiqué du ministère de la Défense nationale, cité par l'APS, que l'Algérie a payé un lourd tribut afin de recouvrer sa sécurité et sa stabilité, et que la préservation de cet acquis très cher devrait être au moins à la hauteur de ce prix payé.