La Cour d'appel de Casablanca a confirmé les lourdes peines de prison prononcées contre plus de 40 manifestants et activistes du Hirak, malgré des allégations de torture, a déclaré l'ONG américaine Human Rights Watch. «Ce verdict d'appel choquant, qui maintient jusqu'à 20 ans de prison pour les manifestants du Hirak, est en partie fondé sur des aveux entachés de suspicions de torture et de contrainte», a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. «Cet accès de vengeance contre des activistes risque de se retourner contre le Maroc, alors que dans la région la colère populaire se répand dans les rues», a-t-elle ajouté. Parmi les accusés figure Nasser Zefzafi, le leader du Hirak, un mouvement de protestation socio-économique issu de la région du Rif, dans le nord du Maroc. En juin 2018, un tribunal de première instance avait condamné Zefzafi à 20 ans de prison et ses coaccusés à des peines allant de un à 20 ans, pour avoir présumément agressé des policiers, et dans certains cas mis le feu à des véhicules et un bâtiment de la police. Le tribunal s'était fondé sur les "aveux" des accusés, sans tenir compte de leur réfutation ultérieure desdits «aveux» ni de leurs allégations de torture, et ce malgré les rapports médicaux suggérant qu'au moins une partie des accusés avaient bien subi des violences policières. «La Cour d'appel aurait dû tenir compte de ces éléments et exclure toute preuve semblant avoir été obtenue par la torture», a affirmé l'ONG. La Cour d'appel de Casablanca a également confirmé la peine de trois ans de prison contre un célèbre journaliste indépendant, Hamid El Mahdaoui, accusé de ne pas avoir dénoncé une menace sécuritaire que Human Rights Watch a estimée douteuse. R.I