L'agitation plus médiatique qu'autre chose, autour de ce que l'ancien chef du gouvernement, Ali Benflis, appelle «la bannière amazigh», n'a été finalement qu'une tempête dans un verre d'eau. Dans son entretien accordé, hier, au Quotidien d'Oran, Ali Benflis estime que «l'emblème national et la bannière amazighe, sont chacun à sa place. L'emblème national est à sa place dans la Constitution comme symbole de l'Etat qui a guidé jusqu'à la mort des femmes et des hommes qui en tombant en martyrs ont permis que se lève l'Etat algérien libre et souverain. Quant à la bannière amazighe, elle est aussi à sa place, c'est-à-dire dans nos racines, dans notre histoire et dans notre identité. Evoquant la question de l'emblème national, le président du parti AHD 54, Fawzi Rebaine a estimé, samedi à Alger, que le drapeau de l'Algérie et les constantes de la Nation algérienne sont «connus» et qu' «il est inutile de nous créer d'autres problèmes dont nous pouvons nous passer et qui, en réalité, n'ont pas lieu d'exister». Quant à l'avocate Zoubida Assoul, elle pense que les poursuites engagées contre les manifestants qui portaient le drapeau berbère sont d'ordre politique et n'ont rien de légal. On sait que lundi, un médecin a été présenté devant un juge d'instruction près le tribunal de Bordj Bou Arreridj et placé en détention provisoire en attendant son jugement pour profanation de l'emblème national. Ce médecin est accusé de profanation de l'emblème national et d'incitation à la haine. Il est aussi accusé d'atteinte aux constantes nationales et d'atteinte à corps constitué. Rappelons également que dimanche, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed a ordonné le placement en détention provisoire de 13 personnes accusées d'atteinte à l'unité nationale en brandissant un drapeau autre que l'emblème national. Pour sa part, le juge d'instruction du tribunal de Bab El Oued a ordonné le placement en détention provisoire de cinq personnes accusées d'atteinte à corps constitué dans l'exercice de sa mission. Dans le même ordre, le juge d'instruction du tribunal de Bejaïa a décidé, hier, le placement en détention provisoire d'un individu qui a déchiré le drapeau national. Il faut noter que la marche qui a regroupé hier à Alger quelques centaines d'étudiants s'est déroulée dans le calme et avec uniquement le drapeau algérien. Le général de corps d'Armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, avait mis en garde, mercredi à Béchar, contre la «tentative d'infiltration» des marches populaires par une «infime minorité» de manifestants qui brandissent des drapeaux autres que l'emblème national. Pour certains, il s'agit d'un banal problème de bannière dont le caractère culturel est évident. Pour eux, il n'a jamais été question que cette bannière remplace le drapeau national. Cette bannière qui était vue, surtout pendant les matches de la JSK, et surtout en Kabylie, et qui a été portée par les manifestants venant de cette région du pays, a côtoyé le drapeau national durant les manifestations du vendredi, sans aucun problème, même s'il y avait une frange de compatriotes qui ne comprenaient pas que l'on hisse cette bannière dans la foule particulièrement à la Grande Poste. On dit même qu'il y a eu quelques fois une bannière des Ouled Naïl brandie par des marcheurs. Au cours de leurs marches de vendredi dernier, les Algériens ont rejeté tout germe de division ainsi que le régionalisme, et ont scandé des slogans en faveur de l'unité nationale. En fait, ce qui intéresse au plus haut point le peuple algérien, c'est la dénonciation des méfaits des membres de la «bande» dont les chefs sont incarcérés. Les Algériens ne cessent d'appeler à poursuivre et approfondir la lutte contre la corruption.