La capture du Quartier général tripolitain de l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar à Gharyan, d'où il a lancé une offensive sur la capitale Tripoli depuis des semaines, a porté un coup dur aux ambitions de l'homme fort de la Cyrénaïque mais permis aux forces du gouvernement de Tripoli de mettre la main sur du matériel sensible. Les miliciens de Tripoli ont capturé des missiles antichar FGM-148 Javelin de fabrication US ainsi que des obus à guidage laser de fabrication chinois. La présence du Javelin rappelle celle tout aussi mystérieuse du MBDA Milan franco-allemand entre les mains des rebelles libyens lors du renversement du colonel Gaddafi par l'OTAN. Les analystes libyens s'interrogent sur l'usage de cette arme dans un pays comme la Libye ne disposant pas de chars sophistiqués ou modernes. Ils estiment que le RPG-7 suffit à neutraliser la quasi-totalité des véhicules blindés des forces libyennes. Contre qui ces Javelin étaient-ils destinés ? Et d'où viennent-ils? L'évaluation de la situation en Libye par le site strategika 51 s'est révélée correcte. L'appui militaire turc au gouvernement de Tripoli a faussé tous les calculs des pays soutenant le maréchal Khalifa Haftar. Ce dernier ne parvient pas à avancer de 100 m en direction de Tripoli et ses forces demeurent bloquées à une dizaine de kilomètres du siège du gouvernement d'entente nationale. En cause, l'appui militaire turc à Tripoli, assuré par un pont aérien discret et de multiples navettes maritimes. La Turquie s'approvisionne en pétrole bon marché (à des prix inférieurs à ceux du marché international) à partir de la Libye. Les forces du gouvernement de Tobrouk (Cyrénaïque) sont fort en colère contre le rôle actif d'Ankara et le maréchal Haftar a ordonné d'abattre tout aéronef ou navire turc en Libye. Il a également ordonné de cibler les intérêts économiques et stratégiques turcs en Libye. « Les sites stratégiques turcs, les compagnies et les projets appartenant à l'Etat turc (en Libye) sont considérés comme des cibles légitimes par les forces armées ». Porte-parole officiel du maréchal Khalifa Haftar Des compagnies aériennes libyennes et privées assurent des liaisons régulières avec la Turquie depuis les aéroports de Tripoli et Misrata en Tripolitaine et des compagnies turques utilisent souvent des avions sans balise pour le fret spécial. Haftar a même ordonné à sa force aérienne de prendre pour cible des avions cargo et des navires turcs dans les limites de l'espace aérien et des limites maritimes territoriales libyennes mais ses forces sont loin de contrôler l'espace aérien et ne disposent d'aucun missile Air-Surface ou de missile antinavire. Des pétroliers turcs sous pavillon étranger ont déjà essuyé des tirs de canon AA (antiaérien) et des roquettes Grad mais la riposte de l'escorte navale turque dissuade toute nouvelle attaque. Les forces du gouvernement de Tripoli, soutenus par des unités des forces spéciales turques dénommés «les volontaires» et des membres des redoutables «Loups Gris» venus d'Anatolie, ont réussi plusieurs coups de main et ont pu ainsi s'emparer de la base arrière de Gharyan à 79 kilomètres au Sud-ouest de Tripoli avec l'aide des puissantes tribus Zenten (et donc une probable couverture électronique algérienne dont les capacités en la matière sont très avancées). Gharyan était le QG des forces de Haftar en Tripolitaine et le point de départ de son offensive sur Tripoli. Le maréchal Haftar bénéficie notamment de l'appui de l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, la France et l'Égypte, et accuse nommément la Turquie et le Qatar de soutenir ses rivaux en Tripolitaine. La guerre en Libye implique une dizaine de pays.