L'Algérie est arrivée à un tournant décisif où elle doit transformer et diversifier son économie afin de mettre un terme à sa dépendance au pétrole dont elle est otage depuis des années. La décision de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) et leurs alliés conduits par la Russie de prolonger leur accord jusqu'à 2020, aura des répercussions insidieuses sur l'économie nationale, dont ses chances de redressement actuellement sur le marché sont quasi nulles. Mise devant le fait accompli par les décideurs et les puissances mondiales, l'Algérie n'a d'autre choix que de respecter et d'approuver la décision. Elle doit garder inchangé le volume de sa production nationale, évalué à 1 million barils par jours dont le prix de vente est déterminé principalement par les mécanismes du marché concurrentiel, variable selon la conjoncture économique mondiale. Les recettes des hydrocarbures pour le premier trimestre 2019 ont reculé, en raison du fléchissement incessant des cours mondiaux du pétrole depuis le début du mois de janvier de la même année ou ils ont atteint un niveau historique depuis 2017. Ce qui a eu un effet immédiat sur le volume de la production nationale du pétrole ainsi que sur les investissements dans le secteur qui ont baissé drastiquement. Les choses se sont aggravées avec lancement du mouvement populaire qui a bouleversé le fonctionnement de plusieurs secteurs, notamment, publics, et immobiliser le secteur privé dont la plupart des gérants et propriétaires sont emprisonnés, qui risquent des peines lourdes et leurs salariés menacés de précarité. Un fardeau pour l'Etat qui ne peut en ces temps de crise assumer d'autres charges sociales et dont l'unique alternative actuellement est d'espérer le rebondissement des prix du pétrole à 116 dollars le baril, comme prédit par le Fonds monétaire international (FMI) afin d'équilibrer le budget. La décision de l'Opep et non Opep de maintenir le même quota de production estimé à 1,2 millions baril par jours pour une durée limitée peut s'avérer dangereux pour certaines économies entrées en récessions comme le Venezuela, l'Egypte, l'Irak. Un même sort réservé à l'Algérie s'il ne trouve pas d'autres sources de financement d'ici 2019. La mauvaise gestion macroéconomique et microéconomique, dont l'intérêt commun est de maintenir l'évolution des indicateurs financiers et économiques du pays explique aujourd'hui la dérive et la dépravation financière de tous les secteurs productifs qui ne s'adaptent à aucune logique et catalysant les finances publiques. La conséquence est que le pays est paralysé par l'absence de solution matérielle à la situation. La genèse de ce marasme est l'absence d'une économie diversifiée qui supplantera la dépendance du pays aux hydrocarbures. Depuis 2016, la faiblesse des investissements dans ce secteur ont conduit à l'affaissement des capacités de la production de la Sonatrach qui en dépit du constat alarmant a investi dans des raffineries et des projets infructueux à ce jour. S'ajoute à cette circonstance, la hausse des tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et ses adversaires (Russie, Iran, Chine et Turquie). La succession des tensions aujourd'hui s'est focalisée sur le risque d'effondrement de l'offre, mais aussi de la demande sur le marché catalysant les appréhensions d'une rupture d'approvisionnement en or noir. A ce niveau, il est difficile de définir la part du choc attribuable aux raisons de l'éboulement des prix du pétrole sur le marché dont l'anticipation sur la demande en baisse comparé au l'abondance de l'offre sur le marché. C'est la matrice qui détermine l'évolution des prix sur le marché ainsi que l'épanouissement de l'économie de certains pays, comme l'Algérie. Pour minimiser les risques de la récession, l'Algérie doit se préparer à contrecarrer un éventuel choc pétrolier ou crash financier irréversible. Les premières retombées de la décision unanime des 14 membres de l'Opep et non Opep de «maintenir le cap des limitations actuelles de production jusqu'à mars 2020» ont influencé négativement les cours du pétrole sur le marché mondial. Le prix du baril à clôturé la journée de mardi dans le rouge. Il s'est établi à 64 dollars, alors qu'à la veille de l'annonce de l'accord entre Moscou et Ryad, les prix ont rebondi légèrement. Une conséquence expliquée par le ralentissement de la croissance mondiale qui pèse les échanges commerciaux dans le secteur et surtout sur la demande. Dans tous les cas, cette extension de l'accord Opep et non Opep pourrait pencher davantage en faveur des Etats-Unis qui ont provoqué la hausse des tensions au Moyen-Orient et Amérique.