Visiblement diminué dans sa mobilisation, à cause des effets de la chaleur accablante qui règne sur l'Algérie depuis quelques jours, le «Hirak» de ce 23e vendredi consécutif, a été fortement marqué par le fait dominant dans l'actualité politique algérienne, à savoir la mise en place du panel de personnalités chargées de mener le dialogue national inclusif auquel a appelé le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, dans son discours du 3 juillet 2019. C'est le premier pas dans la voie qui mène à l'élection présidentielle. Inévitablement, le «Hirak» a donné des échos, au pluriel, reflétant la pluralité des opinions concernant la démarche volontaire, appuyée par le chef de l'Etat, qu'ont entreprises les six personnalités membres du panel pour commencer le dialogue, non pas avec le pouvoir, mais avec la classe politique, la société civile, le «Hirak», bref tout ce qui peut être représentatif dans le peuple algérien, à l'exclusion des institutions de l'Etat. Comme c'était prévisible, les «dégagistes», partisans de «yetnahaou gaâ» (tous doivent être limogés), présents surtout à la Grande Poste (Alger), ont rejeté sans hésitation ce «premier pas» d'autant plus qu'ils voient dans la démarche du panel un pas fait en direction du chef de l'Etat dont cette catégorie de manifestants, de toute évidence une minorité, estime qu'il n'est pas légitime. Ces manifestants sont critiqués par d'autres manifestants qui ne comprennent pas où ces extrémistes, comme ils les qualifient, veulent en venir. Nacereddine, cadre à la retraite, pense qu'il faut faire confiance aux membres du panel, surtout, ajoute-t-il, qu'il s'agit de personnalités indépendantes dont il est facile de vérifier aussi bien l'intégrité morale que la crédibilité et la compétence. D'autres manifestants comparent la situation du panel à celle de l'équipe nationale de football au début de la Coupe d'Afrique, après la victoire contre le Kenya, quand tout le monde a eu la même réaction, «il faut attendre le deuxième match», puis ce fut ensuite l'adhésion populaire à cette équipe. Pour le panel, «attendons son deuxième pas», lance Abdelkader, enseignant, qui a bravé avec un groupe d'amis la chaleur insupportable de l'après midi du vendredi, pour être au rendez-vous du 23 ème «Hirak» à la Grande Poste. En fait, en dehors d'une minorité qui s'obstine dans ses slogans extrémistes et nihilistes, sans formuler de propositions concrètes et recevables par tous, et qui se manifeste principalement à Alger et dans quelques autres grandes villes, la plupart des participants au «Hirak» expriment plutôt l'espoir de voir la démarche du Panel déboucher sur l'émergence d'une Autorité en charge de l'élection présidentielle dans tous ses aspects et à travers toutes ses étapes. Certains avancent des conditions qui recoupent les échanges entre le Panel et le chef de l'Etat, à propos des mesures d'apaisement au bénéfice de détenus, notamment pour ceux qui ont été arrêtés lors des manifestations du vendredi, parce qu'ils brandissaient l'emblème amazigh. Personne ne fait l'amalgame avec les membres de «la bande» (el ‘isaba) qui sont en prison pour des faits liés à la corruption ou liés à la conspiration contre l'Etat. Pour rappel, jeudi le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a reçu Karim Younès accompagné de Mme Benabbou Fatiha, Lalmas Smaïl, Lazhari Bouzid, Abdelwahab Bendjelloul et Benaïssa Azzedine, qui sont les personnalités nationales membres du panel appelé à mener le dialogue national inclusif auquel a appelé le chef de l'Etat lors de son discours du 3 juillet 2019. Dans le «Hirak», beaucoup reconnaissent qu'il s'agit de personnalités disposant d'une autorité morale incontestable, représentatives et consensuelles, crédibles, compétentes. Elles ont l'aval des acteurs de la société civile et du mouvement associatif, dont plusieurs d'entre elles en font même partie. Les membres du panel ont tenu avec insistance à préciser qu'ils ne sont ni les représentants du «Hirak», ni son porte-parole. Ils ont bien précisé les contours de leur mission. Mais, les extrémistes qui lancent des slogans nihilistes, n'hésitent pas à faire preuve de mauvaise foi pour faire passer leur rejet du panel. Ils passent sous silence le fait que les membres du panel sont solidaires du «Hirak» et de ses revendications légitimes. On sait qu'en réponse aux demandes des membres du panel, le chef de l'Etat a fait état de sa disponibilité à œuvrer pour que des mesures d'apaisement soient prises.