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Les 12 axes pour une élection présidentielle transparente
Publié dans La Nouvelle République le 24 - 08 - 2019

L'Algérie traverse une crise politique sans précédent depuis l'indépendance politique avec les risques d'aller vers une cessation de paiement fin 2021 début 2022 avec des incidence à la fois très graves sur le plan économique, social, politique et des impacts géostratégiques au niveau de la région africaine et méditerranéenne.
Le système politique hérité depuis l'indépendance, 1963/2019 tissant des liens dialectiques entre la rente et les logiques de pouvoir, trouve ses limites naturelles, incapable de résoudre les nouveaux problèmes auxquels est confronté le pays, les replâtrages accentuant la crise. Les partis politiques pouvoir / opposition et les sociétés dites civiles appendices des partis traditionnels se trouvent incapable de servir d'intermédiation politique, non crédibles aux yeux de la population, et donc incapables de contribuer à la socialisation politique.
Dans ce cadre, je tiens à formuler douze propositions
- Premièrement, En référence aux échos de déclarations de certains membres du Panel qui préconisent tantôt «une présidence de transition» tantôt «un mandat de transition» chargé de mener les réformes constitutionnelles, tout en saluant toutes les initiatives de dialogue, fondement de la bonne gouvernance et seule issue à la résolution de la crise, l'instance présidée par Mr Karim Younes ou tout autre organisation, n'ont aucunes prérogatives, ni populaire ni institutionnelle, pour une telle proposition, devant se limiter aux rôles qu'ils se sont fixés, de médiateurs, j'espère pour l'intérêt de l'Algérie que toutes les médiations réussissent.
- Deuxièmement, cette proposition est une violation directe de la constitution, de la Loi n° 16-01 du 6 mars 2016 - Journal officiel n° 14 du 7 mars 2016, dans son article 88 , bien que malmenée avec des interprétations différentes des juristes,(interprétation stricte ou extensive), contraires aux discours du Panel qui s'étaient engagés à la respecter, qui stipule deux mandats présidentiels, chacune de cinq années, non renouvelables.
- Troisièmement, cette proposition, outre qu'elle est contraire à la Loi fondamentale, ouvre la voie à une instabilité constitutionnelle préjudiciable aux intérêts supérieurs du pays tant sur le plan interne qu'international, car où serait la crédibilité un président «transitoire» ?
- Quatrièmement, pourtant, il est possible tout en respectant tant les règles de droit, que celle de la démocratie où l'urne transparente tranche, une déclaration «morale à la population algérienne (contrat moral) d'un ou de plusieurs candidats qui s'engageront à ne faire qu'un seul mandat.
- Cinquièmement, cette déclaration tendancieuse s'apparente une longue période de transition à travers une semi- constituante déformée et non la constituante réclamée par certains Partis qui a une certaine logique, rejetée tant d'ailleurs par le commandement de l'ANP que de la majorité des partis politiques. Car au vu des expériences historiques, cela durerait plus de trois à cinq années. La réussite de cette initiative, ce qui n'est pas du tout évident, passe par une entente entre les ldifférents segments politiques et de la société civile représentative, mais entre temps, le risque de la cessation de paiement avec le dictat du FMI et la perte de l'indépendance politique et économique.
- Sixièmement, le temps ne jouant pas en faveur de l'Algérie, il s'agira d'éviter des discours philosophiques vagues et souvent contradictoires que l'on voit actuellement sur les différents plateaux de télévisons où chacun par enchantement devient expert, les réunions interminables lassantes, la création de commissions ou de conférences sans objectifs précis, où les différentes composantes ont une vision différente tant que le plan idéologique que des projets socio-économiques, mais de prendre des décisions concrètes opérationnelles avant septembre /octobre 2019.
- Septièmement, il s'agit impérativement d'aller rapidement vers une élection présidentielle sous réserve qu'elle soit transparente, où les initiatives de médiation du Panel ou autres orgnaisations, puissent aboutir à une plateforme consensuelle de la majorité, l'unanimisme signe de décadence de toute société, n'existant pas en politique, loin des pratiques occultes du passé qui a vu la majorité de la population bouder les urnes, traduisant le divorce Etat-citoyens.
- Huitièmement, Cela implique forcément la création d'une instance indépendante de supervision des élections où ni l'exécutif (gouvernement- surtout le ministère de l'intérieur et les Walis ), ni les députés/sénateurs et représentants des APC actuels dénoncés par Al Hirak , ne seront parties prenantes, appartenant aux candidats et à la société civile de désigner ses représentants.
- Neuvièmement, l'actuel gouvernement composé en majorité d'anciens hauts fonctionnaires impliqués directement dans la gestion du passé et donc responsable de la situation actuelle, dont s'est fait l'écho la presse qui seraient impliqués pour certains de malversations ou de trafic dans les élections passées (voir accusation du RND ministère intérieur pour avoir favorisé le FLN pour la wilaya de Tlemcen) non démentis par les intéressés est rejeté massivement par la population, qui l'assimile à tort ou à raison du fait de sa composante à la fraude. Un nouveau gouvernement de techniciens «neutre», est nécessaire, compromis entre le pouvoir, l'opposition et Al Hirak, tant pour crédibiliser l'action actuelle de la justice que pour favoriser la réussite du dialogue , le président de l'Etat actuel par intérim continuant à assurer le fonctionnement de l'Etat sans s'immiscer dans les élections.
- Dixièmement, seul un président légitime «non transitoire peut amender la constitution et mener les profondes réformes tant politiques qu'économiques pour arrimer l'Algérie au nouveau monde, en faire un pays émergent et elle en a les potentialités, élu sur la base d'un programme transparent, incluant les revendications légitimes d'Al Hirak.
- Onzièmement, les axes directeurs devraient être la refondation des institutions et du système politique (reconnaissance de l'opposition), la restructuration dus système partisan et de la société civile loin de toute injonction administrative, l'Etat de droit et bonne gouvernance centrale et locale (décentralisation), la lutte contre la corruption, la bonne gestion des instituions et des entreprises, la valorisation du savoir et une nouvelle politique économique hors hydrocarbures dans le cadre des nouvelles mutations mondiales, (nouvelles technologies et intelligence artificielle).
- Douzièmement, il est impératif de résoudre rapidement la crise politique avant la fin de l'année 2019 ou tout au plus le premier trimestre 2020, pour éviter à l'Algérie l'épuisement de ses réserves de change fin 2021, début 2022, avec une très grave crise économique et sociale qui aura comme incidence, du fait des tensions géostratégiques au niveau de la région, la déstabilisation à la fois du pays avec des impacts négatifs sur la région méditerranéenne et africaine et donc le risque d'interférences étrangères, que nul patriote ne souhaite.
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul


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