Manipulés ou guidés dans leur lutte contre le pouvoir en place, les manifestants ont exprimé pour le 34éme vendredi consécutif de mobilisation populaire leur rejet des élections présidentielles ainsi que le projet de loi de finances et la loi sur les hydrocarbures. Une hostilité d'un autre genre plus structurée s'est emparée du mouvement populaire qui de plus en plus réorganise ses objectifs et priorise ses revendications selon les mutations politiques. Partis du boulevards Hocine Asselah, les premiers manifestants s'organisent en groupe et se dirigent vers la Grande-Poste, lieu de départ de la grande marche du vendredi. Le mot d'ordre pour cette nouvelle journée de colère populaire était : «Non au pouvoir militaire et à la spoliation des richesses sous-terraines du pays». Un nouveau slogan qui accompagne les anciennes autres revendications populaires criées par le peuple depuis plus de sept mois. Inconsolables, les manifestants lancent un cri de détresse et appellent à un élan de solidarité pour combattre la répression et la brutalité policière de ces derniers mois contre les marcheurs pacifiques. «Les mesures d'apaisement ont été ignorées dès que le panel a accompli sa mission au détriment de la volonté populaire», souligne Me Ammar, un avocat qui dénonce la répression et l'arbitraire que prône la justice algérienne qui «prononce des jugements inexpliqués sur des cas d'arrestations infondées», a-t-il ajouté. Un avis que partagent les autres manifestants qui dénonçaient toute forme de restriction et d'atteinte aux libertés individuelles. «Nous promettons de défendre bec et ongles nos droits et ce jusqu'à la libération des détenus d'opinion et la consécration de la volonté populaire», a signé Rania, jeune activiste pour les droits de l'Homme. Arrivant à la Grande-Poste, les premiers groupes s'installent et occupent le lieu en attendant l'arrivée des renforts, comme d'accoutumée après chaque prière du vendredi. Malgré la présence intimidante des forces de l'ordre qui tentent d'interrompre leur regroupement et leur action, les manifestants ignorent ces provocations et maintiennent l'ordre de leur marche. 14h00 passée, des milliers d'algérois rejoignent le mouvement qui a déjà formé son cortège et dressé ses slogans, affiches, banderoles et drapeau national de différentes dimensions. Le centre ville d'Alger assiste à son spectacle habituel et impressionnant de chaque vendredi, et ce, depuis plus de sept mois. La même ambiance, hargne, détermination et objectif d'un changement radical distingue la mobilisation populaire qui s'est engagée à maturer son projet populaire et son gage d'une Algérie nouvelle et démocratique.