En dépit des mises en gardes et rappels à l'ordre du ministère de la Justice, le mouvement de grève annoncé samedi par le syndicat national des magistrats (SNM) a été suivi à 96%, selon le communiqué du bureau exécutif du SNM. Le dernier remaniement opéré par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Belkacem Zaghmati, la semaine dernière, était à l'origine de l'insurge des magistrats qui contestent ce changement qualifié "d'inhabituel " et exigent, entre autres, la satisfaction de leurs revendications socio-professionnelles. En mettant à exécution leur menace, les magistrats bravent les interdits, malgré, le risque d'être sanctionnés. Trois jours après le mouvement de remaniement qui a touché plus de 2 999 magistrats sur tout le territoire national, le syndicat national des magistrats réagit et appelle à une grève nationale illimitée visant à paralyser l'activité judiciaire au niveau des tribunaux, et ce, dans l'objectif de faire pression sur les autorités concernées. Cette décision a été prise après plusieurs heures de concertation et de discussions qui se sont achevées par l'appel commun à observer une grève ouverte et qui a été largement suivie hier dans plusieurs wilayas. Toutefois plusieurs autres wilayas, en l'occurrence, Tindouf, Batna et Mascara se sont désolidarisées de l'appel à la grève et ont désavoué la démarche illégale suivie par leurs confrères et dénoncent une faute professionnelle grave. Ils ont exprimés leur rejet de la grève à travers plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux et relayées par les médias. Considérée comme une minorité, le syndicat national des magistrats (SNM) a estimé que la grève a été largement suivie dans plusieurs wilayas du pays, expliquant ainsi que leurs intentions et objectifs de ce débrayage étaient poussé le ministère de la tutelle à réviser sa stratégie et à satisfaire toutes leurs revendications socio-professionnelles afin de permettre aux magistrats d'exercer librement et sans pression leur profession. C'est ce qui a motivé leur décision de paralysie de l'activité judiciaire au niveau de tous les tribunaux nationaux. Dans son dernier communiqué datant du 26 octobre dans lequel le SNM avait appelé à une grève ouverte dès le 27 du mois en cours, il a été également question des activités concernées par ce blocage. Il s'agissait du «boycott de toutes audiences ainsi que le report à des périodes ultérieures le traitement des affaires judiciaires en cours sans exception, mise à part certaines affaires d'urgences», note la même source qui appelle tous les magistrats du pays à observer une grève illimitée jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Le SNM a instruit, également, les magistrats de ne pas signer les certificats de nationalité et les casiers judiciaires ainsi que plusieurs autres dossiers qui relèvent de leurs prérogatives. Répondant à l'opposition de certains magistrats de prendre acte de la décision du SNM et de participer à la grève, cette organisation a annoncé que des sanctions seront prises à leur égard, citant, à cet effet, le cas de celui de Tindouf. Expliquant qu'il «passera par la commission de discipline» et qu'il «fait l'objet d'un retrait de confiance». Affirmant à cet effet, que le premier jour de grève des magistrats a été suivi largement et sera maintenue en attendant la réponse du ministère de la Justice. Pour rappel, c'est la deuxième fois depuis le début du mouvement populaire, que les magistrats optent pour la voie de la rue pour faire valoir leurs revendications. Bien qu'elles soient différentes de la première, ils bravent les interdits et font fi de la législation afin de soutenir leurs propres intérêts bafoués par le dernier remaniement opéré par le ministère de la tutelle, inscrit dans le cadre de la lutte contre la corruption et dans l'objectif de l'assainissement du secteur de la justice de l'arbitraire et de l'abus d'influence. C'était dès le départ, le projet de M. Zaghmati qui avait promis de remettre de l'ordre dans le secteur. Ce qui a déplu, aujourd'hui, aux magistrats qui se révoltent.