Le ministre des Finances, Mohamed Loukal a exposé jeudi dernier devant les députés la situation critique des institutions et administrations publiques qui risquent la récession si le gouvernement n'opère pas de réformes structurelles. Ces restructurations et remises à niveau des mécanismes de gestions et de gouvernances de ces administrations permettront de réduire les charges sociales et stabiliser les dépenses de l'Etat. Annuellement, le gouvernement consacre 1.800 milliards de dinars pour soutenir les structures sociales. Ce qui n'est plus supportable à l'heure actuelle où les finances publiques sont au plus mal et le déficit budgétaire dépasse les 1.500 milliards de dinars. «Le déficit du budget de l'Etat avoisine les 1.500 milliards de dinars par an et si nous réduisons le montant de l'aide directe et indirecte de moitié, nous pouvons facilement combler ce déficit», a estimé le ministre des Finances lors de la plénière de l'Assemblée populaire nationale consacrée au débat du projet de loi de Finances 2020, évoquant la solution de la réforme de l'aide sociale en passant de l'aide généralisée à l'aide ciblée visant exclusivement les catégories vulnérables participera à diminuer le déficit budgétaire et réduire la dépendance de l'Etat au financement non conventionnel qui, malgré son gel temporaire, demeure en vigueur et soutiendra les caisses de l'Etat pour financer les secteurs publics suffoquant financièrement. «La réforme de l'aide sociale globale est impérative au regard du grand fardeau qu'elle constitue sur le budget de l'Etat», a-t-il souligné, invoquant ainsi l'engagement de l'Etat à prendre en compte les recommandations et l'aide technique de la Banque mondiale (BM) pour «définir les meilleurs mécanismes à adopter dans cette réforme à court terme», a expliqué le ministre, estimant, toutefois, que «la réforme des transferts est une opération longue, compliquée et sensible sur les plans économique et social, nécessitant une méthode globale de réforme et un examen rigoureux pour définir ses répercussions sur les citoyens». Aujourd'hui, le gouvernement est dans l'incapacité de résoudre tous les problèmes financiers qui accablent l'économie nationale, mais tente, néanmoins, à réduire les charges sociales fixes qui sont à l'origine des difficultés financières des administrations et entreprises publiques qui risquaient la faillite sans l'intervention des pouvoirs publics. Ces derniers ont fait appel à la planche à billets qui a pris en charge les dépenses de ces structures et réduit la menace, tout en épuisant le Trésor public qui en pâtira de la situation pendant des décennies. C'était le risque à prendre. «Ce financement non conventionnel constitue une dette à long terme pour le Trésor public qui la remboursera sur 30 ans avec un taux d'intérêt ne dépassant pas 0,5 %, estimant que «le fardeau de ce financement sur le Trésor public n'est pas aussi important», a déploré, M. Loukal, qui a, tant bien que mal, s'est montré rassurant concernant le recourt de l'Etat au financement extérieur qui n'est qu'une alternative pour cofinancer des projets stratégiques dont le rendement serait effectif et profitable pour l'économie nationale. «Ce financement ne peut être effectué sans le consentement du gouvernement et sera limité au financement des projets stratégiques et non à la subvention de la consommation», a-t-il rassuré, estimant dans le même cadre que le niveau de la dette extérieure de l'Algérie demeure parmi les plus faibles niveaux dans le monde, dont le taux n'excède pas les 0,78 % du produit intérieur brut (PIB), alors que le taux de la dette publique interne s'élève à 40 % du PIB. D'autre part, en répondant à la question sur la dévaluation perpétuelle de la monnaie nationale face à l'euro et au dollar, le ministre a voulu convaincre que «le Dinar algérien n'est pas en dégringolade mais au contraire sa valeur est bonne par rapport aux fondamentaux de l'économie nationale». Ce qui, en effet, traduit la situation catastrophique de cette dernière qui est dans le rouge depuis le début de la crise pétrolière en 2014, impactant directement les finances publiques, l'investissement et provoquant le déséquilibres des indices macro-économiques, en l'occurrence, la baisse de la croissance et l'inflation galopante. Sur cette question, le ministre a indiqué que «le taux d'inflation a connu une nette baisse, passant à 2,01 % fin septembre dernier contre 4,45 % fin septembre 2018», renvoyant les raisons de l'inflation à «l'intensification de réalisation des marchés de gros et de détail, le parachèvement de l'endiguement du commerce illégal et la lutte contre les pratiques frauduleuses, outre les mesures de la politique monétaire de la Banque d'Algérie pour absorber l'excès de liquidité et stabiliser le taux de change». Il a clôturé la plénière en énumérant les différentes dispositions du plf 2020 qui visent à redynamiser le secteur économique et réajuster les finances publiques.