Invité par la chancelière allemande, Angela Merkel, le Président Abdelmadjid Tebboune a pris part hier à la Conférence internationale sur la Libye, à Berlin visant à finaliser et approuver l'accord de cessez-le-feu à signer par les deux parties belligérantes libyennes. La première sortie diplomatique du Président s'étend vers un alignement avec l'Allemagne et d'autres alliés qui partagent sa vision sur le règlement pacifique du conflit libyen et faire signer l'accord de Berlin aux deux parties libyennes. Le Président a appelé, lors de son intervention à la Conférence de Berlin, le Conseil de sécurité de l'ONU à assumer ses responsabilités dans la crise libyenne et a mis en garde contre la dangereuse escalade des violences dans le pays. Il a, toutefois, réitéré devant les participants l'engagement de l'Algérie à contribuer à la résolution du conflit politiquement par le dialogue entre les deux parties belligérantes, rejetant toute immixtion étrangère dans les affaires internes de la Libye. Une position que partagent plusieurs pays dont l'Italie et l'Allemagne qui rejettent toute interférence étrangère, notamment, militaire dans le pays. C'est également l'objectif de la rencontre et de l'accord de paix de Berlin. Cet accord serait, probablement, suivi par l'envoi d'une mission militaire européenne pour exécuter la tâche de surveillance du cessez-le-feu. Les différents acteurs de la Conférence ont appelé, également, le Conseil de sécurité et de paix de l'ONU, de l'UA et l'Union européenne à sanctionner tous ceux qui entravent la mise en œuvre du processus de paix en Libye. L'Algérie avait déjà appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à assumer ses responsabilités et à agir rapidement. Cette position lui a permis un retour dans l'espace diplomatique et regagner l'intérêt des autres pays, après une absence de plus sept ans. Bien que la situation en Libye soit inquiétante et préoccupante et menace la sécurité des frontières et surtout d'aggraver l'économie du pays, l'Algérie pourrait considérer ce dossier comme une opportunité pour se démarquer et imposer sa vision sur la question, surtout au niveau régional. Une position confortée par l'absence de la Tunisie qui a décliné l'invitation et du Maroc qui n'a pas été convié à ce Sommet. Ce qui explique la volonté de l'Allemagne de garder l'Algérie comme allié au moment où d'autres alliances se formaient dans les coulisses dans d'autres pays. Cette complicité entre l'Algérie et l'Allemagne a permis de faire le tour d'horizon sur la question libyenne et décortiquer la situation des deux camps libyens qui s'entre-tuent depuis 2011 et surtout parvenir à une entente à moyen ou à long terme. Sachant que l'Algérie n'est nullement portée sur l'éventualité d'une intervention militaire en Libye et souhaiterait avec ses partenaires avorter toutes les tentatives de ralliement d'autres pays à la position turque. Ce qui pourrait compliquer la résolution du problème et l'aggravation de la situation. La solution du recours à la voie des armes et le soutien d'une intervention turque dans le pays n'a pas été écartée explicitement par certains pays tel que la Russie. Cette dernière est tentée quelque peu vers la proposition turque, notamment, après l'échec du Sommet de Moscou, organisé conjointement avec Ankara à faire signer l'accord formel du cessez-le-feu entre les deux parties opposantes. Plusieurs dirigeants et chefs d'Etats se sont mobilisés pour parvenir à convaincre le maréchal Hafter qui mène des combats depuis des mois en Libye et les milices du gouvernement libyen d'arrêter les combats et de signer un accord de paix. C'était l'objectif de la communauté internationale qui s'est réunie à Berlin en vue de mettre fin à la crise dans ce pays. Egalement l'objectif de l'Algérie qui s'emploie depuis des semaines à attirer l'attention de l'ONU et des parrains étrangers des deux parties belligérantes libyennes sur la nécessité d'une détente au lieu d'aggraver la situation par l'armement des deux adversaires pour que chaque protagonistes maintient ses intérêts sur le sol libyen. La vision et l'approche de l'Algérie sur la question était claire : faire prévaloir la solution politique et pacifique dans le conflit libyen et rejeter toute interférence étrangère dans leurs affaires internes. Depuis 2014, la diplomatie algérienne est à pied d'œuvre pour solutionner le problème libyen et minimiser le risque d'explosion de la situation. Le Sommet de Berlin était l'occasion pour l'Algérie pour exposer et imposer sa vision et surtout se rapprocher des autres pays. Ainsi contribuer à l'aboutissement de la Conférence organisée à Berlin, sous l'égide de l'ONU, à un accord à même de mettre fin à la crise libyenne. Plusieurs chefs d'Etat ont répondu présents à l'invitation de Merkel dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne), l'Algérie, la Turquie, l'Italie, l'Egypte, les Emirats Arabes Unis (EAU) et la République du Congo, président du Comité de haut niveau de l'Union africaine (UA) sur la Libye. Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, outre l'Union européenne (UE), l'Union africaine (UA) et la ligue des Etats arabes étaient également présents à cette rencontre décisive. Profitant de l'occasion, Abdelmadjid Tebboune s'est entretenu brièvement en marge avec son homologue turque Tayep Reccyp Erdogan avant le lancement des travaux de la Conférence. Il s'est également entretenu avec le président du Conseil européen, Charles Michel.