L'ordinateur a assimilé 150 morceaux et s'est appuyé sur les quelques partitions esquissées par le compositeur avant sa mort, explique «Le Parisien». Avoir recours à l'intelligence artificielle pour donner vie à la 10e symphonie inachevée de Beethoven ? C'est le projet ambitieux et insolite de la société allemande Deutsche Telekom, comme le rapporte Le Parisien. À l'occasion du 250e anniversaire de la naissance du mythique compositeur, l'entreprise tente de reconstituer sa dernière symphonie, qu'il avait commencé à préparer en griffonnant quelques esquisses çà et là, avant de mourir en 1827. Depuis novembre dernier, une équipe composée de musicologues, compositeurs et informaticiens travaille ainsi d'arrache-pied pour mettre au point une intelligence artificielle qui puisse reproduire le style de Beethoven. Les puristes diront certainement que cette idée est inconcevable. Pourtant, si l'intelligence artificielle engloutit suffisamment de données, elle a « la capacité d'établir des corrélations entre les différentes notes des partitions » et « peut définir mathématiquement ce qui constitue le style d'un artiste », affirme au Parisien Ahmed Elgammal, un professeur au département des sciences informatiques de l'université américaine Rutgers, qui travaille sur le projet. 150 morceaux assimilés Pour remplir sa mission, l'intelligence artificielle a ainsi assimilé, en langage informatique, 150 morceaux composés par Beethoven. Par la suite, l'équipe de Deutsche Telekom lui a donné les ébauches laissées par le compositeur, et a fini par lui demander de prolonger sa 10e symphonie en s'appuyant sur sa base de données. Mais les résultats déjà obtenus sont encore loin d'être convaincants. Les premières compositions de l'ordinateur seraient trop éloignées de l'œuvre du génie allemand, et l'entreprise a alors fait appel au compositeur Walter Werzowa pour lui donner des indications de travail. Pour ceux qui souhaiteraient se faire une idée des capacités de l'intelligence artificielle, deux extraits de son cru ont été mis en ligne en novembre. De l'avis d'un théoricien spécialiste de l'œuvre du musicien classique, interrogé par Le Parisien, « ça ressemble davantage à du Bach qu'à du Beethoven ». La version finale de cette 10e symphonie sera jouée publiquement à Bonn, en Allemagne, le 28 avril prochain.