Le journaliste marocain et militant des droits de l'Homme, Omar Radi, espionné par les autorités de son pays via un logiciel israélien, a été arrêté par la police judiciaire de Casablanca, dimanche soir, ont rapporté lundi des médias. Il a été arrêté avec son confrère, Imad Stitou, puis placé en garde à vue à Casablanca sur instruction de la justice, selon les médias qui citent une source sécuritaire. Omar Radi avait indiqué sur sa page facebook qu'il était soumis à une enquête judiciaire pour atteinte présumée à la «sécurité de l'Etat», en raison de liens présumés avec un «officier de liaison d'un pays étranger». «Je ne suis ni un espion, ni un agent à la solde d'agendas extérieurs», a ajouté Omar Radi. Il a affirmé avoir répondu, dans le cadre de cette enquête, à deux convocations, les 25 juin et 2 juillet 2020. Il a noté que ses activités «n'ont rien à voir avec le monde du renseignement» : «il est très banal que des journalistes, notamment ceux spécialisés en économie fournissent le type de travaux» qu'on lui reproche, a-t-il rétorqué. L'enquête le visant fait suite à un rapport d'Amnesty International, qui affirme que le journaliste était espionné via un logiciel de piratage israélien utilisé par les autorités marocaines. Samedi, Amnesty international avait dénoncé une campagne de dénigrement orchestrée par le gouvernement marocain contre son bureau à Rabat après des révélations sur l'espionnage dont a fait l'objet le journaliste. Amnesty avait indiqué, dans la foulée, que «ce n'est pas la première fois que des efforts sont déployés pour saper le travail d'Amnesty» au Maroc, soulignant que ces attaques «coïncidaient avec une répression croissante» dans le pays. «Des dizaines de militants des droits de l'Homme, de journalistes indépendants et de manifestants sont actuellement en prison», a dénoncé l'Organisation de défense des droits de l'Homme, avant de déplorer une obstruction aux activités de son bureau à Rabat. Les autorités marocaines ont un lourd passé dans l'instauration de mesures punitives pour détourner l'attention de leur sombre bilan en matière de droits humains, a rappelé l'ONG. Emprisonné en 2019 à la suite d'un tweet critiquant la condamnation à de très lourdes peines de prison de militants et citoyens engagés dans le Hirak (mouvement social) du Rif par la justice marocaine, Omar Radi a été libéré sous la pression d'une mobilisation nationale et internationale inédite. «Depuis plusieurs semaines, une campagne de lynchage et diffamation est orchestrée par plusieurs médias électroniques contre moi. En décembre dernier, j'ai été placé en détention pour un tweet. Je me retrouve à devoir réponde à des accusations ubuesques». Jusqu'où ira cet acharnement, s'est-il interrogé sur son compte facebook ?