L'origine criminelle des récents incendies de forêt (déclenchés de nuit) ne souffre d'aucun doute. Cette confirmation vient du colonel Farouk Achour, directeur de l'information et des statistiques à la Direction générale de la protection civile (DGPC), qui, en tant que spécialiste du feu, a expliqué pourquoi, de nuit, les conditions ne se prêtent pas au feu : la photosynthèse cesse la production d'oxygène, il y en a moins, et il y a plus d'humidité. Or, dans ce cas, il y a eu plusieurs foyers d'incendies, de nuit, sachant que la probabilité de naissance de départ de feu de nuit, est extrêmement faible. A moins qu'il y ait un nouveau phénomène naturel, s'interroge-t-il. Il estime que c'est très important de le savoir, pour pouvoir par la suite mettre en place des plans de prévention. Pour le colonel Farouk Achour, qui s'exprimait hier matin sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, «la piste criminelle se confirme absolument, ce qui s'est passé est très anormal, il est plus que judicieux d'entreprendre toutes les enquêtes nécessaires pour pouvoir déterminer où ça s'est passé, et comment ça s'est passé pour qu'on puisse tirer tous les enseignements et s'il y a des auteurs, comme l'a affirmé le Premier ministre, la justice va sévir, et c'est à partir de là que l'on peut vraiment savoir qu'il n'y a pas de phénomène naturel nouveau et que l'on puisse mettre en place tous les outils qui nous permette d'appréhender la saison prochaine avec un dispositif meilleur». Il note des similitudes avec les feux de forêts de 2012 et 2018 qui ont eu lieu dans des lieux inhabituels et pour lesquels il y a eu des enquêtes et des arrestations, et des personnes ont été traduites en justice. Il rappelle que durant l'été de 2012, une vingtaine de wilayas ont été affectées par de puissants incendies, à l'origine de la destruction de plus de 10.000 hectares de superficie boisée, particulièrement dans certaines régions où ces types de sinistres sont rarissimes. Après cela, précise-t-il, nombre d'arrestations ont, d'ailleurs, été effectuées, donnant lieu à de fortes condamnations pénales à l'encontre de leurs auteurs. Il pense que cela se passera de la même façon cette fois-ci. A propos du phénomène de la pyromanie, qui semble prendre d'inquiétantes proportions, le colonel Achour, estime que le patrimoine forestier a une importance telle qu'il faut des «sanctions exemplaires» contre ceux qui le mettent en danger. Les incendies prémédités entraînent des pertes en vies humaines, des destructions d'écosystèmes qui ont besoin de beaucoup de temps et d'efforts pour se régénérer, des destructions d'habitations, des pertes de sources de revenus qu'ils occasionnent à ceux chargés d'assurer la protection des forêts ou qui en tirent leurs moyens de subsistance. Le préjudice est énorme. Il note qu'il y a parfois des habitations qui sont à proximité ou en pleine forêt et les gens qui y vivent savent comment cohabiter avec la forêt. Il faudra y penser pour éviter les pertes humaines, fait-il observer. Il souligne que le plus important dans ce type d'incendies est la mise en sûreté des personnes et rend hommage aux citoyens qui ont eu un élan de solidarité quelque soit le risque. La Protection civile a commencé à donner une formation aux riverains des forêts pour leur permettre de savoir comment protéger les personnes, les habitations, les villages, en cas d'incendies dans une forêt. Concernant les récents incendies, le colonel Achour signale qu'ils ont été maîtrisés dans leur totalité, et qu'il y a zéro foyer d'incendies. Une évaluation des dégâts sera faite pour pouvoir y remédier. Le directeur des statistiques et de l'information à la DGPC, fait savoir que ce corps d'intervention, tend à parfaire ses règles d'efficacité opérationnelle, notamment en introduisant de nouveaux moyens de lutte contre les divers types de sinistres, particulièrement ceux mettant en péril le couvert végétal, mais aussi les autres risques. Il s'agit de l'introduction de nouveaux types de déplacements de renforts d'intervention dans chaque wilaya, appuyés par des moyens de surveillance satellitaires des zones forestières, ainsi que l'usage de drones, destinés à localiser avec davantage de précision les cœurs des foyers d'incendie. Après la phase d'évaluation de l'efficacité des équipements, qui est en cours, le choix sera porté su ce qui est le plus adapté aux conditions du terrain en Algérie.