L'Algérie a attendu longtemps pour entamer la dématérialisation du paiement, le développement du commerce électronique et la numérisation des services financiers avant de décider l'accélération de la transition numérique et financière. Mais reste encore loin du concept de la Fintech. Le confinement imposé par les autorités pour lutter contre la Covid-19 en 2020 a bousculé plusieurs secteurs y compris celui du paiement. En seulement quelques mois, nous avons observé et constaté une accélération inédite de la dématérialisation du paiement et du E-commerce au niveau local. Depuis 2020, l'e-paiement poursuit son ascension encouragée par les autorités qui mettent depuis, la pleine lumière sur l'importance de soutenir tous les acteurs informatiques et ceux du paiement électronique. «Le nombre de terminaux de paiement électronique (TPE) a évolué de près de 30% sur un an à la fin du 1er trimestre, mais demeure faible par rapport à la densité du tissu économique national», a noté le Groupe d'intérêt économique (GIE) Monétique dans son dernier bilan publié par l'Agence presse service (APS), estimant au total le «nombre des transaction réalisées par TPE à 483.801 transactions, durant les trois premiers mois de 2021, pour un montant global de 3,165 milliards de dinars». Concernant la valeur des transaction électronique en Algérie durant la même période, le rapport a fait état d'»une progression au premier trimestre 2021, portées notamment par le boom des paiements en ligne (+247,80% sur un an) et des paiements de proximité par TPE (+384,34%), avec une hausse appréciable des cartes interbancaires à plus de 10,7 millions de cartes». Ce qui correspond, dans le cadre légal, au «nombre des TPE qui a atteint à fin mars dernier 38.144 terminaux, contre 29.469 une année auparavant, soit une hausse de 29,44%». Ces chiffres ne reflètent pas la valeur réelle des transactions financières provenant du commerce électronique, investi par l'informel. Ce dernier continue de biaiser les statistiques officielles en l'absence d'une stratégie ferme de lutte contre l'informel dans le commerce électronique. Les acteurs du commerce en ligne préfèrent encaisser «cash» le coût de leur marchandise. De même pour le consommateur qui manque de confiance en les services de paiement en ligne (peu sécurisés). Alors que l'objectif de l'utilisation de l'e-paiement est de faire sortir les producteurs de l'informel qui cause des pertes colossales au Trésor public dépassant les 6.500 milliards de dinars. Le manque de moyen, de logistique ainsi que le vide réglementaire retardent la généralisation du e-paiement et le développement du e-commerce en Algérie. Pour contenir le secteur de l'informel qui s'est enraciné dans toutes les pratiques et secteurs économiques n'est pas une tâche facile et nécessite de la rigueur réglementaire dans la mise en œuvre de la nouvelle stratégie des pouvoirs publics pour accélérer la transition numérique et la dématérialisation du paiement et du commerce. Au préalable, sécuriser les transactions financières et moderniser les systèmes bancaires et financiers afin de protéger le consommateur contre les arnaques et le piratage. De même pour les acteurs informatiques et financiers. La modernisation du système bancaire algérien et la numérisation des services ou outils financiers sont indispensables pour développer le paiement à distance et s'adapter aux changements économiques internationaux. Beaucoup reste à faire dans ce domaine. Le GIE a, d'ailleurs, reconnu que «les chiffres restent loin des objectifs tracés par le Gouvernement ayant inclus dans la loi de Finances 2018, plus précisément dans son article 111, l'obligation faite aux commerçants de proposer à leurs clients un TPE pour régler le montant de leurs achats», ajoutant que «cette disposition a été modifiée par la suite, en élargissant cette obligation à tout instrument de paiement électronique, y compris le m-paiement». Les rédacteurs de ce rapport estiment que «même si le parc des TPE a été renforcé par 8.675 nouveaux équipements mis en exploitation, entre mars 2020 et mars 2021, ce chiffre reste insuffisant, au vu du nombre global des commerçants enregistré au niveau du Centre national du registre de commerce (CNRC) qui a atteint fin février dernier 2.145.067 commerçants», expliquant cette situation par «une offre locale limitée en matière d'équipements vu que la capacité de production de l'Entreprise nationale des industries électroniques (ENIE), principal fabricant de TPE en Algérie, ne dépasse pas les 600 unités/jour (300 TPE classiques et 300 smart)». Pour le GIE «l'option d'importation de TPE reste une solution de dernier recours», malgré le manque de production de TPE. Par ailleurs, il pointe «la couverture insuffisante de l'Algérie en termes de TPE à l'origine de la réticence des commerçants de s'équiper de ce moyen de paiement électronique faute de sensibilisation dans ce sens».