Les autorités algériennes s'efforcent depuis six mois à suivre une seule ligne qui repose sur la stratégie vaccinale nationale pour éviter un reconfinement de la population et de suspendre l'économie nationale à long terme. Le variant indien Delta et son mutant qui arrive à se faufiler en Algérie et avance à grande ampleur risque d'hypothéquer une reprise déjà mitigée de l'économie nationale et surtout de relancer le mouvement social. L'Etat n'a pas les moyens pour financer un nouveau plan de reconfinement et pour acquérir le vaccin anti-Covid-19. Cette crise a coûté au Trésor public plus de 22 milliards de dinars et la facture risque d'augmenter davantage avec la recrudescence du nombre de personnes affectées au Coronavirus, ces dernières semaines dû à la faiblesse du taux de vaccination (près de 2,5 millions d'Algériens vaccinés en six mois, ndlr) et l'abandon des gestes barrières. Le Gouvernement insiste sur la rigueur dans l'application de ces mesures et sur la vaccination. Le constat est clair : les personnes atteintes du Covid-19 sont celles qui ne sont pas vaccinées et qui ont renoncé aux mesures de prévention, particulièrement. Plus de 800 nouveaux cas sont testés positifs au Covid-19 et 39 malades sont admis en soins intensifs. Ces personnes sont soignées par l'Etat qui prend en charge depuis plus de 16 mois les malades et l'aménagement des services destinés au Covid-19 ainsi que les centres de vaccination. Malgré cette situation, les autorités veulent éviter toute mesure coercitive en cette période estivale, par exemple rendre la vaccination obligatoire, alors que la vaccination reste l'unique arme pour contenir la progression du virus. Inciter ou même contraindre les réfractaires à se faire vacciner par l'imposition d'un pass vaccinal est l'autre option qu'envisage les autorités qui se penchent depuis quelques semaines sur cette propositions faites par certaines membres du Comité scientifique chargé de l'évaluation et du suivi de l'épidémie en Algérie. Se faire vacciner et limiter l'accès aux espaces publics aux non-vaccinés est l'unique solution pour atteindre l'objectif de vacciner 70% de la population d'ici la fin de l'année et pouvoir relancer effectivement l'économie nationale et poursuivre le programme des réformes dont l'exécution est contrariée par la crise sanitaire. La période de confinement a mis à genoux l'économie nationale fragilisée par la baisse des revenus pétroliers, la hausse des dépenses publiques et des déficits structurels. La crise financière que traverse le pays aujourd'hui est le résultat de longues années d'anarchie et de mauvaise gestion des finances publiques, plombée par la crise sanitaire inédite. Si l'Etat exclut le retour au confinement total de la population, c'est à cause de le pays a dû vivre pendant 16 mois. Financièrement, le pays ne peut faire bouger le curseur et risque dans l'absolu adopter des mesures drastiques et même austères pour éviter le scénario libanais ou tunisien qui font face à l'effondrement de leur économie et de la société. Certes, le reconfinement de la société pour mieux organiser et accélérer la campagne de vaccination reste la solution idéale, mais la réalité est plus complexe. L'effondrement des indices macro et micro- économique en disent long sur la gravité de la situation financière du pays. Revenir au confinement sans se concerter avec les opérateurs économiques et les partenaires sociaux pourrait ranimer le désordre social et la faillite des entreprises économiques. Ceux qui analysent de près la situation citent, sans cesse, l'exemple de la Tunisie assaillie par la Covid-19 et sa mutation indienne, où les nouveaux cas touchent particulièrement les plus jeunes et ceux qui ne sont pas vaccinés. Un scénario que craignent les professionnels de la santé qui lancent des messages d'alerte depuis des semaines sur l'aggravation de la situation épidémiologique dans le pays. Il faut se préparer à toute éventualité, en effet, et pour se préparer, il faut se diriger vers les centres de vaccination. Réfléchir à d'autres moyens pour convaincre les récalcitrants à se faire vacciner, quitte à multiplier le nombre de caravanes de vaccination qui sillonneront les administrations et les entreprises pour soutenir leur rythme d'activité et ne pas sombrer davantage. Malgré les divergences entre certains professionnels de la santé et le Gouvernement, le retour au couvre-feu et au reconfinement strict ne sont pas envisageables, à priori.