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Cinq scénarios pour préserver les réserves de change
Face aux turbulences géostratégiques et aux tensions budgétaires
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 12 - 2021

Une gouvernance mitigée combinée aux impacts de l'épidémie de Covid-19 a entraîné une dégradation des indicateurs macroéconomiques et macrosociaux.
Cette présente contribution est une brève synthèse concernant le volet socio-économique, ayant abordé lors des débats le volet géostratégique et celui de la défense/sécurité au niveau de la région méditerranéenne et africaine et la place de l'Algérie, de la conférence donnée juin 2021 à Alger, devant les représentants des pays de l'Union européenne -ambassadeurs et attachés économiques et politiques, qui est le prolongement de la conférence donnée le 19 mars 2019 de 14-16h à l'Ecole supérieure de guerre MDN et le même jour au siège de l'ambassade de 19-20h30 devant les attachés économiques de l'Ocde, ayant été initiée par l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique, sur le thème «l'impact de la baisse des hydrocarbures sur les équilibres macroéconomiques et macrosociaux de l'Algérie», où nos prévisions se sont malheureusement avérées justes. Mais avons-nous été écoutés ? L'Algérie aura, en principe, un nouveau gouvernement, après les élections législatives du 12 juin, au plus tard courant juillet 2021 et nombreux sont les défis qui l'attendent et ce dans une conjoncture de crise mondiale qui touche tous les pays de la planète due à l'épidémie de Covid-19, avec une dette publique mondial et un taux de chômage sans précédent, depuis la crise de 1929. Mais l'expérience historique montre que l'instauration de la démocratie ne se fait pas à l'aide d'une baguette magique, les pays occidentaux ayant mis des siècles et ne pouvant plaquer sur un corps social des schémas d'autres pays, devant tenir compte des anthropologies culturelles.
Une gouvernance mitigée combinée aux impacts de l'épidémie du coronavirus qui a touché toute la planète, a entraîné, une dégradation des indicateurs macro-économiques et macro-sociaux. Le taux de croissance du produit intérieur brut qui détermine le taux d'emploi, est en nette diminution, estimé en 2020 à 160 milliards de dollars et selon le FMI de 153 milliards de dollars pour 2021. Cela s'explique par la léthargie de l'appareil de production impacté tant par sa structure passée que par l'épidémie de Covid-19, (selon le patronat, une perte d'emplois d'environ 500 000 uniquement dans le Btph) et le tissu économique fonctionnant à peine à 50% de ses capacités.
Les réserves de change qui tiennent à 70% la cotation du dinar, sont passées de 194 milliards de dollars fin 2013, à 62 milliards de dollars à fin 2020. Qu'en sera-t-il fin 2021 avec toutes les restrictions qui ont paralysé tout l'appareil de production en 2020 ? Sur le plan macrosocial, selon le FMI, le taux de chômage incluant la sphère informelle et les emplois rente, devrait atteindre 14,5% en 2021, et 14,9% en 2022, contre 14,2% en 2020, ce taux dépassant les 20/30% pour les catégories 20/30 ans et paradoxalement les diplômés. L'inflation qui sera de longue durée, fonction des réformes structurelles entre 2000-2020, selon, les données de l'ONS dépasse, cumulée, 90% et sera supérieure en cumulant l'année 2021 de 100% accroîtra la détérioration du pouvoir d'achat et les revendications sociales.
Concernant les caisses de retraite, selon le ministère du Travail, en date du 8 avril 2021 le déficit financier de la CNR pourrait atteindre 690 milliards de dinars en 2021, le nombre de retraités dépassant les 3,3 millions, la CNR enregistrant un taux de cotisation, estimé à 2,2 travailleurs pour chaque retraité alors que pour un équilibre, le taux de cotisation devrait atteindre cinq travailleurs pour un retraité. Encore que les transferts sociaux et subventions généralisées, qui représenteront 23,7% du budget général de l'Etat et 9,4% du PIB pour l'exercice 2021 sont intenables dans le temps.
La majorité des exportations
relève de Sonatrach
L'Algérie dépendra encore pour longtemps des hydrocarbures. Après la dernière réunion de l'Opep+ début juin 2021, le quota de l'Algérie augmentera légèrement en juillet, de 14 000 barils/jours, relative à une augmentation de 441 000 barils/jour de leur production le mois de juillet 2021. Cela donnera une recette additionnelle pour les six mois du second semestre 2021 au cours de 65 dollars le baril, moyenne annuelle 166 000 dollars, un montant très modeste. Mais l'on ne doit pas oublier selon les rapports de l'Opep de mai 2021 que la production algérienne de pétrole est passée de 1,2 million de barils/j entre 2008-2010 à environ 850 000 barils/j en mai 2021 et que les exportations de gaz (GNL et GN à travers les canalisations Transmed via Italie et Medgaz via Espagne) sont passées d'environ 65 millions de mètres cubes gazeux à 41/42 milliards de mètres cubes gazeux en 2020 et où le cours sur le marché libre est passé pour la même période de 10/12 dollars le Mbtu à 2,5-3,0 dollars le Mbtu. Aussi, les recettes totales en devises (pas le profit net devant retirer les coûts) d'exportation seront un petit plus élevées que prévu dans la loi de finances complémentaire 2021, à environ 26/27 milliards de dollars. Et comme la majorité des exportations relève de Sonatrach, ce montant est fonction du cours du pétrole s'il se maintient entre 60/65 dollars et du gaz (33% des recettes de Sonatrach). L'on devra tenir compte de la baisse en volume tant du pétrole que du gaz d'environ 20/25% entre 2008-2020. Cette situation impose en urgence la publication des décrets d'application de la nouvelle loi des hydrocarbures qui accusent un retard intolérable, et éventuellement d'autres amendements pour tenir compte de la forte concurrence internationale avec le retour de l'Iran et de la Libye sur le marché et de la nécessaire transition énergétique. L'Algérie est un producteur marginal, les réserves de pétrole étant d'environ 10 milliards de barils et entre 2 000/2 500 milliards de mètres cubes gazeux selon les déclarations en 2020 de l'ex-ministre de l'Energie. Au rythme actuel, l'Algérie ne pourrait plus honorer ses engagements internationaux du fait, notamment de la forte consommation intérieure qui en 2030 dépassera les exportations actuelles (subventions généralisées et non ciblées). Aussi, l'objectif est d'accélérer la transition énergétique devant s'orienter vers un Mix énergétique où en plus l'Algérie possède d'importantes potentialités dans l'agriculture, le tourisme, les nouvelles technologies, ayant une importante diaspora et dans les énergies renouvelables mais ne devant jamais oublier que le fondement du développement du XXIe siècle repose sur la gouvernance à travers des décentralisations (grands pôles économiques régionaux) évitant le mythe d'entités locales administratives budgétivores et bureaucratiques et la valorisation du savoir.
Nouvelle gouvernance
Quels sont les scénarios possibles devant être réalistes, pouvant être combinés pour préserver les réserves de change à un niveau raisonnable, car dépenser sans compter et sans renouvellement de la gouvernance et la politique socio-économique serait suicidaire pour le pays le conduisant à la cessation de paiement courant 2022. Le premier scénario est un cours du pétrole supérieur à 90/100 dollars et du cours du gaz supérieur à 7/8 dollars le Mbtu, l'Algérie fonctionnant dans le cadre de la loi de finances 2021 à plus de 130 dollars le baril, un scénario dans la conjoncture mondiale actuelle irréalisable. Tenant compte d'une augmentation future de la production Opep, de l'entrée de l'Iran et la Libye, le cours moyen entre 2021-2022 s'il y a augmentation de la production en volume physique et une en reprise de l'économie mondiale devant se situer entre une fourchette de 60/65 dollars, niveau défendu par les plus grands producteurs, l' Arabie saoudite et la Russie. Le deuxième scénario est une exportation hors hydrocarbures entre 2021-2022 au sein de filières internationalisées approchant 10 milliards de dollars. Or, le secteur industriel représente moins de 6% du PIB, plus de 95% du tissu économique en 2021 étant constitué d'unités personnelles, de petites Sarl, peu initiées aux nouvelles technologies et aux commerce international, dépendantes pour plus de 85% des matières premières de l'extérieur.
Il sera difficile d'atteindre les exportations algériennes hors hydrocarbures pour 5 milliards de dollars (USD) d'ici fin 2021. Plus de 70% des exportations selon les statistiques douanières sont constituées de semi-produits en majorité des dérivées d'hydrocarbures, et le montant réel hors dérivées hydrocarbures ne devrait pas dépasser les 2-2,5 milliards de dollars, mais devant pour avoir le profit net retirer toutes les matières premières brutes ou semi-brutes importées en devises. Le troisième scénario est une restriction drastique des importations ce qui ne peut conduire à une inflation du fait du déséquilibre offre/demande et de vives tensions sociales en paralysant toute l'activité économique, alors que l'objectif étant la redynamisation de l'appareil productif, une meilleure gestion et la lutte contre la corruption renvoyant à une nouvelle gouvernance. Le quatrième scénario est un endettement extérieur ciblé qui n'est pas une tare s'il permet une balance devises profitable à l'Algérie, donc pas d'impacts sur le niveau des réserves de change, mais supposant une stabilité politique, juridique et une cohérence dans la politique socio-économique. Le cinquième scénario est un partenariat gagnant-gagnant pour des segments à valeur ajoutée.
Emergence des réseaux décentralisés
En conclusion, en attendant la nécessaire reconfiguration politique à travers la refondation de l'Etat afin que les partis politiques et la société civile puissent jouer la fonction d'intermédiations, les anciennes organisations étant des appendices bureaucratiques rentiers déconnectés de la société, un défi majeur pour asseoir la démocratie, l'Algérie est une pièce maîtresse de la stabilité de la région, à travers les actions de l'ANP et les différents services de sécurité. C'est que les enjeux au Maghreb et au Sahel préfigurent d'importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques dans une zone sensible rentrant dans le cadre de la nouvelle stratégie mondiale à laquelle l'Algérie ne saurait échapper. Car toute déstabilisation de l'Algérie, comme je le soulignais dans des interviews (2016-2019), l'une aux USA, à l'American Herald Tribune, dans plusieurs médias français l'autre et en arabe des pays du Golfe, aurait des répercussions internes, mais également géostratégiques sur toute la région. Ces enjeux sont intimement liés aux nouvelles mutations mondiales actuelles qui devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. Le XXIe siècle sera dominé par l'émergence de réseaux décentralisés, institutionnels, sociaux, culturels et économiques qui remplaceront les relations personnalisées d'Etat à Etat dans le domaine des relations internationales, notamment à travers les réseaux sociaux et les nouvelles technologies (l'intelligence artificielle, donc le primat de la connaissance) qui révolutionnent tout le système économique mondial. Je ne saurai trop insister sur le fait que le développement durable doit avant tout se fonder sur un langage de vérité ni sinistrose ni autosatisfaction, évitant la manipulation des données (comment mentir grâce aux statistiques pour reprendre l'expression du fondateur de la statistique moderne Morgenstern) aboutissant à des politiques incohérentes. Les partenaires étrangers ne doivent plus considérer l'Algérie et plus généralement l'Afrique, Continent à enjeux multiples comme de simples marchés, mais favoriser un partenariat gagnant-gagnant. Cependant, les étrangers ne peuvent faire les réformes structurelles à notre place.
Pr Abderrahmane Mebtoul
Professeur des universités,


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