Les pluies et la neige qui tombent ces jours-ci sur plusieurs régions du pays ont redonné espoir aux agriculteurs et, aussi, aux responsables algériens chargés d'assurer la satisfaction des besoins en eau potable de la population, alors qu'au début du mois dernier, le risque de sécheresse était très fort. La chargée de communication à l'Office national de météorologie (ONM), Houaria Benrekta, avait alors expliqué pourquoi la saison des pluies avait eu du retard en cet hiver et affirmé qu'il était «trop tôt» pour parler d'une période de sécheresse. Elle avait rappelé, dans une déclaration à l'APS, que «le même phénomène météorologique avait été observé durant les trois dernières années 2019, 2020 et 2021, soit un retard de la saison des pluies attendues en décembre et janvier jusqu'aux dix derniers jours du mois de février, et des intempéries en février et mars incluant même des chutes de neige». Selon la même source, le directeur du Centre climatologique national (CCN), Salah Sahabi Abed, avait, pour sa part, fait savoir que «les prévisions pour les trois prochains mois démontrent que les taux de pluviométrie seront dans la normale». Se référant aux études internationales consacrées aux ressources en eau dans la région, les spécialistes rappellent, à chaque occasion, que l'Algérie, pays aride, va encore connaître des périodes de sécheresse. Ils ont suggéré de se libérer de la contrainte imposée par le réchauffement climatique et réduire la dépendance de la pluviométrie pour les ressources en eau. C'est ce qui se fait avec la stratégie de mobilisation des eaux non conventionnelles qui comprend le dessalement de l'eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées. Les eaux non conventionnelles ne dépendent pas des pluies et peuvent contribuer à la sécurité hydrique. L'été dernier, au Conseil des ministres qu'il a présidé dimanche 25 juillet 2021, le Président Abdelmadjid Tebboune a donné comme orientation de lancer, dans les plus brefs délais, à l'Est, l'Ouest et le Centre du pays, la réalisation de cinq grandes stations de dessalement d'eau de mer d'une capacité de production de plus de 300.000 mètres3/jour chacune. Selon l'objectif fixé par le Président Tebboune, le dessalement de l'eau de mer doit fournir 60% de l'alimentation en eau potable, le reste serait partagé, 20 % chacun, par les eaux superficielles (barrages) et les eaux souterraines (nappes phréatiques). Il s'agit de préserver les réserves stratégiques nationales en eau. D'après les responsables du ministère des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, en 2024, ce sont 42% des besoins en eau qui seront couverts par le dessalement et en 2035, on atteindra les 60%. Actuellement, l'alimentation en eau potable de la population est tributaire à 50% des eaux souterraines, à 17% du dessalement de l'eau de mer et 33% des eaux superficielles. Le 13 février 2022, le Président Tebboune a ordonné de travailler, au plus vite, pour fournir toutes les ressources foncières et les conditions appropriées, afin de mener à bien les projets des cinq usines de dessalement d'eau de mer, dont la mise en place avait été programmée lors des précédentes réunions du Conseil des ministres. Il y a quelques jours, le Conseil du Gouvernement a examiné le projet de Décret exécutif portant déclaration d'utilité publique, l'opération relative à la réalisation d'une station de dessalement d'eau de mer, dans la Commune de Djinet, (wilaya de Boumerdès). Une autre question importante a été soulevée par le Président Tebboune lors du Conseil des ministres du 13 février : quelle est la consommation quotidienne réelle d'eau potable ? Il a fait constater que le chiffre indicatif réel actuel pour la capitale est exagéré : 1,250 million de m3 pour 4 millions de citoyens. Comment est-on arrivé à calculer à cette évaluation ? Dans les 1,250 million de m3, il doit y avoir la part du gaspillage (lavage de voitures sur la voie publique, de façades de commerces et de bouts de trottoirs par les commerçants,...) et la part des erreurs de relevés de compteurs (involontaires ou délibérés) et des forfaits qui enregistrent des surconsommations et conduisent à des surfacturations. 1,250 million de mètres cubes pour 4 millions de citoyens, cela signifie que la consommation quotidienne d'eau potable par habitant dans la capitale est de 312,5 litres, ce qui est effectivement très élevé. Le Président Tebboune a ordonné la mise en place d'un nouveau plan de distribution d'eau qui assure un approvisionnement régulier, à partir du mois du Ramadan, et en prévision de la saison estivale. Lakhdar A.