La confusion des chiffres concernant les déchets ménagers et assimilés (DMA) est-elle levée ? La cheffe de département des DMA à l'Agence nationale des déchets (AND), Mme Akila Boudraâ citée par l'APS, a indiqué que la quantité des déchets ménagers et assimilés produits en 2021, a été estimée à 11,1 millions de tonnes, soit une moyenne de 0,68 kg par jour et par habitant. Il s'agit des résultats de la 1ère étude d'évaluation quantitative des DMA en Algérie 2019-2021. L'étude, première du genre en Algérie, a touché un échantillon représentatif de 35.754 logements, 177.972 habitants et 2.262 entités économiques et administratives, réparti sur 10 wilayas du pays (cinq du Nord, trois des Hauts-Plateaux et deux du Sud). Pour ce faire, 102 enquêteurs ont été recrutés pour le travail sur le terrain, outre la mobilisation de 37 superviseurs de l'AND, en vue de la réalisation de cette étude, selon les données présentées lors d'une journée d'information. Lors d'une journée d'information consacrée, jeudi, à la présentation des résultats de cette étude, Mme Akila Boudraâ a rappelé qu'en 2019, les DMA ont été estimés à 12,6 millions de tonnes, soit 0,8 tonnes de déchets produits par jour et par habitant. Les Algériens ont donc jeté moins de déchets en 2021 qu'en 2019. La différence dépasse le million de tonnes de déchets, un recul de l'ordre de 12%. Il y a une économie de 3 millions de m3 dans la durée de vie des tranchées dans les Centres d'enfouissement technique (CET), autrement dit, pourrait-on comprendre, que les CET concernés vont fonctionner plus longtemps. L'explication, selon Mme Boudraâ, est dans l'impact de la pandémie de la Covid 19, durant laquelle les Algériens ont rationalisé leur consommation, d'où la réduction constatée dans la production des déchets. Pour la même responsable, ces chiffres cadrent avec la Stratégie nationale pour la gestion intégrée des déchets (SNGID) à l'horizon 2035, mise en place par le ministère de tutelle et qui recommande de ne pas dépasser la moyenne de 1 kg de déchets par jour et par habitant. Contrairement à l'idée répandue, la part du pain dans les déchets ménagers est négligeable, très en dessous du 1%, d'après les indications données par Mme Boudraâ. Les chiffres repris par l'APS font état de 0,014 kg de déchets de pain par jour et par habitant, c'est-à-dire 14 grammes. Selon la même étude, l'équivalent 912 millions de baguettes de pain sont jetées chaque jour, mais sans préciser par qui : des particuliers, des cantines scolaires, des restaurants, des restaurants universitaires, des hôpitaux ? Les résultats de l'étude ont fait ressortir que la famille la moins nombreuse est celle qui produit le plus de déchets par rapport à la famille nombreuse. Comment expliquer ce paradoxe ? La wilaya d'Oran vient en tête avec le taux le plus élevé de DMA par jour et par habitant alors que la wilaya d'Adrar arrive en fin de classement. Pourquoi ? Il y a matière à des travaux de recherche universitaire très utiles. Sur la valorisation des déchets, les données font état d'un taux de valorisation de 9,83% en 2020, tandis que le ministère de l'Environnement tend à augmenter ce taux à 30%, à l'horizon 2035. A l'occasion de la présentation de l'étude qui coïncide avec le 20e anniversaire de la création de l'AND, la ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables, Samia Moualfi, a mis en avant l'importance de cette étude qui fournit des données et des statistiques exactes, exhaustives et de qualité sur les déchets, pour exploitation par les décideurs, les chercheurs et les investisseurs à tous les niveaux, afin de développer une gestion intégrée et durable des déchets, de garantir une transition vers l'économie circulaire, créatrice de richesses et d'emplois, d'encourager le tri sélectif et le tri à la source, et d'ouvrir des perspectives pour l'économie verte». «Il est devenu nécessaire de réfléchir à la réalisation des études sur le terrain en vue de permettre un diagnostic de l'état actuel du domaine de gestion des déchets ménagers et assimilés en Algérie, et de mettre en place des plans et des stratégies bien élaborées pour lever progressivement toutes les contraintes en la matière», a-t-elle souligné. Pour Bouzidi Belkacem, représentant du ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du Territoire, l'évaluation quantitative constitue un «jalon essentiel» pour l'amélioration du service public de la gestion des déchets ménagers et assimilés.