Dans le processus d'édification de l'économie algérienne après le recouvrement de l'indépendance nationale, la date du 6 mai 1966, qui correspond à la nationalisation des mines, a la même signification que celle du 24 février 1971, nationalisation des hydrocarbures. « L'industrialisation de l'Algérie est une vaste entreprise dans laquelle nous nous sommes déjà engagés, mais qui représente une tâche immense et requiert d'importants moyens. La mise en place de complexes industriels a fait l'objet d'études appropriées et leur exécution est déjà amorcée. Mais l'effort d'industrialisation doit s'appuyer en tout premier lieu sur l'exploitation de nos matières premières, et en particulier des ressources minières. Les richesses du sous-sol, qui constituent l'élément de base de tout développement économique, sont encore contrôlées quatre années après notre indépendance par des sociétés étrangères, par des monopoles qui fixent à leur gré les volumes de production et les prix. » C'est ainsi qu'est motivée la nationalisation des mines dans l'Ordonnance du 6 mai 1966, signée par le Président Houari Boumédienne. « L'exploitation de ces mines par des compagnies étrangères place le Gouvernement dans une situation inacceptable puisque, dans le cas de l'aciérie d'Annaba par exemple, elle le contraint à négocier avec des sociétés étrangères pour s'approvisionner en minerai de fer algérien. C'est là une contradiction anachronique et incompatible avec notre souveraineté et notre option socialiste », expliquait-on dans le contexte de l'époque. Cette date historique – 6 mai 1966 – a été célébrée hier en Algérie, sur fond d'un ambitieux programme de relance du secteur à travers le lancement de grands projets structurants dans l'objectif de contribuer de manière substantielle à la diversification de l'économie nationale. La nationalisation, annoncée par l'ancien chef de l'Etat, le défunt Houari Boumediene, concernait onze principales sociétés minières, totalement récupérées et placées sous la tutelle du Bureau algérien de recherches et d'exploitations minières (Barem), qui venait d'être créé. Il s'agissait notamment de la nationalisation des sociétés qui exploitaient, entres autres, les mines de fer et de cuivre d'Ouenza-Bou-Khadra (Tébessa), d'exploitation de fer d'El Halia (Meliana), de zinc et de plomb à Sidi Kamber (Constantine), de plomb et de zinc de l'Ouarsenis, de zinc à Ain Arko (Guelma), de celle d'Aïn-Barbar (Annaba) et des sociétés des mines et carrières de Rivet El Maden à Meftah (Blida), ainsi que les mines de Hammam n'Bails de l'Ouarsenis. Cette nationalisation avait été suivie par la création de la Société nationale de recherches et d'exploitations minières (Sonarem), en mai 1967, permettant au pays de lancer une multitude de projets, à l'instar du gisement mercurial d'Ismailia, des carrières de calcaires, de mines de plomb et zinc, ainsi que le développement de la production des mines de fer de Ouenza et de Boukhadra, et de celles du phosphate du complexe minier de Djebel Onk. A l'époque, dans les années 1960 et 1970, seules comptaient la valorisation des matières premières locales et la réalisation du plein emploi. Personne ne pensait à s'en mettre plein les poches. Par la suite, le tournant libéral imposé à l'Algérie après le décès du Président Boumediene, a mis en veilleuse ce secteur durant les années 1980 et 1990. Sous prétexte de restructuration de la Sonarem, l'instrument de développement des opérations minières a été cassé. Durant ces décennies, le secteur est resté sous exploité en dépit de l'énorme potentiel minier du pays. Récemment, les hautes autorités du pays, sous les orientations du Président Abdelmadjid Tebboune, ont décidé de placer le secteur des mines parmi les domaines prioritaires et au cœur de la stratégie de diversification de l'économie nationale. A cet effet, un plan d'action sur la période 2020-2024 a été mis en place visant à redynamiser le secteur et lui permettre une meilleure contribution à la croissance de l'économie nationale. Le Gouvernement a ainsi procédé au lancement de grands projets structurants à l'instar du projet d'exploitation de la mine de fer de Gara Djebilet (Tindouf), concrétisé en juillet 2022, du projet d'exploitation du plomb et du zinc de Oued Amizour (Béjaïa), un projet à caractère stratégique pour le pays, ainsi que le projet du phosphate de Bled El-Hadba (Tébessa) avec une production annuelle prévisionnelle de plus de 6 millions de tonnes de produits phosphatés.