Malgré la succession de chocs économiques à l'international depuis 2020, l'Algérie a réussi à surmonter une conjoncture économique et financière difficile grâce à la mise en œuvre d'un programme de réforme globale et la prise de mesures audacieuses en faveur du pouvoir d'achat des Algériens et des entreprises éprouvées par une telle situation. Le résultat : amélioration de la situation macro-économique et macro-financière globale du pays. C'est ce que confirme le dernier rapport de la Banque d'Algérie (BA) publié lundi dernier, concernant la reprise économique de l'Algérie juste après la fin de la pandémie du Covid-19. «Après avoir fait preuve d'une grande résilience face aux vagues du Covid-19 et à leurs conséquences, l'économie algérienne enregistre pour l'année 2022 de bons résultats», souligne la BA, affirmant que «la situation macro-économique globale de l'Algérie demeure solide, affichant une amélioration globale de tous les indicateurs macro-financiers». Mis à part l'inflation importée, la santé financière du pays reste solide, malgré les perturbations géo-politiques mondiales persistantes depuis le début de 2022. La crise énergétique européenne aggravée par la guerre en Ukraine s'est traduite par la hausse des prix des hydrocarbures (pétrole et gaz), profitant à l'économie nationale fortement dépendante des revenus et exportations d'hydrocarbures, mais aussi des exportations hors-hydrocarbures en plein essor depuis 2022. «La reprise économique du pays en 2022 a été tirée par le secteur hors-hydrocarbures en 2021, alors que celle de 2022 provient essentiellement de la croissance des secteurs hors-hydrocarbures», a noté le rapport de la BA, confirmant l'évolution de l'activité hors-hydrocarbures. Selon ce document «la croissance du PIB en volume hors hydrocarbures est passée de 2,3% en 2021 à 4,3% en 2022, alors que celle des hydrocarbures a reculé de 0,6% en 2022 après une forte croissance de 10,5% une année auparavant». L'inflation en moyenne annuelle a atteint 9,70% La hausse des exportations hors-hydrocarbures a contribué en 2022 au renforcement de la balance commerciale du pays et à l'augmentation des réserves de change, en contexte «de très faible endettement extérieur», a précisé le rapport, qui pointe, toutefois, «la persistance des tensions inflationnistes, notamment d'origine importée, qui reste un défi majeur à court et moyen termes». L'inflation galopante a éprouvé les ménages modestes, mais aussi les entreprises. «L'inflation en moyenne annuelle a atteint 9,70%», a relevé la BA, expliquant la persistance de l'inflation par l'augmentation des prix des biens alimentaires de «13,4% suite à la hausse des cours mondiaux des produits de base dont les produits alimentaires», précisant, que «la hausse des prix à la consommation des biens à fort contenu d'import s'est poursuivie enregistrant un taux d'inflation en moyenne annuelle de 15,55% en 2022 contre 6,56% en 2021». Quant à l'inflation sous-jacente, «mesurée par l'indice hors produits agricoles frais et produits à prix réglementés, s'est établie à 8,93% en 2022 contre 6,07% l'année précédente. Un taux inférieur à l'inflation globale (9,27%) dénotant, toutefois, de la persistance de la forte contribution des produits agricoles frais à l'inflation globale», ajoute le même rapport. Pour contrer cette inflation, d'importantes mesures ont été mises en place par le Gouvernement et soutenues par la Banque centrale, ce qui a permis de «réduire, sur le court terme, une partie de l'inflation importée dont la contribution à l'inflation globale a été de plus de 70% en 2021 et de 61,7% en 2022». Balance des paiements excédentaire, 18,47 milliards de dollars Certes, le fardeau de l'inflation a pesé lourd sur la société et l'économie, mais cela n'a pas trop affecté la santé financière du pays, selon la BA, assurant que «la position extérieure globale reste solide avec l'augmentation du niveau des réserves de change, qui sont passées de 45,30 milliards de dollars à fin 2021 à 60,99 milliards de dollars à fin 2022 en contexte de faible dette extérieure». Le commerce extérieur a enregistré des résultats positifs : la balance des paiements excédentaire en 2022, évaluée à «8,47 milliards de dollars contre un déficit de 1,48 milliard de dollars une année auparavant», le solde de la balance courante et de capital a enregistré un excédent de 19,30 milliards de dollars en 2022». Quant à «la balance commerciale elle a enregistré un excédent de 26,77 milliards de dollars en 2022 contre 1,23 milliard de dollars en 2021, soit une progression de 25,54 milliards de dollars, en contexte de hausse des prix du pétrole et du gaz combinée à l'augmentation historique des exportations hors- hydrocarbures, qui se sont établies à 6 milliards de dollars à fin 2022, soit une hausse de 30,57% par rapport à 2021», rapporte la BA, ce qui a permis de couvrir le déficit budgétaire. Ce dernier «s'est réduit de manière notable, passant de 838,55 milliards de DA en 2021 (soit 3,8% du PIB) à 192,68 milliards de DA en 2022 (soit 0,7% du PIB)». Le rapport a noté que «le total des recettes budgétaires s'est établi à 9.467,3 milliards de DA à fin 2022, tandis que les dépenses budgétaires en hausse de 29,9% en 2022 pour atteindre 9 660 milliards de DA contre 7.428,7 milliards de DA en 2021».