Selon le Commissariat aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique (CEREFE), en 2022, la consommation des ménages, des tertiaires (bâtiments administratifs, hôpitaux, hôtels et écoles) et du secteur agricole a représenté 66% de la consommation nationale de gaz naturel, le secteur de l'industrie représentant, pour sa part, 33%. Plus précisément puisque selon les données du ministère de l'Energie reprises, la moyenne des exportations de pétrole algérien durant le premier trimestre 2024 s'élevait à 430.970 barils, sur une moyenne de 909.700 barils jour, nous avons 47,41%, à l'exportation et 52,59%, pour la consommation intérieure et pour le gaz naturel sur plus de 110/120 milliards de mètres cubes gazeux de production annuelle ( devant injecter environ 20/25% dans les puits pur éviter leur épuisement), plus de 50% à la consommation intérieure. 2.-Qu'en est -il de la proposition d'achat de Naturgy espagnol par le groupe Emirati,TAQA et les relations Algérie -Espagne dans le domaine énergétique ? Le groupe énergétique émirati,TAQA a confirmé qu'il était en pourparlers avec les principaux actionnaires de Naturgy pour acheter plus de 40% des actions de la société espagnole, étudiant une offre publique d'achat sur 100% de Naturgy, les Emirats étant déjà présents dans le secteur énergétique espagnol, où leur fonds d'investissement souverain Mubadala Investment Company contrôlant 63% de la compagnie pétrolière Cepsa. Et depuis 2020, Mubadala détient également une participation de 3,1% dans Enagás, la société de transport de gaz naturel et gestionnaire technique du système gazier espagnol, ce qui en fait le cinquième actionnaire. Sonatrach est présente avec 3,85% des actions, les autres actionnaires étant notamment le holding espagnol Criteria Caixa (27%), le fonds australien IFM (15%), le fonds britannique CVC (20,7%) et le fonds américain GIP (20,6%). Ces discussions pourraient éventuellement mener à une offre publique d'achat totale du groupe énergétique espagnol, dont le groupe Sonatrach détient 4,1% des parts. Les négociations portent sur la cession des parts de Criteria, qui possède 26,7% de Naturgy, ainsi que de trois fonds d'investissement étrangers, notamment fonds mondial de capital-investissement (CVC) qui détient 20,7%, le fonds d'investissement Global Infrastructure Partners « GIP » (20,6%) et le fonds d'investissement australien IFM Global Infrastructure (15%). Et selon le journal espagnol La Vanguardia, TAQA cette transaction serait évalué à plus de 10 milliards d'euros pour acquérir cette part de Naturgy. Mais la réglementation espagnole exige une offre publique d'achat lorsqu'un acheteur souhaite acquérir plus de 30% d'une société cotée en bourse, TAQA devant obtenir l'approbation du gouvernement espagnol, étant donné l'importance de Naturgy dans le système énergétique du pays. qui est la plus grande entreprise gazière d'Espagne, présente également dans les énergies renouvelables, avec une capacité installée d'environ 6,5 GW. et qui a des contrats gaziers avec l'Algérie mais également russe pour le GNL C'est que Naturgy possède également 49% du gazoduc Medgaz, long de 210 km reliant la ville de Beni-Saf à Almeria (sud de l'Espagne, son principal fournisseur de gaz .Sonatrach étant actionnaire majoritaire du gazoduc avec 51% des parts depuis mai 2020, suite à l'acquisition des parts de l'autre entreprise espagnole Cepsa, dont la capacité de transport du gazoduc a été portée à 10 milliards de mètres cubes par an, contre 8 milliards précédemment, cette extension a représenté un coût de 81,76 millions d'euros ayant enregistré un chiffre d'affaires de 295,761 millions d'euros en 2022, une augmentation de plus de 19 % par rapport à l'année 2021, avec un résultat d'exploitation de 211,997 millions d'euros et un bénéfice de 135,937 millions d'euros en 2022, marquant une augmentation de 28,3 % de ses profits par rapport à 2021. En 2023, l'Algérie est en tête des fournisseurs de gaz à l'Espagne ayant fourni 29,2% des quantités de gaz importées par l'Espagne et depuis le début de l'année (janvier à février 2024), l'Algérie ayant fourni 33,1% du total des besoins espagnols en gaz naturel, suivie par les Etats-Unis (24,5%) et la Russie (23,1 %).et fin mars 2024, couvrant 42% des importations totales de l'Espagne, devant la Russie (25,7%) et les Etats-Unis (18,2%) suit avec une extrême attention, la balle étant dans le camps du gouvernement espagnol, se pose cette question si cette éventuelle cession d'actions est une opération purement commerciale ou si elle sous entend des visées géostratégiques de la part des Emiraties à l'encontre de l'Algérie, cette offre publique d'achat envisagée par le groupe émirati TAQA, contrôlé par le gouvernement d'Abou Dhabi, sur la société Naturgy préoccupant donc aussi bien les gouvernants espagnols qu'algériens. Selon El périodico, les ministres de l'Economie du PSOE se disent vigilants pour défendre les intérêts stratégiques de l'Espagne, tandis que la coalition politique espagnole Sumar a exigé que l'Etat empêche cette OPA en entrant dans Naturgy avec des capitaux publics, à travers la Société de participation de l'Etat industriel (SEPI). En effet, le gouvernement espagnol disposerait de leviers qui incluent l'entrée au capital des entreprises, mais aussi la recherche d'investisseurs partageant les mêmes idées ou de mini-fonds souverain pour les investissements étrangers. Le média indique que «la nouvelle politique industrielle du gouvernement espagnole s'inscrit dans le cadre européen de l'autonomie stratégique ouverte, avec certaines doses de protectionnisme et d'intervention, le concept d'autonomie stratégique ouverte de l'UE ayant pour objectif de renforcer et de sécuriser les capacités de production internes de l'UE, notamment dans les secteurs considérés comme critiques. En conclusion, d'une manière générale concernant l'économie algérienne, pour 2023 , le taux d'inflation a dépassé les 9%, le taux de chômage avec la forte pression démographique ( 47 millions d'habitants au 01 janvier 2024) avoisinant les 14% touchant paradoxalement les diplômés, le taux de croissance pour 2023 a été de 4,2% avec une prévision de 3,8%, en 2024 et 3,1% en 2025 soutenue en partie par d'importantes dépenses budgétaires et pour le FMI se basant sur un taux de croissance moyen de 3⁄4 % par an l'Algérie aurait un PIB à prix courant de 270 milliards de dollars en 2024, 326 en 2026, 370 en 2028 contre 243 milliards de dollars en 2023, (la BM donne 227 milliards de dollars) car pour créer 350.000/400.000 emplois par an qui s'ajoute au taux de chômage, il faudrait avoir un taux de croissance de 8/9% par an sur plusieurs années. Ces projections selon le FMI ne sont réalisables que sous réserve de profondes réformes structurelles, une rationalisation des choix budgétaires, une lutte contre la corruption et un accroissement des recettes d'hydrocarbures durant cette période qui devront être affectées aux secteurs productifs.( interview du Pr A. Mebtoul- donnée au quotidien international espagnol, un des plus grand quotidien au niveau mondial El Pais sur ce sujet 02 mai 2024) Le 27 avril 2024 sur les conclusions des Réunions de printemps 2024 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, a affirmé que les réserves de change ont clôturé au 31/12/2023 à 69 milliards de dollars contre 61 en 2022, les exportations en hydrocarbures ayant reculé à 49 milliards USD en 2023, contre 56 milliards USD en 2022 et que selon l'ONS, pour 2023 les exportations ont été de 55,27 milliards de dollars pour un cours moyen de 134 dinars un dollar contre 68,70 milliards de dollars en 2022 soit une baisse d'environ 13,43 milliards de dollars et les importations en 2023 ont été de 43,24 milliards de dollars contre 41,34 milliards de dollars en 2022. Cette désagrégation de l'indice de valeurs unitaires est due à une diminution des prix des hydrocarbures de 21,7% mais également à la baisse du volume et les prix des « exportations des produits hors hydrocarbures. Pour le cas de la proposition d'achat de la société espagnole Naturgy par le groupe Emirati TAQA, étant à l'ère de la mondialisation avec d'importantes transactions boursières au niveau mondial où les échanges sur les marchés actions se sont élevées en 2023 à plus de 100.000 milliards de dollars, presque l'équivalent du PIB mondial, certains gouvernants préconisant une taxe mondiale sur les transactions financières qui pourrait rapporter plus de 400 milliards de dollars US par an, la cession d'actions est une pratique normale conforme au droit international régissant l'économie mondiale. Cependant parfois des clauses précises sont prévues dans les contrats lors de la cession des actions devant éviter toute violation de ces accords qui pourraient entraîner un long un arbitrage international, comme la minorité de blocage et le droit de préemption qui est l'avantage qui est donné à quelqu'un, soit par la loi soit par une disposition contractuelle de pouvoir se substituer à l'acquéreur d'un droit ou d'un bien pour en faire l'acquisition à sa place et dans les mêmes conditions que ce dernier. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités Expert international